25 novembre 2020, 18:45

ARCHITECTS

@ Londres (Royal Albert Hall - Livestream)

Quand le Chef m’a appelé pour me demander de couvrir le concert de ARCHITECTS au Royal Albert Hall, le 21 novembre dernier, j’ai tout de suite répondu : « J’ai toujours rêvé d’aller à Londres les voir ! ». Bon ok, avec la crise c’est en direct depuis mon salon que j’ai assisté à l’événement. Contre mauvaise fortune bon "core"... On pourrait débattre sur le fait de couvrir ces live en streaming et de cautionner des représentations sans public, avec le risque de voir se pérenniser la chose, mais en tant que journalistes nous voulons maintenir avant tout le lien ténu entre artistes et auditeurs. Alors on pousse la table basse et on laisse entrer l'artiste chez soi.

ARCHITECTS a tenu à défendre une dernière fois contre vent et virus son dernier album, l’excellent « Holy Hell », mais a aussi souhaité présenter trois nouvelles chansons de son album « For Those That Wish To Exist », à paraître le 26 février 2021. Nous voici invités, virtuellement, au sein du majestueux Royal Albert Hall... déserté. Parfait pour un son metal de cathédrale, Sam Carter se positionne au centre de la salle, pendant que ses acolytes commencent à faire résonner progressivement leurs instruments sur la scène. Le chanteur, confiné à sa manière au milieu d’un public absent, se lance dans l’exécution de "Nihilist", puis de "Modern Misery". C’est l’explosion, la tonalité brutale et unique du groupe chasse les ténèbres muettes. On n’aurait pu espérer mieux que ces titres prophétiques, échos des temps actuels. Un choix judicieux, une avalanche de riffs déferlant en rouleaux vivants, et une voix unique qui s’approprie ces lieux à l’acoustique magique. ARCHITECTS ou le metal hurlé.

« All Our Gods Have Abandonned Us »

1er titre du prochain album : "Discourse Is Dead". De l' ARCHITECTS comme on l'aime, comme on en réclame. Assimilable de suite avec un refrain profond comme les abysses. C’est beau et fort. L’album « Holy Hell » est presque intégralement joué, 8 titres, suivi de « All Our Gods Have Abandonned Us » avec 4 chansons, et une poignée de classiques. Nous savourons "Broken Cross", "Death Is Not Defeat" ou encore "Royal Beggars". La puissance du growl primal alliée à la beauté de breaks dont on respire la magnificence. Toute la technicité d’un genre sous-estimé. Il aura fallu une crise majeure, une salle en deuil, pour ressentir le besoin de réclamer ARCHITECTS dans de meilleures conditions. Pour se rendre compte de la chance que nous avions il y a à peine 8 mois, lorsque nous pouvions communier innocemment avec un groupe de musique. En attendant, la formation chasse du mieux qu'elle peut les ténèbres. La représentation est le pardoxe de la beauté musicale dans la froideur glaciale de l'absence.

Petite claque énervée avec "Gravedigger", l’occasion de transformer le salon en moshpit familial, puis présentation du single "Animals". Le moins que l’on puisse dire c’est que le titre a du coffre. Digne successeur du légendaire "Holy Hell". Des cris et des riffs. Vivement février... Vivement la prochaine tournée. Avec un peu de chance la crise sera "sani-terminée".
Interlude acoustique, le groupe exécute "Memento Mori" et "A Wasted Hymn" dans une ambiance solennelle qui tire des larmes.

Vient le final. "A Match In Heaven" et l’incontournable "Hereafter". Quoiqu’on puisse dire de ces conditions confinées, ARCHITECTS fait résonner le Royal Albert Hall de la toute puissance de ses cordes, électriques et vocales. J’y trouve un plaisir indécent. La conclusion ? Ce sera le titre "Doomsday". Ultime baroud sonique avant le retour du silence sépulcral.

"Doomsday". Le jugement dernier avant le tombé de rideau. Peut-être n’est-ce pas nous qui jugeons ce concert, mais plutôt ce concert qui nous juge. Témoin des âges obscurs.
 

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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