24 octobre 2014, 11:20

SAINT VITUS + ORANGE GOBLIN @ Paris (La Flèche d'Or)

24 OCTOBRE 2014

La légende du doom SAINT VITUS fête ses 35 ans d’existence à travers une tournée européenne qui fait escale notamment à Paris le 24 octobre. 35 ans ça se fête et histoire d’être à la hauteur de l’évènement, le combo californien a invité sur toute la tournée un ORANGE GOBLIN de plus en plus populaire.

Commençons par une réjouissance, s’il y a une dizaine d’années (voir moins !) telle affiche aurait seulement rameuté les connaisseurs les plus acharnés du genre (soit pas grand monde), force est de constater que le doom, le stoner et le sludge sont aujourd’hui des styles devenus relativement hype, et c’est ainsi dans une Flèche d’Or bien blindée et presque trop petite, que les 2 formations se produisent en compagnie d’un public renouvelé à en juger du bon nombre de 15-25 ans présents dans la salle du 20ème arrondissement. Il y a même des filles, à un concert de SAINT VITUS, rendez-vous compte ! On imagine que certains puristes doivent aujourd’hui grincer des dents, mais pour notre part, on se félicite de cette reconnaissance et de cette ouverture à un public plus large.

ORANGE GOBLIN ne fait pas figure ici de simple première partie et se produit d’ailleurs en co-headlining. Il n’est donc pas étonnant de constater que le public attend la bande de Ben Ward de pied ferme, et le chanteur à l’allure d’ogre ne tarde pas à s’en réjouir : « Paris, à chaque fois que nous venons, c’est de mieux en mieux ! ».
Les fans sont à fond et ORANGE GOBLIN leur offre un set bien équilibré faisant la part belle à ses 3 derniers albums en date, soit à son répertoire le plus direct, costaud et efficace ! Pour autant, les fans de la première heure en ont pour leur argent avec quelques pépites extraites des 3 premiers opus des britanniques comme en attestent la présence de « Scorpionica » ou bien encore « Saruman’s Wish » en début de set.
Sur scène ça joue bien, sous l’impulsion de ce guitariste sous-estimé qu’est Joe Hoare, aussi à l’aise pour dégainer des riffs massue que des parties plus bluesy. Ben Ward a du charisme à revendre et fédère ses troupes sans mal ! Les titres du nouvel album « Back From The Abyss » (2014) passent à merveille le test de la scène avec en tête les jams puissantes que sont « Heavy Lies The Crown » et « Into The Arms Of Morpheus » (dédié à SAINT VITUS ainsi qu’au public) et un « The Devil’s Whip » qui aurait pu être écrit par MOTÖRHEAD ! « Cities Of Frost », « They Come Back (Harvest Of Skulls) », « The Fog » et le final sur « Red Tide Rising » sont autant d’autres preuves pour saluer cette prestation d’un ORANGE GOBLIN acclamé et qui aura su faire le taf en balançant avec brio son stoner gras et épais façon bucheron !


SAINT VITUS a beau jouir du statut de groupe culte et légendaire, pas si facile de passer après çà, surtout lorsque l’on remarque que l’ensemble de la salle était également venu voir ORANGE GOBLINSAINT VITUS a une toute autre approche, beaucoup moins rentre dedans et catchy, et son doom neurasthénique tendance lo-fi (bien que beaucoup plus dynamique depuis l’arrivée en 2009 du cogneur Henry Vasquez) pourrait facilement apparaitre mou et soporifique après le set de leurs compères. Le guitariste Dave Chandler, qui ne manque jamais d’humour et qui sait attirer l’attention, ne manque d’ailleurs pas de lâcher une première blague avant de jouer la moindre note de musique : « j’espère que vous êtes prêt à dormir comme vous n’avez jamais dormi ! ». Et pourtant ce début de set est convaincant avec d’entrée de jeu les 2 premiers titres de l’album « V » (1990) que sont « Living Backwards » et le bien nommé « I Bleed Black » pendant lequel Chandler commence son numéro de mimique terrifiante.

