9 juin 2021, 18:30

Fleurs & Feuillages

Interview Laurent Boulouard, responsable du label

Blogger : Clément
par Clément


Ne jamais se fier aux apparences : voilà un adage qui va comme un gant à Laurent Boulouard, à la manœuvre derrière le sobriquet bucolique "Fleurs&Feuillages" ! HARD FORCE a pris le temps de tailler le bout de gras avec le responsable de ce label angevin mené de main de maître par un fan invétéré de metal. Et ne vous fiez pas aux apparences car c’est en ce lieu atypique que se retranchent des formations... toutes plus obscures les unes que les autres !


Bonjour Laurent, je te laisse présenter le label en quelques mots bien choisis... si tu souhaites mettre l’accent également sur une ou deux productions précises, c’est le moment !
Salut Clément ! Tout d’abord, merci de ta curiosité. Si je ne devais retenir qu’un seul mot pour définir Fleurs&Feuillages, ce serait celui-ci, la curiosité. La curiosité envers notre nature humaine, dans toute son étrangeté. L’art que nous produisons nous semble aussi dérisoire que parfaitement vital. Pour l’instant, je réédite l’ensemble de la discographie de SORC'HENN, mon propre projet de dark-ambient, sur les plateformes de streaming. Cela représente 12 albums, 10 EP, un live et une compilation d’inédits. Fleurs&Feuillages vient donc de sortir « Gula Geten », un album en forme d’hommage au bouc doré du premier album de BATHORY, et je m’apprête à sortir un EP totalement inédit, « Spirit Of Ecstasy... Waiting For Magic »... un disque pour le moins incantatoire inspiré du Bohemian Grove et des chants hypnotiques. Je l’ai enregistré il y a onze ans, avec un invité très spécial au chant. Le label qui devait le sortir a dû cesser son activité, et je n’avais pas encore pris le temps de m’en occuper. Le visuel, sublime, a été réalisé par HRÆFN, un artiste gallois qui exerce le métier de barde en Islande.


Fan de metal jusqu’au bout des ongles qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans l’aventure d’un label... qui n’a pas forcément franchement grand-chose à voir avec le monde du metal ?
Je crois que c’est avec Earache Records que j’ai appris ce qu’était un label. J’adorais leurs artistes et leur univers. J’ai ensuite découvert d’autres labels : Nuclear Blast, Peaceville, Century Media, Metal For Nations, Thrash, Osmose, Holy, Adipocere, Relapse... je collectionnais les flyers, les catalogues et je leur commandais directement mes disques pour pouvoir recevoir leurs newsletters. Au fur et à mesure que j’ai élargi mes découvertes musicales, je suis resté sensible à la notion de label et à l’histoire de chacun d’entre eux. Cela est valable quel que soit le style, de Decca à Deutsche Grammophon en passant par Loud, No Limit, Def Jam et Keltia III.
A différents moments de ma vie, j’ai également monté des petits labels, le plus emblématique étant Evil Biker avec lequel j’ai beaucoup appris sur l’industrie du disque.
Fleurs&Feuillages est différent, c’est plus qu’un label et nous ne sommes pas non plus si éloigné que cela de la scène metal. Nous sommes même les deux pieds dedans en réalité, en tentant d’aller plus au-delà. Par exemple, DEAD DRAGON MOUNTAIN flirte avec le black metal tout en créant un univers propice à des sessions de jeu de rôle : si tu veux jouer à Dungeons & Dragons ou Chtuluh c’est top ! J’ai également commencé à travailler avec Abbi Patrix autour des contes de Norvège. Là on vient chatouiller l’amoureux de black metal et de l’imaginaire scandinave ! Personnellement, je pense que jamais je ne me serai intéressé aux aventures d’Askeladd si les groupes de black norvégiens des années 90 n’avaient pas autant utilisé les œuvres de Théodore Kittelsen pour leurs pochettes.
Autre illustration possible : à ma première écoute de « Seventh Son Of a Seventh Son » d’IRON MAIDEN je me suis penché sur les disques d’Alan Stivell que je me suis mis à collectionner. Avant eux, pour moi, Stivell c’était de la musique bretonne qu’écoutaient mes parents et tout à coup il prenait une autre dimension. Le son de guitare de Dave Murray est tellement proche de celui de Dan Ar Braz ! Cela a éveillé ma curiosité, et mon intérêt pour mes racines celtes. C’est ce que je cherche avec Fleurs&Feuillages : aller explorer les profondeurs culturelles et faire des liens improbables au-delà de la musique et des apparences. Le metal est une expression sans filtre, dans laquelle les artistes vont chercher dans les tréfonds de l’âme humaine. Cela en fait un véritable pont vers toutes les cultures. C’est ce qui m’a construit et me passionne encore aujourd’hui comme au premier jour !

