14 août 2019, 19:06

LOUD RAGE MUSIC

"Label report - Part. 2"

Blogger : Clément
par Clément


A peine quelques mois après s’être aventuré sur les terres brumeuses des Carpates pour découvrir les dessous du label Loud Rage Music, HARD FORCE remet le couvert ! Ni une, ni deux, le départ sur les traces des dernières nouveautés en provenance de Transylvanie a sonné et le moins que l’on puisse dire, c’est que la rencontre s’est avérée une nouvelle fois… saignante. Entre les embardées nocturnes d’ORDINUL NEGRU et TABLEAU MORT, l’enfer old-school promis par MERCY’S DIRGE et le death moderne et musclé de LEFT HAND PATH il y a là de quoi rassasier les plus gloutons d’entre vous en matière de metal qui tâche…


ORDINUL NEGRU « Lifeless »

Ce groupe, originaire de la ville de Timisoara située à l’ouest de la Roumanie, est l’un des grands noms de la scène metal du pays. Il est en effet actif depuis plus de quinze ans, se constituant une discographie riche de huit albums et de plusieurs EP au fil des années au service d’un black metal puissant et épique. Et si ses deux derniers albums en date ont été réalisés sous un format trio, le groupe a longtemps reposé sur les seules épaules de Fulmineos, multi-instrumentiste émérite.

C’est à cette époque de solitude que cette série de rééditions, les sorties initiales étant aujourd’hui introuvables, que Loud Rage Music a décidé de s’attaquer en commençant par le quatrième album du triste sire : « Lifeless ». Initialement paru en 2008, le bestiau se voit ici re-lifté avec un remastering et un digipack de toute beauté qui lui redonnent une seconde jeunesse. Sommes toutes classique dans son approche, drapée dans une épaisse brume nordique norvégienne, la musique d’ORDINUL NEGRU est assez éloignée du metal complexe et fouillé pratiqué par le groupe désormais.

Il y a dix ans les aspirations de Fulmineos, seul à la barre, étaient toutes autres et c’est dans les tréfonds de ces rythmiques dépouillées et obscures qu’il conviait alors les plus téméraires à une plongée en règles. Signant au passage un manifeste maléfique d’un autre temps…



ORDINUL NEGRU : « Nostalgia Of The Fullmoon Nights »

Avec un titre d’album aussi évocateur, pas besoin de vous faire un dessin. Cette réédition reliftée du sixième album d’ORDINUL NEGRU, toujours mené par un Fulmineos aux abois, fait en effet la part belle à un black metal vorace et gorgé de mélodies que l’on croirait tout droit sorti du back-catalogue de la deuxième vague norvégienne.

Avec des tremolos par paquet de dix, des blast-beats comme des mid-tempos mais aussi des atmosphères noires, notre homme est plutôt du genre généreux quand il s’agit de varier les formats et la passion qu’il injecte dans chacune de ses obscures créations.
Une passion et une authenticité bien réelles qui laissent également transparaître toute la rudesse du climat et l’hostilité de l’environnement ici empaquetées dans une production solide et grésillante juste ce qu’il faut.

Même si ma préférence va à « Sorcery Of Darkness », album référentiel d’ORDINUL NEGRU, je ne peux que vous recommander de poser vos paluches sur celui-ci qui vaut son pesant de cacahuètes… glacées bien entendu.



TABLEAU MORT : « Veil Of Stigma – Book I : Mark Of Delusion »

Et non, ne vous fiez pas à son patronyme français puisque ce groupe nous vient… d’Angleterre. Et son truc à lui, ce n’est pas vraiment le black symphonique dont raffole certains de ses compatriotes aux dents longues mais plutôt celui dit "orthodoxe" bourré de tremolos et truffé de mélodies audacieuses.

A l’écoute de son premier album, fort bien troussé, il est clair que TABLEAU MORT n’est pas du genre à faire dans le contemplatif abstrait et torturé. Non ce qui l’anime c’est la fougue, la bravoure à grands renforts de mid-tempos généreux qui évoquent BATUSHKA ou MGŁA tout en ajoutant sa patte avec quelques claviers bien placés et des ambiances crépusculaires.

Les parties de batterie de George Bratosin sonnent quant à elles de manière très synthétique, apportant un côté indus’ bienvenu à l’ensemble.
La monotonie n’est donc pas à l’ordre du jour sur ces sept pistes produites de main de maître, le son est clair et percutant, qui raviron entre autres les amateurs des productions en provenance d’Europe de l’Est.



LEFT HAND PATH : « Left Hand Path »

Et non encore perdu ! Pas d’hommage ici au cultissime album créateur du death suédois, encore moins de pratiques ésotériques à l’ordre du jour, juste du death metal infusé dans un power-thrash écrasant tout sur son passage.

Le brulôt, "The Hole In Man", qui ouvre d’ailleurs les hostilités sans ménagement annonce un programme riche en rythmiques maousse costo et riffs rondouillards qui régaleront petits et grands. Le tout dégage une puissance de feu qui ne laisse aucun doute sur les aptitudes du groupe à convaincre son auditoire.

En revanche, pour l’originalité on repassera parce qu’ici ça latte dur et dans tous les coins avec une prédisposition pour le riffing mitraillette et le break brise-nuques.
Doté en plus d'une production en béton armé, cet EP s’adresse donc à tous les amateurs de death/thrash moderne et affûté. C'est carré, ça claque et ça dure ving-sept minutes, pile-poil ce qu'il faut pour titiller les oreilles avec doigté !



MERCY’S DIRGE « Live, Raw and Relentless »

Pour finir en beauté ou plutôt tout en muscles, la clique de MERCY’S DIRGE tombe comme la queue de cheval sur sa motte de saindoux.

Avec son allure de vieux briscard à qui on ne la fait pas, il faut dire que le groupe s’est formé en 1990, le quatuor affiche ses prétentions avec un black à l’ancienne et sans façon éructé en guise de digestif.

Peut-être est-ce son bref début de carrière qui s’est arrêté en 1997 où il n’a pas laissé plus de traces que deux démos bien furax qui refait surface vingt ans plus tard ?

Un retour gagnant pour sûr, puisque MERCY’S DIRGE maîtrise parfaitement son sujet lorsqu’il s’agit de taper vite et bien avec ce côté artisanal qui lui confère une aura maléfique et presque rock’n’roll : Evil lives here !
 


​Cette tournée transylvanienne arrive à son terme et nul doute que celle-ci étanchera les soifs de riffs aiguisés… en plus c’est Loud Rage Music qui régale : à la vôtre !

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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