Je vous ai raconté plus tôt comment, durant l'été 1984, je me suis retrouvé hospitalisé pendant deux mois (voir le billet du 2 août ici ), sans parler du mois supplémentaire passé en rééducation, et combien la musique avait été salutaire. J'ai oublié d'ajouter qu'elle a certainement été l'axe central de tout ce que j'ai entrepris depuis.
Mais était-ce bien nouveau ?
Mon entourage vous le dirait : tout petit j'étais fasciné par le son et les pochettes et j'écoutais les 45t de mon père sur son tourne-disques Dual, à 8 ans j'enregistrais une fausse émission de radio avec mon frère en le prenant comme cobaye interviewé, à 10 je classais les Rock & Folk par dates et lisais mes premiers articles, deux ans plus tard, en 1978, tout ce que je voulais pour mon anniversaire ou à Noël, c'était des vinyles et l'acte immédiat qui suivait l'ouverture de la pochette du "Cat Scratch Fever" de Ted Nugent, du "Don't Look Back" de Boston ou du "Street Survivors" de Lynyrd Skynyrd, c'était de prendre un cahier et de noter le nom et le rôle des musiciens, celui du producteur, etc.
Quelle chance d'être tombé dans une famille où l'on a donc largement encouragé cette passion (devenue ensuite une méthode, une approche professionnelle même) plutôt que de m'amener consulter.
Après l'épisode éprouvant de l'été 1984 et ce retour presque miraculeux en deuxième année universitaire, j'ai tellement fantasmé la musique, nuit et jour, sans pouvoir bouger de mon lit d'hôpital, que les vannes s'ouvrent encore plus. Une boulimie de tout : achat compulsif de disques à la Fnac rue de Rennes lors de ma première sortie à l'air libre, premier concert dès fin octobre avec Dio à l'Espace Balard, reprise de la radio et échafaudage de projets tous azimuts qui vont amener à penser journalisme. Mais ça ne s'arrête pas aux loisirs : pendant cette seconde année d'I.U.T. à Tours, dès que l'occasion se présente, tous les moyens sont bons pour ramener les travaux d'études à cette passion dévorante. Avec une bonne dose de culot et de persuasion pour faire valider aux profs l'intérêt d'un dossier sur le rock sudiste comme recherche documentaire principale ou bien la "Création d'une base de données musicale" en cours informatique avec apprentissage du langage Basic (oui... je rappelle que c'était il y a 36 ans).
Je suis retombé sur la copie du dossier qui m'a valu l'une de mes plus grosses fiertés d'étudiant : parvenir à faire 80 pages sur un sujet aussi pointu que le southern rock, passer des semaines entières à consulter magazine après magazine, page par page, me rendre à la rédaction de Best qui me laisse des heures dans son stock d'anciens numéros, en haut d'une mezzanine, à prendre des notes (Rock & Folk m'a jeté au téléphone avec mépris), fréquenter des bibliothèques internationales pour avoir accès à la presse anglo-saxonne... Sans Internet, sans aide de spécialiste si tant est qu'il y en ait eu un en France à cette époque, un travail de fourmi.
Résultat : la meilleure note de la promo et les félicitations du prof principal. Une appréciation qui, durant l'été de mes 19 ans, va largement contribuer à l'entrée immédiate dans le monde professionnel et débrider un certain nombre d'idées ahurissantes... comme monter un petit média nommé Hard Force, par exemple.
(A suivre...)