On ne peut que malheureusement le constater, le contexte actuel et même d’il y a encore quelques années n’est pas propice pour se lancer dans la signature et production d’artistes. Vois-tu ce contexte comme une contrainte, un frein ou une possibilité de travailler différemment ?
Ma nature me conduit à chercher des solutions dès qu’un problème se présente, et je vois beaucoup d’opportunités pour les artistes dans la période que nous traversons. Nous sommes tous en dehors de notre zone de confort et chacun est contraint de révéler le meilleur de lui au risque de disparaître. Les changements sont profonds, et cela va durer. Nous ne pouvons pas vivre sans solidarité, ni sans l’imaginaire qui nous lie. A partir de là, il est pour moi évident depuis longtemps que les artistes vont jouer un rôle de plus en plus important dans la société. Pour cela il faut travailler différemment, à commencer par respecter le travail artistique à sa juste valeur, ce qui est encore très loin d’être le cas dans l’écosystème culturel, as we know it!

J’ai pris le temps d’écouter avec une oreille attentive les artistes que tu as signé : DEAD DRAGON MOUNTAIN, SORC'HENN, TERRAN WRETCH, ICON CRISTAL et chacun d’entre eux développent une identifté visuelle et musicale très présente. A leur écoute, des noms comme TRIBES OF NEUROT, AMBER ASYLUM, FINAL, LOCRIAN ou les travaux de William Basinski ou Robert Rich viennent à l’esprit. Penses-tu que cela puisse constituer de bons repères pour appréhender l’univers que chacun d’entre eux proposent ? Si ce n’est pas le cas, lesquels proposerais-tu ?
Merci à toi d’avoir pris ce temps ! Le dark-ambient, c’est un peu le mythe de la caverne mis en musique. En général j’ai d’excellent retours, mais la plupart des gens ont tout simplement la flemme de se plonger dans une écoute qui nécessite de s’accorder du temps. Les œuvres que je présente sont authentiques et peuvent aller à contre-sens des habitudes prises par nos cerveaux : le zapping a tellement affaibli ce muscle qu’il est parfois difficile de capter l’attention. Donc merci à toi de cet effort !
Oui, les artistes que tu cites sont de bons exemples. Dans le metal il y a beaucoup d’atmosphères et parfois des intro, outro ou des instrumentaux un peu bizarres qui se logent dans les albums. De véritables pépites en réalité ! J’ai souvent ressenti l’envie qu’une intro ne soit pas interrompue, ou qu’elle se développe, alors j’ai recherché des artistes que l’on retrouve aujourd’hui sous l’étiquette ambient, dark-ambient, dungeon-synth, drone, krautrock ou experimental. On pourrait citer NURSE WITH WOUND, MORTIIS, DEAD CAN DANCE, WHEN, ATRAX MORGUE, BOHREN UN DER CLUB OF GORE... c’est une scène immense, très ancienne, qui compte des milliers d’artistes... sa seule différence avec le rock est d’être tapis dans l’ombre et d’exiger du temps et de la disponibilité.
J’ai débuté SORC'HENN comme beaucoup d’autres artistes l’ont fait : j’avais besoin de créer mon propre univers. Cette musique m’a d’abord accompagné personnellement avant que je la livre peu à peu au monde extérieur. Et c’est de là dont il tient sa force. Il est difficile à vendre, mais j’en suis hyper fier.

