13 novembre 2014, 21:54

TREPALIUM : Harun & Nicolas

Du marais poitevin au bayou louisianais...

Difficile de passer à côté de TREPALIUM depuis la sortie de son EP « Voodoo Moonshine », unanimement salué comme une perle de « jazz-metal ». Entretien avec Harun et Nico, les deux guitaristes de la formation à l’occasion de leur date à Paris le 18 octobre au Divan du monde.
 

Vous commencez tout juste la tournée « Voodoo Moonshine », comment ça se passe pour le moment ? J’ai vu que votre tournée comprenait aussi des dates à l'étranger...
Harun : C’est ça. On a commencé la tournée il y a un peu plus d’une semaine, dans notre coin à Poitiers le 1er octobre et ça s’est très bien passé. On commence petit à petit à trouver des dates pour jouer à l’étranger.
Nico : On va jouer en Belgique la semaine prochaine et en Espagne pour terminer !

D’ailleurs vous aviez déjà fait une tournée européenne…
Harun : En 2012 on avait fait la première partie de GOJIRA avec KLONE. C’est une tournée qui est venue juste après la tournée Klonosphère. C’était un peu éprouvant, mais on en garde de très bons souvenirs. On a joué devant le public de GOJIRA, donc 30 / 40 000 personnes en un mois : il y a de quoi être content ! Grâce à cette tournée, on a eu l’occasion pour la première fois d’aller jouer en Scandinavie, Angleterre, Ecosse, Danemark, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg… Là on va essayer de remettre le couvert mais sans eux ! On commence à trouver nos marques : on sait avec qui travailler, comment faire … On s’entoure des bonnes personnes pour pouvoir jouer à l’étranger.

Avec cette tournée vous jouez donc le nouvel EP « Voodoo Moonshine » sur scène pour la première fois, qu’est ce que ça donne ?
Harun : On a vite pris nos marques mine de rien !
Nico : Ce sont des morceaux très agréables à jouer avec des petits accords de jazz … Du coup il y a aussi d’autres techniques de travail : le batteur joue avec le click pour pouvoir caler les samples de cuivres. C’est la première fois qu’on joue avec ça, ça nous change un peu.

Vous avez sorti « Voodoo Moonshine » il y a un peu plus d’une semaine et le moins que l'on puisse dire c’est qu’il est très bien accueilli… je n’ai pas dû lire une seule chronique négative !
Harun : Oui ! On est album du mois du Coreandco, on aurait pu l’être sur Rock Hard Mag : on a une meilleure note que l’album du mois, mais ce n’est qu’un EP. On est aussi coup de cœur de la semaine sur l’Enôrme TV … C’est vrai qu’on a eu un superbe accueil pour l’instant et ce n’est que le début ! « Voodoo Moonshine » a une forte personnalité, la production est très bonne et pour une fois, on n’a pas eu un temps d’adaptation trop long : dès la première date on a attaqué à 100% et on s’est sentis vraiment bien. Cet EP nous correspond parfaitement que ce soit en termes de jouabilité ou esthétiquement parlant.
Nico : On a tout le décor qui va avec : des poupées vaudous, des lumières, un peu de vidéo … on n’avait jamais eu ça avant.
Harun : En bref, on propose un vrai spectacle et on se fait plaisir !

Est-ce que ça n’a pas été trop dur de sortir de la trilogie autour du personnage de XIII («Alchemik Clockwork Of Disorder» - 2006, «XIII» - 2009 et « H.N.P » - 2012) ?
Harun : Non c’était plus un soulagement. Là il y avait quelque chose de nouveau à aborder, c’était encore plus motivant finalement.

Qu’est ce qui vous a donné envie d’aller voir du côté du Bayou ?
Harun : En fait le TREPALIUM que tu entends dans « Voodoo Moonshine » ne demandait qu’à sortir depuis longtemps. On reconnait la musique, on sait que c’est du TREPALIUM.  C’est juste qu’on a poussé le délire à fond. On en a parlé entre nous durant les répétition, et les idées se sont toutes rejointes : on est tombé d’accord sur le fait qu’il y avait un délire vaudou sur cette musique groove…
Nico : … un peu swing des années 30 ! On a voulu relier ces deux mondes en quelques sortes.
Harun : Oui c’est ça ! Et ça ne demandait qu’à sortir : ça ne pouvait pas être autre chose.
 


 

"Il y avait quelque chose de nouveau à aborder, c’était encore plus motivant finalement." - Harun Demiraslan


Quand on voit les photos promo, notamment KK (Cédric Punda, le chanteur) avec le chapeau haut de forme, la canne, le maquillage de crâne, ça fait clairement penser au Baron Samedi …
Harun : Complètement ! C’est vraiment le délire. KK avait déjà une petite idée là-dessus. Notre ingé son, qui est très impliqué dans le groupe, notamment au niveau production et avec qui on discute beaucoup du côté artistique du groupe, avait aussi évoqué le côté vaudou en nous disant que ce serait bien de partir là-dessus, que ça nous ressemblerait.
Nico : Le côté jazz très groovy, le côté mystique, les passages un peu sombres : tout collait.

