16 novembre 2018, 23:17

WATAIN + ROTTING CHRIST + PROFANATICA

@ Limoges (CC John Lennon)

Blogger : Crapulax
par Crapulax

Il faut croire que cette année (Ô surprise !) le Père Noël s’est pointé en avance au Centre Culturel John Lennon de Limoges, accompagné par deux de ses plus fidèles lutins. Sans doute avait-il trop bu la veille, toujours est-il qu’il a débarqué vêtu d’une toge noire et rouge surmontée d’une cagoule, s’est assis derrière une batterie et a commencé à taper dessus comme un forcené avec les baguettes tournées à l’envers en proférant des râles inaudibles de corbeau à l’agonie. Renseignements pris, il s’agissait de l’américain Paul Ledney (ancien membre originel d’INCANTATION) et de son groupe de black metal PROFANATICA ! Leur style épuré au possible, très linéaire également et presque doom sur certains passages, n’emporta pas franchement l’adhésion du public même si cela commença à se décanter en toute fin de set. Du coup, il devait forcément avoir un peu les boules, le Père Noël ce soir… Mais nul doute qu’il repassera dans la cité limougeaude, un peu plus sobre, avant la fin de l’année !

Lorsque ROTTING CHRIST prend d’assaut la scène à son tour, l’écrasante différence de niveau impacte immédiatement tous les esprits : on est passé du petit groupe de District Départemental à la formation de Ligue Européenne en un éclair !!! Les Grecs, pourtant entièrement équipés de guitares et basse de la marque Ltd (instruments réputés de qualité inférieure à la gamme de leur maison mère ESP), vont littéralement dynamiter la soirée... sans doute parce qu’au début le leader se croit jouer à Toulouse et non pas à Limoges ! Il iront même jusqu'à déclencher un brave-heart et 2 circles-pit, ce qui n’est pas un mince exploit en terre limougeaude où les spectateurs, leur gobelet de bière solidement vissé à la main comme de coutume, rechignent souvent à bouger (et personne n’a jamais su pourquoi !).

En grande forme, le leader de ROTTING CHRIST Sakis Tolis va proposer ce soir une synthèse de ses deux derniers albums musicalement très proches, savants mélanges de rituels ("Apage Satana" et "Elthe Kyrie") et d’incontournables ("Grandis Spiritus Diavolos"), secondé dans sa tâche par un batteur surpuissant et un excellent soliste. Même les parties de basse ressortirent propres de la sono, c’est dire la qualité irréprochable de la prestation.

Seuls petits bémols toutefois : une durée de set vraiment trop courte et l’absence remarquée du merveilleux titre "Les Litanies de Satan", originellement chanté sur l’album par Vorph (le vocaliste de SAMAEL) dont l’interprétation en France même sous forme de sample aurait eu son petit effet… Dommage !

On passe ensuite à WATAIN dont le goût pour la décoration intérieure donnerait des boutons de fièvre à Valérie Damidot. Jugez plutôt : un immense logo en metal suspendu par de lourdes chaînes devant une affiche noire et blanche (effet 3D garanti), des tridents enflammés de partout, des totems sur les côtés, de gigantesques croix gothiques inversées sur le devant sans oublier des draps décorés recouvrant des montagnes d’amplis... Magnifique, la scène est devenue une sorte d’autel de messe noire pour zombies possédés où les titres comme "Malfeitor" ou "Nuclear Alchemy" vont prendre ici toute leur dimension diabolique et destructrice. Black metal oblige, le son poussé à son maximum ne permet pas d’appréhender toutes les finesses des titres extraits de l’album des Suédois « Trident Wolf Eclipse » sorti en début d’année. A chaque pause, un fond sonore lourd et menaçant permet de ne pas se déconnecter du show et de rester dans l’ambiance jusqu’au terme du concert où le vocaliste Erik Danielsson campe un moment seul devant son autel à lever le crâne d’un bouc sous une épaisse fumée avant d’éteindre rituellement les 5 bougies devant lui et de partir sous les applaudissements. Ça c’est du show !

Quelques bémols à signaler également : le salut final des musiciens le bras tendu, à mi-chemin entre provoc’ et clin d’œil appuyé envers la branche satanique la plus proche du néo-nazisme et le coup de pied rageur d’un des guitaristes sur le portable d’une spectatrice qui filmait tout depuis l’entrée en scène de WATAIN et qui va obliger la sécurité à intervenir...

Prendre un extrait ou un titre en live avec son portable, quand cela reste dans le domaine du souvenir personnel il n’y a rien à redire. En revanche enregistrer tout le concert peut évidemment nuire aux droits d’auteurs du groupe (publication sur des sites de streaming), constituer des preuves juridiques contre eux ou permettre de copier certaines postures, réglages de lumière ou éléments de décor. On peut comprendre la réaction d’agacement du musicien même si le geste reste évidemment disproportionné.

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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