Quels artistes du label recommanderais-tu en priorité à nos lecteurs et pourquoi ?
Réponse impossible ! En 1990, NAPALM DEATH, CARCASS et BOLT-THROWER se plaignaient déjà du fait que leur label les mettait en concurrence et comme j’aimerais éviter de donner à Fleurs&Feuillages le même destin qu’Earache, je refuse de prioriser (rires). Ils sont tous uniques et différents. Comme le catalogue n’est encore qu’au stade des prémices, je vous invite déjà à vous y familiariser et à garder un œil attentif sur ce qui sortira dans les mois et années qui viennent et à considérer que, par définition, un artiste de chez Fleurs&Feuillages, est digne du plus grand intérêt !

Tu m’expliquais que le label allait prochainement évoluer dans un format différent, plus "professionnel", avec l’ajout d’autres disciplines comme la poésie en plus de la musique, peux-tu nous en dire un peu plus à ce sujet ?
Oui, Fleurs&Feuillages n’est plus seulement un hobby. Je vais lui accorder du temps, en partant du principe que la créativité n’a ni limite, ni frontière, ni de règle figée. J’envisage parfaitement que l’intention d’un artiste se matérialise aussi bien dans le disque, le livre, le spectacle vivant, la vidéo, le jeu de rôle ou n’importe quel autre média. C’est le point de départ. Si j’avais aujourd’hui la chance de signer BOLT-THROWER, je pense que l’on irait tout de suite voir Games Worskshop, le Geek Fest et le Ministère de la Culture pour organiser des jeux de rôles grandeur nature dans des châteaux du Val de Loire ou imaginer des reconstitutions fidèles de batailles historiques dans le bocage vendéen sur fond de death metal (rires). Taquinerie mise à part, l’univers, notamment visuel, compte beaucoup pour moi. Je pense sérieusement que des artistes aussi talentueux que Dan Seagrave, Ed Rebka ou Eliran Kantor, pour n’en citer que trois, mériteraient largement qu’on leur consacre des expositions dans les plus grandes institutions culturelles.
Aujourd’hui, nous avons pour projet avec l’artiste calligraphe Charles Boisart (Scriptorium de Casiodore), de publier une version calligraphiée de « l’Ankou », l’une des parties les plus fortes de La Légende de la Mort d’Anatole Le Bras. Nous allons pousser l’objet à fond et aller plus loin en travaillant avec des conteurs, des créateurs sonores et réaliser des animations. Bref, je n’ai pas de frein sur les formes que peuvent prendre nos réalisations, mais je suis aussi très exigeant, pour ne pas dire intraitable, sur la qualité. Il faut avancer step by step et collectivement en préservant les œuvres, leurs auteurs et en en révélant leur valeur universelle. L’Ankou c’est un personnage que tout enfant breton connaît... comme le Troll accompagne les rêves des petits norvégiens depuis des générations. Ce sont aussi des figures universelles que l’on retrouve dans la musique, la BD, le cinéma... Ces projets nécessitent du temps, de l’écoute, des échanges, des partenariats et bien sûr des moyens ambitieux. Des projets commencent à s’écrire, une équipe se monte. Doucement, mais sûrement. Je suis encore dans cette phase de construction, où je consulte beaucoup et où je suis ouvert à toutes les coopérations avec celles et ceux qui partagent le même état d’esprit. Si ça vous parle : take in touch!

Dans cette future manifestation de Fleurs&Feuillages, y-aura-t-il un art qui sera plus prévalent qu’un autre ou essaieras-tu de conserver un juste équilibre entre chacun d’entre eux ? Si c’est le cas comment comptes-tu t’y prendre ?
La base, c’est l’artiste et les gens. Ce sont eux les magiciens, le reste est à leur service. La phrase d’accroche du Hellfest, « pour les fans, par les fans » est très révélatrice de l’esprit metal. Je m’y retrouve totalement et, pour tout dire, je ne connais pas d’autre manière de fonctionner ! Un projet peut donc partir d’un disque, d’une calligraphie ou d’un conte traditionnel, peu importe, l’important est que la créativité que chacun porte en lui puisse s’exprimer dans les meilleures conditions possibles.

