23 février 2021, 17:30

LABELS & LES BÊTES

"Le côté obscur de la force métallique" - épisode 43

Blogger : Clément
par Clément


Foutue météo. Le mois de février n'avait pas encore tiré sa révérence que la neige s’installait (enfin) et les pluies diluviennes s’abattent aux quatre coins de l’hexagone. Raison de plus pour se réchauffer les esgourdes à grand renfort de metal qui tâche, un credo que votre trio de serviteurs ne prend pas à la légère que nenni ! Au programme ce mois-ci : dubo, dubon, du bon son qui nous vient d’un peu partout avec un seul point commun – la qualité ! Et nul besoin de norme ou de certification pour en garantir le niveau, il suffit juste de poser une oreille attentive sur ces artisans de l’obscurité au savoir-faire indéniable…allez, en voiture Simone !


WRATHRONE : « Eve of Infliction » (Great Dane Records)

Paul Speckmann ça vous parle ? Ce grand monsieur à la longue barbe grisonnante est l’un des personnages emblématiques du death metal, géniteur de formations cultes de la fin des années 80 comme MASTER, ABOMINATION ou DEATH STRIKE. Et les Finlandais WRATHRONE semblent faire partie de cette poignée de nostalgiques qui vouent eux aussi un culte sans limites au death /thrash à l’ancienne dont ce bon vieux Paul est l’incarnation même.

Du haut de sa grosse demi-heure, ce troisième album n’a pas la prétention de révolutionner le style mais bel et bien de lui rendre un vibrant hommage à coup de riffs qui font mouche à chaque touche. Le plaisir du headbanging guette à chaque recoin des huit morceaux présents sur « Eve of Infliction », la production claire et limpide du Red House studio de Turku y contribuant largement. Les guitares mid-tempo envoient le bois elles aussi comme il se doit et le vocaliste prend un pied monstre à grogner comme si sa vie en dépendait.

Vous l’aurez donc compris : WRATHRONE c’est du 100% death metal sans additif au bon goût de tradition…mais ne dit-on pas que c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes ? Alors… à table !
(Clément)

 

CHANTS DE NIHIL : « Le Tyran et l’Esthète » (Les Acteurs de l’Ombre)

C’est tout droit de sa Bretagne natale que LES CHANTS DE NIHIL déboule avec ce cinquième album qui a trouvé cette fois-ci refuge au sein du catalogue bien étoffé des Acteurs de l’Ombre. Et c’est dans la lignée de la précédente livraison qu’il s’inscrit avec son black metal nordique qui fleure bon les tremolos glacés du milieu des années 90.

Celui-là même si s’acoquine de blasts à foison, de rythmiques guerrières sans oublier quelques mid-tempos pour aérer le tout. Le résultat ne se fait pas attendre, les cinq-deux minutes que dure cette nouvelle escapade dans des contrées mystérieuses et reculées passent comme une lettre à la poste. Il faut dire que le groupe ne se prive pas de sortir des plates-bandes en incorporant des éléments plus progressifs, parfois rock à sa recette, ainsi qu’une basse proéminente, le tout empaqueté avec dans un superbe artwork et une production implacable signés respectivement des guitaristes Jerry et Mist.

Clair, net et précis donc, « Le Tyran et l’Esthète » reste dans la continuité de ce que le groupe a proposé jusqu’ici : une musique sauvage, épique et envoûtante aux allures d’escapade nocturne en forêt de Brocéliande…
(Clément)


WYNTER ARVN : « Abysses » (Antiq Records)

Voici un duo français de blackened dark neo folk bien inspiré, bien que ses membres évoluent en temps normal dans un registre plus black metal : Wynter Arvn dans l'excellent AORLHAC et Vittorio Sabelli dans l'avantgardiste DAWN OF A DARK AGE. Ils ont décidé de s'allier pour proposer « Abysses », le second album de WYNTER ARVN qui nous emmène dans un univers hautement émotionnel au gré d'instruments acoustiques la plupart du temps.

Des guitares, de la clarinette, des percussions et des cordes : voilà tout ce qu'il faut pour véhiculer une musique qui touche au plus profond de la sensibilité. Les huit titres instrumentaux sont à la fois mélodiques et envoûtants, tour à tour emprunts de nostalgie ou de rêve. Le sublime "Contemplation" exceptionnellement illuminé par une douce voix féminine, est un vrai voyage initiatique, introspectif et d'une grande sérénité. Et que dire de la reprise de XASTHUR, "Walker Of Dissonant Worlds", d'une lumineuse noirceur ? Un joyau brillant dans un écrin sombre. Il ouvre la voie vers un dernier soupir folk black metal funèbre : "Quand Tombe Le Jour" mais que l'âme s'éveille. WYNTER ARVN est indubitablement un des groupes français à suivre.
(Aude)


VØIDWOMB :  « Altars Of Cosmic Devotion » (Iron Bonehead Productions)

Alors là, il y a du lourd ! « Altars Of Cosmic Devotion » est un EP, en plus c'est le premier des portugais VØIDWOMB mais les cinq titres d'une rare lourdeur campent une ambiance malsaine et lugubre à souhait. A noter que le groupe officie dans un black/death sulfureux et oppressant de belle facture. L'intro aux allures de nazgul psalmodiant un message subliminal débouchant sur des riffs tranchant dans le vif donne tout de suite le ton de l'album. "Summon Of Utu-Shamash" enfonce le clou avec un death largement teinté de black, rapide, puissant, incisif. "Descent To Ersetu" est l'exact inverse : du black largement teinté de death !

Des guitares rapides, des rythmes blastés et des vocaux growlés caverneux. Imposant avec une atmosphère de manoir hanté grâce aux synthés. "Architects Of World Demise" est plus lent enfin au début car le tourbillon death metal va rapidement faire déferler une pluie de riffs sans concession.
Enfin, "Altars Of Cosmic Devotion" termine l'assaut de VØIDWOMB avec des riffs répétitifs mais addictifs et des vocaux surpuissants. Ah vous avez l'impression d'être passé sous un train ? Oui, eh bien, ce n'est que le premier EP hein !
(Aude)


ANKERKERIA : « Matriarch » (Autoproduction)

Quelle vision tourmentée du metal extrême est-ce là ? Certainement l’œuvre de déments pour lesquels la musique s'est depuis longtemps muée dans leur esprit en un flot incessant de notes chaotiques sans autre cohérence que l'expression d'une inextinguible violence intérieure ! Piochant ça et là des éléments à tous les sous-genres (les notes dégoulinantes de death metal à la RING OF SATURN sur « Baph Metra », au black sur « Alis Mortis » en passant par des riffs style MACHINE HEAD sur « Key Of The Abyss ») et parfois au-delà (le solo classique malmsteenien de « Lord Of Flies»), ANKERKERIA reformule le metal dans sa structure à ce point qu'il en deviendrait presque novateur !

Une performance que l'on doit très largement à la paire de guitaristes Felipe Facó et Marcelo Louco, véritables monstres de technique et de vélocité (« Widow ») qui éclaboussent de leur classe et de leur complémentarité ce tout premier album. La chanteuse Joice Lopes et sa voix d'australopithèque ne sont pas en reste, comme le marteau-piqueur Vicente Ferreira à la batterie et la bassiste Alessandra Castro, toujours en cinquième roue du carrosse. Un premier essai technique, mature, créatif même, qui cingle comme une gifle.
(Crapulax)

 


LACERATED AND CARBONIZED : « The Core Of Disruption » (Eternal Hatred Records)

Les chroniqueurs de la rubrique ont beau être d'une vigilance extrême, d'agir comme des phares au milieu de l'océan de données numériques tels des cyclopes de pierre gardiens du temple du metal de bon goût : il y a toujours des albums qui nous échappent ! Avec une pochette qui donne envie de passer le reste de sa matinée calfeutré aux cabinets (les tons de couleurs rappellent un certain « The X Factor » de triste mémoire) et un nom à y passer aussi son après-midi, rien ne prédisposait les brésiliens à connaître succès et reconnaissance. Et d'ailleurs c'est bien ce qui semble s'être passé puisque 3 albums n'auront pas suffi à cela (celui-ci étant le second).

Leur death metal thrashisant s'avère pourtant très solide et bien pêchu comme en témoignent « Awake The Thirst » ou « O Ódio e o Caos » destructeurs au possible. Une excellente tenue en partie imputable à la performance remarquable du batteur Victor Mendonça ; apparemment personne ne lui a dit que c'était pas bon pour la santé de s'énerver comme ça !!! Pur condensé de violence, ce joyau oublié nous fait regretter de ne pas les avoirs connus plus tôt.
(Crapulax)

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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