Votre dernier album « H.N.P. » était d’ailleurs beaucoup plus sombre, et sur l’EP, à part « Fire On Skin » qui a un côté inquiétant, les autres titres ont un côté vraiment swing/groove…
Harun : Ce n’est pas pour autant moins agressif … il y a un côté presque ironique, cynique en fait ! « H.N.P. » on en avait parlé entre nous, et ce qui s’est passé, c’est qu’on a eu besoin à un moment donné de partir de ce délire et de faire un truc vraiment metal à l’ancienne. J’ai vu dans certaines chroniques des choses comme « TREPALIUM revient à ses premiers amours, le côté groovy etc », mais avant ça, on était un groupe de death metal et le premier album (« Through The Absurd » 2004) était plutôt dans le délire de « H.N.P. ». « H.N.P. » c’est donc ça, mais avec de l’expérience et un savoir faire au niveau de la composition, du son, des arrangements. C’est l’album qu’on aurait dû faire en premier dans l’ordre des choses. Et ensuite on aurait du faire « Voodoo Moonshine ».

Côté composition ça se passe comment ?
Harun : Généralement j’amène le plus gros des idées. Après on se retrouve en répétitions : Nico va trouver quelques riffs, pareil pour Sylvain notre batteur. KK lui bosse à part les textes et on en parle entre nous : il vient assister à une répétition de temps en temps pour voir comment ça évolue. Pour cet album, on a procédé différemment : j’ai tout maquetté chez moi sur le PC. J’ai demandé à notre ingé son de m’installer un logiciel son et de m’expliquer comment ça fonctionnait, puis j’ai passé 3 semaines enfermé chez moi à tout maquetter et je leur ai envoyé par mail. Ça a plu à tout le monde, du coup il n’y avait plus qu’à attaquer. KK avait les fichiers, donc il avait déjà la couleur de ce que ça allait être et ça a avancé très vite. On se disait « Tiens c’est dansant, c’est vaudou. C’est pile ce que j’avais en tête » …nickel quoi ! On ne s’est même pas posé de questions ça s’est fait naturellement avec juste une maquette en plus !

Et dans les thèmes abordés ? Si j’ai eu le temps de bien écouter, je ne me suis pas penchée sur les paroles.
Harun : En fait ça parle d’une nuit d’ivresse qui débouche sur une cérémonie vaudou. C’est un peu abstrait, mais chaque titre de l’EP tourne autour de cette idée : l’ivresse et la décadence, à travers une cérémonie vaudou. Dans la culture vaudou, il y a tout un délire autour de l’alcool : les gens vont se mettre ensemble lors de cérémonies, et se mettre à boire jusqu’à en perdre la tête, entrer en transe. Ou ils en prennent un au hasard, le font entrer en transe et invoquent leurs dieux. KK en parlerait beaucoup mieux que nous, puisque c’est lui qui a creusé le sujet. Il y a donc ce côté mystique qui passe par les textes de KK en plus de la musique.
 


 

J’ai beaucoup aimé l’artwork de « Voodoo Moonshine » également. Comment vous est venue l’idée ?
Nico : C’est l’artiste qui avait déjà réalisé l’artwork de « H.N.P » Hicham Haddaji. Au début on voulait partir sur l’idée d’une photo dans le style « vieille photo de Louisiane années 30 », mais on n’a pas réussi à avoir ce qu’on voulait. Cet artwork était une pochette qui avait été faite dès le début et qu’on avait mise en attente. On l’a retravaillée quand on a décidé de la retenir.
Harun : On avait demandé à plusieurs photographes de bosser sur cette idée, mais rien ne nous parlait vraiment dans ce qui a été proposé. Du coup on s’est concerté et on s’est dit qu’on allait rappeler Hicham pour bosser avec lui. Pour nous il n’y a pas de méthodes à ce niveau là. Autant dans la musique elle-même on remarque qu’on a des méthodes de travail : un tel aime bien s’occuper de ça, un autre a des idées pertinentes sur tel truc parce que c’est plus son domaine … Pour la batterie par exemple, pour « Voodoo Moonshine » j’ai proposé plusieurs breaks à Sylvain : il en a gardé certains qu’il aimait beaucoup et pour d’autres en revanche, il n’était pas d’accord : il a donc fait comme il le sentait. On se fait confiance et on a des automatismes qui se sont instaurés depuis longtemps. Pour ce qui est du visuel, à part exprimer le sujet à la personne qui travaille dessus … on a plus de mal : on n’est pas graphistes ! Du coup on ne s’impose pas de méthode : par exemple si quelqu’un voit une image sur internet on peut se focaliser dessus si elle correspond bien. On essaye plutôt de rebondir sur tout ce qu’on peut. Ici, on a voulu partir sur une photo mais comme rien ne nous a inspiré on a revu nos plans. Hicham devait faire le layout et on lui a renvoyé un mail pour savoir ce qu’il en pensait.
Nico : Le temps commençait à bien presser et il fallait se décider ! On s’y prend toujours un peu tard et ce n’est pas évident ! On avait le temps en soit, mais il y a tellement de choses à gérer pour un album qu’il y a forcément des retards !