Les œuvres de ton label ont pu notamment être exposées lors du festival Levitation qui se tient à Angers depuis 2016 me semble-t-il, quels retours as-tu eu à leur sujet ? As-tu pu rencontrer un public potentiel pour ces disques à cette occasion ?
Oui, j’ai donné un concert en off du Levitation car ce festival angevin est lié à l’Austin Psych Fest. Il se trouve qu’il y a bien longtemps, j’avais sorti un disque de BOOK OF SHADOWS, un collectif d’Austin, et qu’ils ont enregistré pour moi une douzaine de pistes incroyables pour un album de SORC'HENN. L’album n’est pas encore sorti, mais je l’ai interprété à l’occasion de ce live en 2016, sous le nom de SILVANAPLANA, en forme de clin d’œil. C’était avant tout du fun, dans un bar à 15h devant une cinquantaine de personnes et l’occasion de faire de la musique avec d’autres groupes de la scène local : il y avait EAGLES GIFT également sur scène, et un peu plus tard nous nous sommes fait un trip, OROBOUROS, en impro avec une vingtaine de musiciens angevins dans un parc près du lac. Bon, je ne suis pas toujours aussi sociable avec la scène locale, mais, voyez-vous, on ne peut pas se cantonner à jouer avec des stars internationales dans de grands festivals open air (rires) !

Les musiques ambiant, dark ambiant, industrielles sont parfois qualifiées de minimaliste au vu de leurs variations minimes, des boucles obsédantes, hypnotiques... qu’est-ce que cela t’inspire ? Quelle en est ta vision, que ce soit avec ton projet ou ton label ?
Pas plus tard qu’hier, j’ai eu une discussion passionnante avec Clément de SVART CROWN et HYRGAL à ce sujet ! Il me disait qu’il suivait SORC'HENN depuis les tous débuts lorsque cela s’appelait encore AGRIPA et qu’il y avait selon lui dans mon son, et dans l’ambient en général, quelque chose d’énergétique. C’est tout à fait ça. On retrouve également cela dans le metal, et l’art dans son ensemble est une expression énergétique. Comme je ne suis pas instrumentiste, j’ai trouvé d’autres moyens pour m’exprimer de la manière la plus intuitive possible. Aujourd’hui, alors que je réédite ma discographie disque par disque, je suis surpris de toutes les références inconscientes que j’y ai laissé, c’est proprement hallucinant. Dans « Sylvestrig » par exemple, c’est comme si j’avais choisi de décrire ma relation d’aujourd’hui avec mon fils aîné, bientôt majeur, alors qu’il n’avait que 4 ans en 2008. J’en ai encore des frissons. Et des exemples comme ça, j’en ai à la pelle. J’ai toujours dit que SORC'HENN était une démarche alchimique, mais j’ignorai à quel point c’était réel. J’avais certainement des peurs inconscientes quand j’ai commencé SORC'HENN, et j’ai passé 25 ans à transformer le plomb en or ! Cela donne une œuvre assez hermétique dans son ensemble, parce qu’elle est très personnelle, mais c’est également toute sa richesse.
Pour la petite histoire, j’ai toujours décidé de la longueur des morceaux en utilisant cette méthode : au bout d’un moment les sons provoquent une sorte d’hallucination auditive, j’essaie de la repérer et de couper le morceau un peu après l’apparition du son "fantôme"... selon ma perception !

