Nous sommes le 14 novembre 2015 et hier soir, 89 personnes ont tragiquement trouvé la mort alors qu'elles assistaient au concert des EAGLES OF DEATH METAL au Bataclan. La question de maintenir les concerts et autres événements culturels se pose donc aujourd'hui dans la France entière, dont à Toulouse, où les furieux de MASS HYSTERIA sont censés jouer ce soir. Le doute a plané jusqu'en début d'après-midi, lorsque le groupe annonce sur Facebook sa décision de maintenir le concert : « Vous le savez tous, nos familles, nos amis, nos valeurs ont été touchés en plein cœur, hier soir, dans des actes d'une lâcheté absolue. Nous transmettons nos condoléances aux familles et amis des victimes du carnage dont certaines nous étaient proches. Nous avons décidé de monter sur scène ce soir et demain et de maintenir les concerts. Pas par indécence ou irresponsabilité mais au contraire par Respect. Respect de nos valeurs, Respect de la liberté que nous chérissons, Respect pour les victimes. Vae soli ! MH ». Le ton est ainsi donné, le concert de ce soir aura bien lieu et il sera mémorable.
Il est 20h au Bikini lorsque les Bordelais GOROD montent sur scène. Le chanteur Julien "Nutz" Deyres est en voix et le son impeccable, ce qui est toujours appréciable dans ce type de metal. Le groupe propose ainsi un "Technical Death" de qualité, aussi impressionnant et plaisant à écouter qu'à regarder. Après deux chansons, Deyres prend la parole pour introduire le nouveau titre, "Celestial Nature", issu du cinquième album studio du groupe, « A Maze Of Recycled Creeds », sorti en octobre dernier chez Listenable Records.
Tout au long du concert, les deux guitaristes, Mathieu Pascal et Nicolas Alberney, se complètent dans leur jeu, alternant riffs tranchants et soli techniques. Ils bénéficient ainsi de trois-quarts d'heure de set, qui leur seront suffisants pour bien faire monter la température au sein de la salle.
C'est au son de "We Will Rock You" que les lumières s'éteignent de nouveau, laissant enfin place à MASS HYSTERIA. Le groupe annonce la couleur d'entrée de jeu avec l'explosif “Tout Doit Disparaître”, devant un public plus que réactif. La nouvelle recrue de la formation, le guitariste Frédéric Duquesne, doit faire face à quelques problèmes techniques qui seront heureusement très rapidement corrigés. La chanson à peine terminée, le frontman Mouss Kelai nous fait déjà part de son émotion vis-à-vis des événements de la veille. « Pensez à ceux qui sont restés à Paris » nous dit-il. Après un “World On Fire” chanté à l'unisson avec le public, le groupe entame l'intro de “Chiens de la Casse", titre d'ouverture de leur nouvel album, « Matière Noire ».
Sorti le 23 octobre dernier, l'album sera bien mis en valeur ce soir puisque près des deux tiers de ses chansons seront joués. C'est d'ailleurs avec le nouveau titre "L'Enfer des Dieux” que le groupe veut rendre hommage « aux victimes d'hier, d'avant-hier et de demain. ». C'est alors que Mouss nous propose une « minute de bruit », belle (et festive) alternative à la traditionnelle minute de silence, qui sera bien entendu respectée par la foule. Il reprend de nouveau la parole après “Vector Equilibrium”, en déclarant : « Ces paroles n'ont jamais pris autant de sens que ce soir. Je n'aurais pas supporté de ne pas jouer... Je ne veux pas rajouter de la frustration à la terreur. ».
Les titres s’enchaînent alors, l'énergie sur scène est tout simplement démente. Comme à leur habitude, le frontman, accompagné du guitariste Yann Heurtaux, viennent même jouer dans la fosse, pendant que les « furieux et les furieuses » - comme Mouss aime les appeler - créent un circle-pit autour d'eux. Comme si ce concert n'était pas assez spécial jusque-là, il se trouve que le batteur Raphaël Mercier fête son anniversaire aujourd'hui. Le groupe paie donc naturellement sa tournée en faisant suivre une bouteille de vodka dans la foule, la communion entre les artistes et le public est particulièrement marquée ce soir.
Le concert poursuit sa route jusqu'à l'excellent “Positif à Bloc". Le traditionnel rappel est alors remplacé par une deuxième minute de bruit, le groupe ayant décidé de ne pas quitter la scène. Un élan “Steel Panthérien" les pousse même à inviter toutes les filles volontaires à monter sur scène pour la chanson "Respect To The Dancefloor". « J'ai l'impression d'être Mötley Crüe » nous lâche Mouss en rigolant. C'est ensuite avec « Plus que du Metal » et le célèbre "Furia" que les musiciens concluent cette soirée.
Vous l'aurez compris, ce concert était le meilleur hommage qu'un groupe engagé comme MASS HYSTERIA pouvait rendre. Merci à eux.
Retrouvez le portfolio du concert signé Fred Moocher.