Wino est en voix, comme toujours, et semble toujours aussi concerné par son sujet, même s’il ne sera jamais vraiment un bon orateur (à part nous dire qu’il n’aime pas les mecs en costume-cravate, que Paris est une belle ville et qu’il apprécie le vin, la bière belge et le whisky, pas grand-chose à signaler). Mais peu importe, car Dave Chandler est là pour faire le boute en train à ses côtés. On a beau célébrer 35 ans de carrière ce soir, SAINT VITUS nous rappelle aussi au bon souvenir de son très bon dernier album en date, « Lillie : F-65 » (2012) avec « Blessed Night » et « Let Them Fall ». Mais l’intérêt principal de la tournée réside bien sûr dans l’interprétation intégrale du classique de SAINT VITUS, un album rose comme dit Chandler, le très culte « Born Too Late » (1986), que le groupe déroule pour l’occasion à l’envers, à l’image de ce que METALLICA avait fait avec son « Black Album » en 2012. Une bonne idée, car cela permet de garder pour la fin les classiques du disque.
Dave Chandler (encore lui !) porte un toast aux gens du fond, adossés au bar : « vous savez ce qu’on dit à la Nouvelle Orléans (où réside le guitariste) ? Les vieux punks ne meurent jamais, car ils restent près du bar ! ». Trêve de plaisanterie, car même s’il dédie avec humour « Dying Inside » aux foies de toutes les personnes en train de boire dans la salle, ce titre résume à lui seul toute la noirceur de SAINT VITUS, véritable cri de désespoir de Chandler devant sa dépendance à l’alcool incurable, personnifié à merveille par Wino et par un solo particulièrement primaire et dépressif.

C’est probablement le titre « Born Too Late » qui s’attire le plus de suffrages ce soir, et pourtant la chaleur insoutenable commence à avoir raison de bon nombres de spectateurs.
En rappel, le batteur Henry Vasquez joue les chauffeurs de salle et présente tour à tour ses 3 compères, faisant parti du line-up classique, avant de finir la soirée par le préhistorique « Saint Vitus » et ses relents punk/hardcore. SAINT VITUS a sans doute livré un concert un poil moins bon que celui de la Maroquinerie l’année dernière, mais a tout de même ravi ses fans sans bénéficier pour autant de la même liesse qu’un ORANGE GOBLIN qui semble avoir remporté la partie ce soir !

Voir le portfolio du concert.
 

Blogger : Laurent Reymond
Au sujet de l'auteur
Laurent Reymond
Passionné de musique (et de basket-ball), j'ai fondé mon webzine Heavy Music en 2004 afin de partager mon avis sur l'actualité musicale, tenter de poser des questions pertinentes à mes musiciens favoris et mettre la lumière sur des formations chères à mes yeux. De 2008 à 2012 j'ai officié au sein de Rock Hard, avant de revenir à Heavy Music cette même année et de participer depuis 2014 à l'aventure Hard Force. Une manière de boucler la boucle pour moi, lecteur assidu de la version papier de Hard Force dans les années 90, mon magazine de chevet pendant l'enfance et l'adolescence. Metal, Hard-rock, Classic-rock, Rock sudiste, Stoner, Doom, Rock Progressif, Blues, Jamband, Funk, Jazz...peu importe, pourvu que la musique soit bonne, organique et personnelle !
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1 commentaire

User
Laurent Reymond
le 31 oct. 2014 à 23:31
Setlist ORANGE GOBLIN : <br />
01-Scorpionica<br />
02-Acid Trial<br />
03-Saruman’s Wish<br />
04-Sabbath Hex<br />
05-Heavy Lies The Crown<br />
06-Blue Snow<br />
07-Cities Of Frost<br />
08-In The Arms Of Morpheus<br />
09-The Devil’s Whip<br />
10-The Fog<br />
11-They Come Back (Harvest Of Skulls)<br />
12-Quincy The Pigboy<br />
13-Red Tide Rising <br />
Setlist SAINT VITUS : <br />
01-Living Backwards<br />
02-I Bleed Black<br />
03-War Is Our Destiny<br />
04-Blessed Night<br />
05-Let Them Fall<br />
06-White Stallions<br />
07-The Troll<br />
08-The War Starter<br />
09-The Lost Feeling<br />
10-H.A.A.G<br />
11-Dying Inside<br />
12-Clear Windowpane<br />
13-Born Too Late<br />
Encore : <br />
14-Saint Vitus<br />
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