Tu es également impliqué en tant qu’artiste avec SORC'HENN. Je serais curieux aussi de savoir pourquoi tu as adopté ce patronyme d’origine bretonne qui est associé à une envie obsédante, une hantise ?
Au début c’était ANAON en duo, du folk minimaliste chanté en langue elfique, une seule démo, « An harar hag ar stered – la charrue et les étoiles » enregistrée chez Wladd de VLAD TEPES. Collector ! L’ANAON désigne en breton le conglomérat des âmes en peine. J’aurai bien gardé ce nom, mais on a eu des ennuis avec un groupuscule quimperois qui utilisait le même nom pour un groupe de black NS plutôt pitoyable. On n’a pas voulu être associés à eux. J’ai ensuite choisi AGRIPA, une autre entité de « La Légende de la Mort » et le nom d’un occultiste important dans l’histoire de France et d’Europe. SORC'HENN s’est ensuite imposé à moi, je ne sais plus dans quelles circonstances, mais sa signification est parfaite. SORC'HENN désigne à la fois le fantasme, l’obsession et la manifestation spectrale. Et j’adore le design automobile, notamment celui de la Phantom de Rolls Royce, un autre fantasme personnel !

SORC'HENN a donné son ultime concert en se produisant seul le 7 août 2019 en tête d’affiche de la scène ambient-lodge partagée avec la 24e édition du Brutal Assault Open Air Fest, à Josefov en République Tchèque. Un tour de force qui t’a permis de partager l’affiche avec COVEN, CULT OF LUNA, TRIUMPH OF DEATH, IMMOLATION, HEILUNG et EMPEROR. Wow ! Peux-tu revenir pour nous sur ce qui a dû être une expérience formidable ?
C’était génial ! Přemek Ondra est un fan de SORC'HENN depuis la première heure. Il m’avait déjà, proposé de venir jouer à Prague en 2008, mais je n’avais pas le temps de monter une tournée et lui n’avait pas les moyens de me faire venir pour une seule date. 10 ans plus tard, il m’a recontacté en m’informant qu’il programmait l’Ambient Lodge, la scène ambient du Brutal Assault. Il a donc programmé SORC'HENN le mercredi, et deux jours plus tard mon nouveau projet DIHAOD. Il a eu l’élégance de programmer SORC'HENN en headliner de l’Ambient Lodge. C’est très étrange de partager quelques jours avec des gens de COVEN, EMPEROR, HEILUNG, de passer sur la même scène que Justin Broadrick, de croiser Tom G Warrior aux toilettes ou de faire des politesses à Samoth au moment de se servir en céréales au petit déjeuner de l’hôtel, de se promener sur le terrain de golf en croisant les mecs de METAL CHURCH ou de faire la sieste pendant que les gars d’IMMOLATION trinquent pour l’anniversaire de l’un d’eux... waouh ! J’avais l’impression que ma chambre d’ado s’animait avec tous mes héros qui prenaient vie devant moi ! Tout cela en présence de ma compagne qui vient d’un tout autre univers, le chant baroque. Elle a notamment surkiffé HEILUNG et de mon côté j’ai pu réaliser à quel point la scène metal est agréable à vivre de l’intérieur. Tous ces gens sont, le plus souvent, d’une gentillesse et d’une intelligence incroyables.

