17 juin 2020, 18:20

LABELS ET LES BETES

• "Le coté obscur de la force métallique - épisode 35"

Blogger : Crapulax
par Crapulax


Un très récent proverbe chinois dit : « confiné au mois de mai, boudiné au mois de juillet ». Non il ne fait pas bon rester prostré chez soi à grignoter des petits beurre devant son poste de télévision en comptant le nombre de dents sur les bords du biscuit à chaque fois. Il y en a toujours 52 et euh... c'est quelqu'un qui me l'a dit ! Non, non et non ! Remuez-vous que diable, sortez prendre l'air et surtout, surtout, n'oubliez pas de consommer sans modération ces délicieuses gourmandises sonores concoctées par nos 3 spécialistes en nutrition auditive : elles sont garanties sans colorant ni conservateur et sans aucune calorie !
 

MINDTAKER : « Toxic War » (Mosher Records)

Les interactions entre le mouvement punk et le metal sont historiquement très nombreuses et parmi elles le crossover (appelé aussi thrashcore dans les années 90) se voulait un mélange nerveux entre le hardcore et les rythmiques thrash metal avec comme fer de lance D.R.I., RATOS DE PORAO, CRYPTIC SLAUGHTER, S.O.D. ou SUICIDAL TENDENCIES.
Même si le flambeau a perdu de son intensité au fil des ans, il ne s'est jamais réellement éteint, récemment revigoré par des formations plus modernes comme MUNICIPAL WASTE, DR LIVINGDEAD ou plus jeunes comme MINDTAKER.

Plus jeune signifie évidemment moins original mais pas forcément plus mauvais. Car les Portugais maîtrisent tous les effets de jeu inhérents au style avec l'assurance de vieux briscards. Après une première démo 2 titres (« Total Destruction ») en 2015, MINDTAKER sort cette année ce premier album et il n'y a franchement rien à redire quand à son contenu. C'est carré, rapide, proprement enregistré : même la pochette verdoyante et les textes très conventionnels ("Drink Beer For Thrash") prennent soin à ne pas déborder du cadre. Pas de quoi envoyer mémé sur la lune prendre un selfie, mais de quoi passer un bon moment à remuer la tête en cadence.
(Crapulax)



 

CEREBRAL DESECRATION : « Further Than The Bottom » (Indépendant)

Encore une production qui ne bouleversera pas la hiérarchie des albums cultes de death metal quasiment indétrônables depuis plusieurs décennies mais qui se veut juste une liste sympathique de bons titres qui mériteraient que vous preniez une demi-heure de votre existence pour vous prendre une énorme dose de saturation dans les oreilles ("Obstructed") !

Cet album est le fruit d'une formation originaire de San Marcos au Texas formée en 2010, qui a comme beaucoup sorti en autoproduction un petit EP (« Immortals ») avant de se lancer dans le grand bain en 2016 avec « Incarnation » puis « Further Than The Bottom » cette année.
Logo et pochette de circonstance, production impeccable et textes sentant bon la tripaille et le vomito : CEREBRAL DESECRATION donne une impression de grande maturité sans avoir besoin de passer par la case "professionnelle". Avec une signature sonore se rapprochant de formations comme HATESPHERE, les américains assurent tant au niveau technique qu'à celui des compositions mais sans jamais franchir les frontières définies par leurs augustes ainés. C'est bien là où réside leur force et finalement aussi leur faiblesse.

Donc ne vous attendez pas à être surpris !
(Crapulax)



 

AVERSIO HUMANITATIS : « Behold The Silent Dwellers » (Debemur Morti Productions)

Et bim ! A peine mon Audika réparé à la hâte entre deux déflagration infernales, v'là-t-y pas qu'un autre chantre du black metal dit "orthodoxe" vient pointer le bout de son cilice sur mon auguste platine. Et c'est d’Espagne que vient la menace cette fois avec AVERSIO HUMANITATIS, un mystérieux trio madrilène composé de musiciens souhaitant conserver l'anonymat puisqu’il ne donne que deux initiales sur son identité en guise de repères.

Soit, on s’en contentera, la musique parle pour elle ici vu que les bougres n’ont pas leur pareil pour distiller riffs dissonants, ambiances hostiles et un maelström de trémolos du meilleur effet soutenu par des parties de batteries pantagruéliques. Une générosité rythmique qui s'accompagne de nombreux breaks qui ne relâchent jamais vraiment la pression sur l'auditeur. Un road-trip machiavélique qui, une fois la tempête passée, prône la cassure à mi-parcours.