Toujours dans le visuel : vous avez toujours de bons clips, très travaillés ...
Harun : Oui… c’est vrai que maintenant que tu le dis, que ce soit celui de « Sick Boogie Murder » ou même celui de « H.N.P » ou le dernier « Moonshine Limbo », à chaque fois on a eu la chance de tomber avec des gars qui ont essayé de faire des trucs très travaillés, qui vont bien dans le détail, avec une vraie idée derrière. Il y en a bien sûr qui sont plus ou moins réussis, mais c’est vrai qu’on est très contents du dernier ! C’est Benjamin Cappelletti qui l’a fait. Il travaille pour plusieurs groupes. Il a fait les clips pour MAGOA par exemple … Il nous a envoyé la storyboard pour nous présenter les grandes lignes. A partir de là, on a discuté par mail, téléphone. On lui a dit qu’on pouvait probablement récupérer une vielle voiture par un ami d’un ami, pour mettre dans l’intro, faire un peu lascars pour l’arrivée …
 


 

 "On assume le fait de ne quasiment pas jouer certaines parties en concert pour laisser les samples le faire." - Nicolas Amossé


Dans le cadre de compos comme celles de « Voodoo moonshine », avez-vous déjà eu l’idée de faire venir des cuivres sur scène ?
Nico : On l’a déjà fait avec Matthieu Metzger qui est déjà venu sur « Sick Boogie Murder » avec son saxo. On a souvent joué avec KLONE et comme il fait partie du groupe c’était plus facile. Après c’est compliqué de faire venir 4-5 cuivres d’un coup. Ils ont tous des boulots à côté et ne sont pas souvent là.
Harun : C’est 4-5 musiciens en plus, donc il faut du budget. Il faut aussi la scène adéquate et faire attention au spectre sonore ! Du TREPALIUM c’est assez compliqué à sonoriser en live, il faudrait que l’on fasse des résidences, que l’on prépare vraiment ça pour pouvoir bosser avec eux en live. On s’est rabattu sur l’option qui était de travailler sur click pour les morceaux qui le nécessitaient. Pour « Voodoo Moonshine », quand j’ai commencé à composer les morceaux, je ne voulais pas que l’on soit dépendant de samples. Les morceaux devaient pouvoir sonner d’eux mêmes. Toutes les lignes mélodiques étaient quasiment dans les guitares, dans la basse.
Nico : On a même enlevé des parties guitares pour que les cuivres les fassent à notre place. On assume le fait de ne quasiment pas jouer certaines parties en concert pour laisser les samples le faire. Mais si jamais on avait un souci avec ça, ce sont des parties guitares que l’on peut jouer.
Harun : Du coup ça fonctionne en live avec ou sans samples : les samples c’est la cerise sur le gâteau. Les gens sont contents d’entendre des cuivres qui arrivent de nulle part par-dessus du TREPALIUM, c’est ce qu’ils attendaient et ce qu’on voulait faire depuis longtemps.

Et quels sont vos projets maintenant ?
Harun : Là on est en train de chercher un label pour l’étranger. On continue à bosser avec Guillaume Bernard et la Klonosphère pour la France via une distribution Season Of Mist, et pour l’étranger on essaye de trouver une petite licence qui va nous permettre de nous faire connaître à l’étranger. On est en train de plancher sur des idées pour un deuxième clip avec notre ingé son. Il se propose de nous faire un clip alors on lui fait confiance !  C’est quelqu’un de multi-facettes qui sait tenir une caméra et qui a fait le clip de KLONE « Give up the Rest ». Il a la technique pour, et là il vient de nous proposer une petite storyboard, l’ébauche d’un scénario sur un des morceaux, mais on en dit pas plus ! On n’est pas encore sûr de le faire, mais on se motive ! Ce serait bien d’en sortir un pour début 2015.
Nico : Là du coup on a passé un appel sur facebook : on cherche une fille pour jouer le rôle d’une fille de joie. Ça tombe bien vu le quartier (Pigalle) on va aller caster après le concert ! (rires)
Harun : Ah comme ça c'est parfait on va se faire une belle réputation pour le groupe "TREPALIUM caste ses figurantes à Pigalle !". Mais plus sérieusement, on cherche vraiment quelqu'un pour ce rôle. Sinon on attend que notre tourneur nous propose d’autres dates : on en aura certainement le double voire le triple d’ici l’été prochain et les festivals ! Peut être un tour support on verra.


Tournée VOODOO MOONSHINE :
15/11 ISTRES - L'Usine
22/11 ROISSY EN BRIE - Pub ADK
29/11 JARNY - Salle du Vieux Colombier
05/12 NANTES - Le Ferailleur
06/12 BORDEAUX - Le Bootleg
12/12 NIORT - Le Camji
13/12 PERPIGNAN - Le Crockmore
19/12 BARCELONA (SP) - Rocksound
20/12 MADRID (SP) - Caracol

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