27 décembre 2020, 18:00

TOP ALBUMS 2020

• Christophe Scottez


L’année 2020 se termine et je crois que personne ne la regrettera. Quelles musiques retiendra-t-on de ces mois à regarder le sol de nos appartements pendant que le soleil brillait pour des rues vides ? Chaque année je le rappelle, je ne prétends pas dresser une liste dogmatique des albums de l’année. D’abord je n’ai pas écouté tous les albums sortis. Ensuite, si la différence est la richesse des goûts, les miens ne sont qu’une réaction de mes oreilles et de mon âme à des sonorités aléatoires. Si nous avons passé une éternité enfermés tel des vampires devant se protéger d’un soleil vicieux, nous avons tout de même pu surfer, sur des vagues enfiévrées, mais aussi sur la toile. J’en retiens la bande son disparate d’un road-movie, introspectif, des temps modernes, celle de mon Covidalypse personnel.
De magnifiques sorties, pour une absence presque totale de représentations live, il y en a eu. Pour tous les goûts et pour toutes les époques. Voici donc ma playlist de "l’an foiré", les albums qui ont été pour moi d’une grande jouissance musicale et que je souhaite recommander...

"Ze number one". Un outsider dans notre contrée, et c’est bien dommage : les Allemands HEAVEN SHALL BURN avec « Of Truth And Sacrifice » ont fait très fort. A l’image de sa magnifique pochette, tombe une déferlante de titres death mélodique et metalcore, ayant la puissance et le lyrisme d’une charge de pur sangs filmés par John Ford. De l’ampleur, de la diversité et de l’émotion. Une offrande pour tout métalleux qui se respecte. Un album Ultime.  Riffs et châtiments.

Dans la famille "vieux pots pour de la bonne marmelade burnée", c’est avec plaisir que j’ai co-vidé mon stress avec des vétérans. Durant ces mois capitonnés j’ai repoussé les murs de la mornitude avec les riffs bien graisseux de BODY COUNT, son « Carnivore » donnant dans un heavy thrashcore maîtrisé (mention spéciale à la reprise de "Ace Of Spades"). Ensuite il y a TESTAMENT et son « Titans Of Creation » 100%  thrash pur jouissance. SEPULTURA lui, a déboulé avec un magistral « Quadra », martial et technique, des riffs réveillant les quadras et quinquas de la 1ère heure pour l’exécution de ce qui est peut-être l’un des meilleurs albums du groupe, période Derrick !

L’hexagone a su être actif. LONEWOLF a sorti « Division Hades », empreint d’une ampleur nouvelle qui donne un rendu à la virginité ferreuse, avec une basse enlevée comme une tête de moteur vrombissante, et des riffs qui sabrent tels des pirates courant sauvagement. Le fleuron hexagonal du heavy dégoulinant de metal. Autre pépite, REGARDE LES HOMMES TOMBER livre « Ascension », une cérémonie black metal d’une cruelle beauté. Sombre, tout en puissance, crescendo et apothéose hurlée. Dans la violence sans concession, LOUDBLAST balance son « Manifesto », 100% bruuuttttaaalllll ! Stéphane Buriez a toujours un magnifique oursin collé à sa glotte, ce qui fait résonner son chant dans une cathédrale consacrée au death metal le plus extrême... et aussi le plus réussi. TAGADA JONES quant à lui vient mettre « A Feu et à Sang» un public qui lui est acquis, nous les punks métalloïdes. Du metal honnête et généreux, chanté par un Tintin punk, de quoi nous rappeler cruellement la joie que nous avions à chanter des « La La La Laaa » en leur compagnie. Punk-rock 100% français, fierté des fans.

Dans la famille des groupes pas forcément bien reconnus par les vieux hardos cuirs et clous nous avons des metalcoreux de talents. TRIVIUM exécute un « What The Dead Men Say » de très belle facture, Matt "Heavy" explorant toujours plus loin les sentiers battus ou vierges du metal. Autres dignes représentants des groupes de hurleurs, AUGUST BURNS RED s’érige en « Guardians » du genre, BURY TOMORROW se mue en « Cannibal ». A l’écoute des frappes énergiques, des riffs ciselés et des voix chaudes et puissantes je ne comprends pas ceux qui disent « ce n’est pas du metal ! ». Ajoutons mon coup de cœur, BRING ME THE HORIZON jouant un « Post Human: Survival Horror » dans l’air (viral) du temps. Expérimental mais toujours peint de metal, je n’ai pas boudé mon plaisir.

Depuis 20 ans on entend clamer « Le neo-metal est mort ». Bon ben ceux qui ont entendu « Ohms » de DEFTONES ont dû se faire discrets depuis. Un bijou dosant avec justesse énervement et rage contenue, la voix suave de Chino Moreno nous guidant au travers d’un périple d’une grande profondeur artistique, un voyage nous métamorphosant en flamands roses 2.0.

Dans la Famille "United States Of Anachronisme" je demande FIVE FINGER DEATH PUNCH, HOLLYWOOD UNDEAD et Corey Taylor. Mon 1er a déboulé en fanfare avec son groove metal grandiose dans « F8 », un excellent album qui offre plus de profondeur que les précédents et assied le groupe parmi les plus grands "prêtres" du metal alternatif. Seul bémol, leur orientation politique parfois limite, comme en témoigne le clip de "Living The Dream" qui charge les mesures sanitaires jugées « gauchisantes et avilissantes », mais sur une mise en musique de grande classe. Concernant HOLLYWOOD UNDEAD, pas moins de 2 volumes pour « New Empire ». Du rock, du rap et du nu-metal qui fait du bien au moral. Les membres du groupes dé-masqués s’adressent à une Amérique déjà moins policée et plus "urban jungle". Un gros coup de cœur pour cette authenticité. Quant à l’ami Corey Taylor ? « CMFT » s’éloigne du metal pur jus et se la joue vieux rock US. Des compositions sages et travaillées. Une belle brochette de titres pour un "ride" dans les grands espaces.

Des fois on est surpris par des petites découvertes tardives. SEETHER et son 8e album « Si Vis Pacem, Para Bellum », est une excellente alliance entre le rock alternatif des années 90 et un son moderne très DISTURBED. Recommandé par Sly Escapist herself !

Dans le jardin de l’amie Aude Paquot j’ai pioché UADA et « Djinn », ainsi que MY DYING BRIDE, « The Ghost Of Orion ». Du black et du death mélodique d’une richesse rare. Atmosphère, tout est question d’atmosphère…

On croyait qu’ils n’avaient plus de jus ? AC/DC balance la g-riff "Forever Young" sur cette voix Brian... euh... braillarde si typique, c’est littéralement le « Power Up » qui est rétabli, et c’est digne des albums des années phares. Le grand retour d’un des plus grands groupes du monde !

Si le Covidalypse nous a privés de grands espaces, BLUE ÖYSTER CULT avec « The Symbol Remains » nous ramène aux racines du heavy-rock, en ces lieux magiques où nulle barrière ne nous entrave, où l’épanouissement du plaisir électrique est total. Des guitares enlevées, des soli uniques. Le bonheur pour l’auditeur. Une grosse surprise parmi les sorties 2020.

Voilà ce qui m’a fait vibrer, musicalement en 2020. Nous avions tous bien besoin de trouver un équilibre sur le fil de funambule tendu par les protocoles "sani-Terre". J’ai surement oublié 2 ou 3 albums, d’ailleurs pour vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année von Elsass, je songe à vous mettre MR. BUNGLE « The Raging Wrath Of The Easter Bunny Demo »... Thrasheuses fêtes les amis !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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