Le rideau tombe alors pour laisser de faux moments de calme prendre place (le morceau d’ouverture est une référence à ce titre) mais ceux-ci avertissent d'un danger imminent : le mal rôde, il guette tapi dans l'ombre, attendant son heure pour exécuter ses sinistres desseins. Pas de doute, les flammes lèchent les esgourdes pendant trente-six minutes intenses sur ce « Behold the Silent Dwellers »  : hoooooot stuff !
(Clément)



 

VSPOLOKH : « Помре » (Purity Through Fire)

Quartet russe originaire de Tugulym, petite ville plantée en plein cœur de la Sibérie, VSPOLOKH partage avec ses homologues ce sens inné du riff froid et précis qui claque tel le blizzard sur les joues rougies.

Son black metal glacial et épique propre aux froides contrées de l'Europe de l'Est a tout pour réjouir l’amateur du genre puisqu’il retrouvera ici tout ce qui fait du bien aux esgourdes. Des thèmes mélodiques délicats qui charrient des riffs tranchants comme des couteaux à glace aux rythmiques forgées dans la rigueur des hivers russes qui n'oublient pas d'aérer le propos avec quelques interludes atmosphériques du meilleur effet, le groupe a tout compris.

Oui, il y a des relents de DRUDKH, WALKNUT ou YGG là dedans et tout ce qui fait le charme des productions du coin est bien là, le son rugueux mais puissant qui va bien en bonus. Sobres et efficaces, les huit morceaux font preuve d’un savoir-faire indéniable comme en témoignent ces riffs hypnotiques et ces mélodies vengeresses que VSPOLOKH trousse avec classe. « Помре » est bel et bien la bande-son idéale pour embarquer dans un road-trip au cœur de l'obscurité hostile d'une forêt enneigée.
(Clément)



 

ARMAGEDDA : « Svindeldjup Ättestup » (Nordvis Produktion)

Après la réédition de leurs premiers albums datant du début des années 2000, les Suédois ARMAGEDDA reviennent avec une nouvelle offrande de true black metal « Svindeldjup Ättestup ». Tel un phœnix qui renaît de ses cendres, le duo n'a rien perdu de sa fougue et de sa noirceur d'âme, bien au contraire.

Les 7 titres qui composent cet album en imposent par leur lourdeur et leur sombre dessein. Entre occultisme et blasphème, ARMAGEDDA nous fait voyager dans un monde de chaos grâce à des guitares dissonantes, des rythmes scandés, une basse imposante et la voix froide de Graav.
Pas de fioritures, pas de futilités, juste un son brut comme une espèce de retour aux sources vers l'essentiel. De l'intro instrumentale saisissante, en passant par "Guds Kadaver" chamanique puis blastée jusqu'à "Evigheten I

En Obrytbar Cirkel" sombre et atmosphérique, l'ensemble de l’album est un véritable chef-d’œuvre que tout fan de true black metal se doit de mettre entre ses oreilles aguerries.
(Aude)



 

EXGENESIS : « Solve Et Coagula » (Rain Without End Records)

Après une brève apparition en 2015 avec un EP, EXGENESIS revient cette fois avec une pépite de doom / death mélodique intitulée « Solve Et Coagula ».
Ce sont 45 minutes de growls caverneux, de cris torturés, de mélodies tristes et sombres et de guitares désespérées qui vous tendent les bras.

Les 8 titres plongent l'auditeur dans une introspection douloureuse au cœur d'une âme languissante. La lourdeur de "Intracosmos" ou l'atmosphère éthérée de "Stasis" résonnent comme des appels vers l'infini alors que la brutalité de "Truth" ou la noirceur de "Embers" révèlent toute la beauté des ténèbres mystérieuses.

EXGENESIS n'a rien à envier on à un groupe aguerri comme ON THORNS I LAY par exemple et malgré sa jeunesse, le trio montre l'inspiration féconde dont il est capable tant au niveau musical qu'émotionnel.
« Solve Et Coagula » regorge de passages aux dimensions extatiques et parvient à hisser le doom/death scandinave a un niveau rarement égalé auparavant. A écouter sans modération.
(Aude)


Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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