21 mars 2021, 18:49

JIRFIYA

Jérôme Thellier & Ingrid Denis


JIRFIYA est un groupe de metal progressif sombre et mélodique formé par Ingrid Denis (OSCIL, MERCIBO) et de deux membres du groupe BORN FROM LIE : Pascal Davoury et Jérôme Thellier. Le trio a sorti un premier EP, « Wait For Dawn », en mai 2019. Ils sont rejoints par Nicolas à la batterie pour enregistrer un premier album, « Still Waiting », autoproduit et édité en novembre 2020, en plein coeur d'une crise sanitaire qui n'en finit pas... Ingrid au chant et Jérôme à la guitare nous avoue attendre avec impatience la possibilité de jouer leurs nouvelles chansons sur scène et nous donne les détails de cet album musicalement riche, puissant et mélodique à la fois.


Pour faire plus ample connaissance avec vous, comment est né JIRFIYA et quelle est la signification du nom du groupe ?
Ingrid : Pour faire simple, il s’agit du nom donné à des fragments de météorites martiennes, retrouvés dans le désert. Ce doit être un nom de scientifique à la base, et je l’ai un peu modifié pour proposer JIR FI YA. Ça donne un côté rugueux et doux, élégant à la fois. La comparaison avec la météorite reflète bien la fulgurance qui a entouré la naissance de ce projet.

L'ambiance musicale de vos compositions est à la fois mélodique mais sombre, quelles ont été vos principales sources d'inspirations pour la réalisation des chansons de ce premier album ?
Jérôme : Les morceaux sont inspirés par l’actualité. Chaque titre est une petite histoire ou un moment de vie autour de sujets d’actualité qui nous touchent ou nous révoltent. ''Silently'' traite du sort des femmes au Salvador, là-bas, l’avortement est interdit et passible d’une très lourde peine de prison. Pour une simple suspicion de fausse couche, des femmes risquent 30 ans de prison même sans réelle preuve. ''The Right Side Of The Border'' et ''The Hill Of Shame'' traitent du sort que nos pays (UE) réservent aux migrants. ''The Farewell'' est une dystopie qui nous permet de parler d’écologie, ''House Of Poison'' parle de sectes qui utilisent la foi de personnes affaiblies pour les détruire. ''We’ll Spill Some Blood'' et ''Live With That Voice'' ont comme thème les guerres engendrées par l’ego de leaders politiques et ''This Is My Home'' est une histoire autour des vices du système banquier.

« Still Waiting » est-il une suite logique de votre EP sorti en 2019 par rapport aux thèmes abordés ?
Jérôme : Oui c’est une continuité, on continue à explorer l’obscurité de notre monde en attendant que l’aube se lève (« Wait For Dawn »). Il y a des thèmes qui se retrouvent comme la religion, le sort réservé aux migrants, les industries qui annihilent l’humain et détruisent les terres.

Est-ce vous pensez que la situation actuelle dans le monde peut-elle être une grande ouverture d'inspiration artistique pour les musiciens aujourd'hui ?
Jérôme : Pour les musiciens engagés malheureusement oui, nous sommes dans une période très sombre de notre histoire et ceux qui veulent élever la voix ont de quoi faire. Il y a aussi beaucoup d’albums écrits pendant le confinement qui sortent depuis quelques mois, qu’ils soient engagés ou pas. J’imagine que chaque artiste à besoin de s’exprimer sur cette situation à sa façon.

« Still Waiting » est sorti en novembre 2020, à quelle période a-t-il été enregistré et comment se sont passées vos sessions en studio ? Avez-vous pu le produire tous ensemble ?
Jérôme : On a enregistré juste après le premier confinement aux Hybreed Studios où on avait déjà enregistré notre premier EP. Pour des questions économiques et pratiques on a enregistré les guitares et la basse en DI chez moi, on a vraiment fait en studio la batterie, les voix et guitares acoustiques. Pascal notre bassiste, habitant Bordeaux, n’a pu être présent en studio pour les prises batteries et voix mais j’ai bien sûr été présent à chaque étape de l’enregistrement. Nicolas était aussi présent pour soutenir Ingrid lors de ses prises de chant.
Ingrid : Oui d’ailleurs c’est ce que j’adore en studio, d’avoir comme un comité de soutien, des pom pom boys, qui me soutiennent entre les prises quand ça flanche, pendant les moments de doute ou de fatigue. Merci à eux !

J'aimerais que l'on parle de la rencontre avec votre batteur actuel, vous n'en aviez pas à l'époque de votre EP « Wait For Dawn »...
Jérôme : En fait on a monté le groupe assez rapidement. Une fois nos morceaux prêts et maquettés, nous n’avions toujours pas de batteur et difficile d’en trouver un sans réel bagage ou son correct à faire écouter, du coup pour ne pas perdre de temps et notre motivation nous avons pris un batteur de session pour aller en studio. Quand notre EP est sorti nous avons pu poster des annonces et c’est ainsi que nous avons rencontré Nicolas. On a tout de suite senti un feeling musical avec lui.