Pour en revenir au metal, peux-tu nous en dire un peu plus au sujet de AMORGEN, ton projet black ? J’ai vu également que tu avais sorti un split CD avec Le groupe de Portland, L’ACEPHALE, comment s’est déroulée cette collaboration ?
J’ai depuis longtemps l’envie de travailler sur un projet de metal épique. AMORGEN est une figure importante dans l’imaginaire celte, et ses séries de transformations (poèmes druidiques visant à transmettre les connaissance par l’oral) délivrent un enseignement très riche, même si nous n’en avons que des bribes. Maintenant que j’en sais un peu plus sur mes propres origines, je vais reprendre le projet J Je ne sais pas quoi dire de plus précis pour le moment sur AMORGEN : ce sera puissant, mais cela nécessite que je bosse un peu mon instrument (la cornemuse) et que je m’entoure d’instrumentistes meilleures que moi… j’en suis au niveau zéro en tant que musicien… ce sera certainement un projet collectif avec quelques pointures. Je rêve d’un album qui défonce, mais pour l’instant il est encore dans ma tête (rires).
La rencontre avec L’ACEPHALE s’est faite via le magasin de San Francisco, Aquarius qui, à lui seul a distribué la quasi totalité de mon disque sorti en 2008 sur le label FaunaSabbatha, « Harmonium pPeces and Dead Reveries ». Le boss du magasin, Angee O’Connor aka The Overlord, qui joue aujourd’hui dans COMMON EIDER, KING EIDER, a fait une telle pub que je crois qu’il a fini dans les mains de quelques musiciens de la côte-ouest, et notamment la scène black « cascadienne » (WOLVES IN THE THRONE ROOM, HAIL, ECHTRA…). Quand j’ai contacté Brian il connaissait déjà SORC’HENN et m’a accueilli à bras ouverts en m’adressant des vieux sons qu’il avait produit lorsqu’il était étudiant aux beaux-arts en compagnie de Matthew Barney (ex-mari de Björk). J’y ai mis ma patte avec des boucles de clavecin, de vieux piano Erard cassé, les cris de mes fils qui jouent à loup touche-touche dans la pièce d’à côté, et des interviews de Carl Gustav Jung… on a laissé reposer cela quelques années et le disque est sorti en cassette grâce à l’initiative du label canadien Fnal Union. Brian est également présent sur les albums « Faro » et « Shadow is ov silver… Phantom is ov gold », et également en clôture du live à Josefov avec un morceau de violon funéraire sublime. Il faut savoir que L’ACEPHALE est très directement inspiré par un groupe rennais, SADASTOR, qui n’a sorti qu’un album, « Herald of confusion », trop méconnu bien qu’il soit sublime. Brian m’a fait rencontrer Mathieu Broquerie (STORMCORE, VOIGHT KAMPFF, LONSAÏ MAIKOV,…), la rencontre s’est réalisé à mi-chemin entre Angers et Rennes, entre l’Anjou et la Bretagne, à Segré ! Un moment magique avec Mathieu qui est l’une des plus belles personnes que j’ai pu rencontrer dans ma vie. Il nous a malheureusement quitté brutalement en 2018 et lui rendre hommage en passant ces quelques minutes de violon interprétés par Brian dans un fort militaire abandonné depuis la chute du bloc de l’Est, en pleine Bohème, était un moment très fort.

Quels sont les derniers disques, tous genres confondus, qui t’ont fait vibrer ?
J’ai découvert ORAKLE, un groupe français dont l’album « Tourments & Perdition », sorti en 2008 est digne du meilleur d’ARCTURUS… la scène française regorge de trésors méconnus ! Dans un genre radicalement différent, j’écoute également beaucoup Jon Hopkins. Je me plonge également dans les œuvres de Devin Townsend et SYSTEM OF A DOWN et je continue à vibrer avec des vieilleries comme HYPROCRISY, SINISTER ou encore l’ultime « Non Serviam » de ROTTING CHRIST !

Ces derniers mots seront les tiens, Laurent, je te laisse conclure comme tu le souhaites…
Merci à toi Clément de m’avoir donné l’occasion de revenir sur tout cela. Cela me fait vraiment plaisir que ce soit pour HARD FORCE… ce magazine a énormément compté dans mon éducation musicale. Je crois même que c’est le premier magazine que j’ai acheté dans ma vie de metal kid, au moment où IRON MAIDEN s’apprêtait à sortir « No Prayer For The Dying ». Vous sortiez un spécial "The First Ten Years", que j’ai encore et que je conserve comme un objet de collection ! J’aimais bien dans HARD FORCE trouver des artistes dont on ne parlait pas ailleurs : MEKONG DELTA, CYNIC, JANE’S ADDICTION… et pour ceux qui lisent cette interview, j’espère qu’elle vous donnera envie d’aller fouiller dans mon étrange salle aux trésors...
 

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SORC'HENN :
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Playlists pour les lecteurs de HARD FORCE :

• DARK RECOLLECTION


• OUT OF THE DUNGEON

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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