Comme je vous le disais dans le post précédent, avec les souvenirs de vacances remontent ceux des musiques qui y sont associées.
Me voici donc, à 15 ans, en plein été pendant deux semaines au fin fond de la Somme, sur l'invitation de mon plus vieil ami d'enfance.
Le décor ?
Une petite maison familiale dans un de ces villages totalement détruits par les Allemands pendant la Première Guerre Mondiale et reconstruits selon la tradition locale : une rue principale et c'est parti pour quelques centaines de mètres de maisons en brique de chaque côté.
La Picardie un peu rude, bordée de champs qui recrachent quotidiennement, des dizaines et des dizaines d'années plus tard, leur lot de douilles et autres vestiges des combats. D'ailleurs, aujourd'hui, il repose plus de soldats anglo-saxons tombés au combat dans le petit cimetière militaire de Hancourt que d'habitants.
Pour parfaire l'ambiance, c'est une pluie presque continue qui tombe, un temps de Toussaint en plein juillet. Mais à cette époque, on est plein de ressources. Il suffit de quelques jeux de société et, lorsqu'on a la chance d'avoir emprunté la bonne voie musicale, d'une sélection de cassettes et d'un magnéto pour les écouter à l'infini.
Cet été 1981, nous en avons emportées 7 :
• AC/DC "Back in Black", sorti un an auparavant. On est toujours en train de parler du petit nouveau, le remplaçant de Bon Scott, comment s'appelle-t-il déjà ? Brian... Johnson ? C'est ça ! L'album est si bon, les compos si efficaces, qu'on commence à accepter la perspective d'une suite de carrière sous cette forme... mais les discussions autour de Bon et les comparaisons sont toujours animées.
• WHITESNAKE "Live... In The Heart of The City" (1980). Qu'est-ce qu'on a pu l'écouter ce concert ! La formation d'origine avec la paire de guitaristes Moody et Marsden, avec Jon Lord et Ian Paice, avec Neil Murray et surtout, cette voix unique de David Coverdale. Cette première période du groupe est moins flamboyante paillettes-MTV qu'à partir de 1987, mais tellement plus proche des racines du blues et du hard rock.
• TRUST, "Répression", évidemment, pour tout ado du début des années 80, c'est pouvoir s'enorgueillir qu'en France, nous avons aussi notre groupe représentant d'un rock dur (moins consensuel que Téléphone), la guitare qui rugit et les paroles qui flinguent. Il faut avouer, avec le recul, qu'entre politique et satire sociale, on ne comprend pas tout ce que Bernie Bonvoisin chante... mais on répète et ça nous donne l'air rebelle.
• 38 Special et BLACKFOOT. Je suis dans ma période obsessionnelle concernant le southern rock. Depuis la fin de Lynyrd Skynyrd en 1977, je ne pense qu'à ça. Le moindre groupe qui émerge dans les bacs, je supplie mes parents, mon entourage pour avoir le vinyle. J'écume les disquaires pour trouver les pépites et on est, disons-le, dans une période de très grand cru. "Wild-Eyed Southern Boys" d'un côté, "Marauder" de l'autre, c'est le second âge d'or du rock sudiste, même si les deux groupes n'ont pas grand chose à voir musicalement.
• IRON MAIDEN, "Killers". Evidemment ! On fait partie de la jeune génération qui découvre le heavy metal à l'anglaise avec les premiers MAIDEN, la basse vrombissante de Steve Harris, les grosses guitares, les morceaux épiques, la voix de DiAnno. On connaît bien sûr MOTÖRHEAD, JUDAS PRIEST, THIN LIZZY, mais MAIDEN, c'est spécial. Et puis il y a ce personnage récurrent depuis deux pochettes qui ressemble à une sorte de mascotte...
Il commence à nous plaire ce petit zombie glauque.
• VAN HALEN, c'est un peu la cassette "cherchez l'erreur". On l'a achetée "par réflexe ou habitude". Eddie Van Halen est pour notre génération ce que Hendrix incarnait pour la précédente : un dieu ! Mais les trois premiers disques étaient une telle baffe que ce "Fair Warning" peine à accrocher...
Eh oui, en 1981, on a aussi le sens critique à 15 ans.
A suivre...