Il y a 2 titres bonus sur cet album, sont-ils des morceaux issus des sessions d'enregistrement du 1er EP ?
Jérôme : Ces deux titres ont été enregistré quelques mois après notre premier EP car on cherchait à avoir de la ''matière'' et de la nouveauté à diffuser sur les réseaux sociaux. Ils figuraient juste à la base sous forme de clips disponibles sur notre chaîne YouTube. On s’est dit par la suite que c’était dommage de ne pas les sortir en version audio. Cela nous permettait de passer d’un gros EP à un album.

Une chanson me paraît présenter et regrouper naturellement toutes les influences des membres de JIRFIYA et qui me fait penser un peu aux débuts de THE GATHERING avec Anneke van Giersbergen c'est ''This Is My Home''. De quoi parle cette chanson ?
Jérôme : J’adore THE GATHERING ! J’imagine que tu parles de « Mandylion »... Et bien ce titre est aussi une reprise de notre ancien groupe à Pascal et moi, mais Ingrid et Nicolas y ont largement ajouté leur marque. Cette chanson m’est venue en regardant un documentaire de Michael Moore Capitalism: a Love Story où on apprend que des banques font signer des prêts à taux variables à des personnes qui ont déjà du mal à boucler les fins de mois, et changent les mensualités à leur bon vouloir. Des personnes se retrouvent incapables alors de rembourser leur crédit, tous leurs biens sont saisis et se font expulser de chez eux. Cette chanson prend la position d’un homme qui ne peut plus payer ses dettes, va se faire expulser de chez lui, demande un peu de temps pour trouver une solution, chose que ses créanciers lui refusent. Cet homme prend son fusil pour tenter de dissuader toute personne de franchir sa porte et de l'expulser, clamant qu’il a toujours été honnête et qu’il paiera ses dettes...
Ingrid : Anneke je t’aime !


Est-il plus facile pour vous de gérer la promotion du groupe et de prendre vous-même les décisions qui lui sont nécessaires en étant pour ainsi dire indépendant ?
Jérôme : Difficile de répondre étant donné qu’on a toujours été indépendants. C’est certain qu’on n’a aucune contrainte mais si on veut exister parmi la masse des groupes, la promotion est un gros coût supplémentaire qu’il ne faut pas ignorer. Faire de la bonne musique ne suffit plus, il faut que votre nom entre dans la tête des gens pour qu’ils cliquent sur ''écouter''.

Est-ce que la décision de sortir l'album un peu plus tard ne vous a pas effleuré pour échapper à la crise sanitaire et pouvoir le jouer sur scène juste après sa parution ?
Jérôme : Bien sûr, on en a discuté mais on ne sait pas vraiment quand les choses vont revenir à la normale alors on a décidé de se lancer. Et puis comme on ne pouvait plus vraiment sortir, c’était une bonne période pour les gens d'écouter et découvrir de nouveaux groupes.
Ingrid : De toute façon, il me semble que le marché actuel de la musique est tellement éclaté qu’il n’y avait déjà pas trop de ''bonne période'' pour sortir, surtout en indépendant.

D'un autre côté, il y a beaucoup d'amateurs de musique qui aiment bien connaître les chansons d'un groupe avant de les entendre sur scène et ainsi mieux les apprécier, cela peut-il être votre avis aussi ?
Jérôme : Et bien je fais absolument partie de ces personnes ! J’adore aller à un concert en connaissant tous les morceaux du groupe ! Découvrir des groupes et un répertoire en live est aussi top mais j’adore tout connaître d’un artiste.

Est-ce que la pochette représente l'enfermement ou plutôt la sécurité d'une bulle ? Et qui en est l'auteur ?
Jérôme : C’est moi qui ai fait la photo et Ingrid qui a fait le graphisme. Cette pochette représente plus le côté Bulle ! On invite les auditeurs à entrer dans notre ''cercle'' notre ''bulle''. C’est un album très intime, il a été écrit et composé dans un coin de bureau parfois pendant la nuit. La musique est aussi plus généralement une ''bulle'' et un moyen de se protéger et de trouver sa place dans le monde.
Ingrid : Oh, et c’est moi sur la photo (rires) ! Pour la petite histoire, on avait bien échangé sur l’idée de cette figure féminine prise en plongée, plus incarnée que sur la pochette de l’EP. J’avais comme référence le personnage de Rose sur la planche dans Titanic, sur le point de mourir et qui chantonne, comme un délire. Et surtout une affiche de Dogville de Lars Von Trier avec le personnage de Grace endormie sur un plancher. Au final ça se rapproche pas mal de cette dernière.

Nous savons qu'il est très difficile de se projeter dans le futur mais avez vous déjà songé à ce que le groupe fera quand tout sera revenu à la normal ?
Jérôme : Nous essayerons de défendre cet album sur scène ! On est d’ailleurs ouverts aux collaborations et propositions !
Ingrid : On parle aussi de faire des sessions vidéos, car il ne faut pas négliger les réseaux, surtout à notre époque, il faut en être conscient. Mais il faut le faire en restant pertinents en tant qu’artistes...

Nous vous souhaitons donc du courage pour la suite et pourquoi pas, une bonne inspiration pour écrire de nouvelles chansons ?
Jérôme : J’ai déjà quelques idées mais on vient de sortir cet album, l’idée serait plutôt de le défendre que de sortir de nouveaux titres !
Ingrid : Merci beaucoup, et merci aux médias tels que le vôtre de nous accorder soutien et visibilité. C’est important pour la suite !

Facebook.com/jirfiya


Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK