18 août 2021, 18:00

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 49

Blogger : Clément
par Clément


Même si quelques endroits de l’hexagone résistent encore vaillamment, l’été que l’on nous promettait torride a décidé de traîner ses rayons de soleil ailleurs. Mais le temps pourri qui nous est servi en pâture depuis plusieurs semaines n’a pas que des inconvénients. La pluie, le froid, la grisaille sont aussi de bonnes excuses pour rester emmitouflé sur le canap’, casque vissé sur les oreilles, à se délecter des dernières productions les plus obscures issues des quatre coins du globe. Ce mois-ci ne faillit pas à la tradition puisque « Labels et les Bêtes » vous trimballe avec entrain en Roumanie, en Biélorussie, en Grèce, en Espagne et aux States le tout sans bouger de votre cave humide ! Plus efficace que n’importe quelle agence de voyage, cette nouvelle livraison de sons extrêmes vous offre un tour du monde sans bouger de votre salon préféré. Elle est pas belle la vie, hein ?
 

ELDINGAR : « Maenads » (Pest Records)

C’est donc ELDINGAR qui ouvre le bal des damnés ce mois-ci au son d’un black metal typique des chaudes contrées hellènes. Celui-là même, épique et grandiloquent, qu’ont magnifié au fil des ans ses aînés de VARATHRON et ROTTING CHRIST. Le duo se révèle ici en véritable orfèvre d’un style qui privilégie le juste équilibre entre recherches de mélodies inspirées, parties sombres et plus enjouées.
Truffées de breaks audacieux, de solos heavy en diable et de mid-tempos généreux, les dix pistes proposées contiennent ce qu’il faut de fougue, de bravoure pour faire tomber la chemise en moins d’une heure montre en main.
Produit de main de maître par Markos Samaras (Wudsound Studios), ce voyage dans le temps témoigne d’une exécution sans faille et d'un soupçon d'audace qui plongeront à coup sûr l'auditeur dans l’univers unique d’ELDINGAR. Tomate cerise sur la moussaka : « Maenads » n’est que le premier album de ce groupe qui ne sort d’on ne sait où... mais que l’on devine rester encore un bon moment là où il faut : bien au chaud sur ma platine.
Un coup de maître !
(Clément)


GENUNE : « Inert and Unerring » (Loud Rage Music)

C’est du côté de Cluj-Napoca, en Roumanie, que le trio GENUNE officie depuis près d’une décennie. Et sur son deuxième album le clan distille avec élégance l’atmosphère brumeuse de sa Transylvanie natale, source de légendes et berceau du souverain sanguinaire Vlad Tepes.
Entendez par là que GENUNE n’a pas son pareil pour balancer à la volée de jolis tremolos épiques troussés avec ferveur à l’instar de ce que ses petits camarades étiquetés "cascadian Black Metal" (WOLVES IN THE THRONE ROOM, ALDA, FAUNA et consorts) peuvent proposer de leur côté.
Les riffs hypnotiques côtoient ici les mélodies vengeresses, le tout baignant dans une certaine nostalgie, mélancolie de temps plus anciens. La pochette est à ce titre parfaitement dans le ton, déclinant un portrait d’une famille de paysans d’un autre siècle, et la production possède quant à elle ce côté brut, sans chichi qui donne du cachet à l’ensemble.
Les trente-trois minutes passent très, trop, vite si bien que de nombreuses écoutes seront nécessaires pour saisir toutes les subtilités des quatre morceaux présentés sur « Inert and Unerring ».
Ce qui n’est pas un problème en soi tant l’album possède un goût de reviens-y… juste jouissif.
(Clément)


IKARIE - « Cuerpos En Sombra » (Avantgarde Music)

​IKARIE est un nouveau groupe de post-metal basé sur la côte méditerranéenne de l’Espagne. Son premier album « Cuerpos En Sombra » se veut une expérience d’existentialisme cosmique dixit les membres du groupe, une recherche de sens de notre présence dans l’Univers, un voyage à la fois terrifiant et obnubilant.
Les dix titres proposés font preuve d’une grande habileté musicale avec des passages aux instruments à cordes très mélancoliques, des growls doom et lents et des parties de guitare vives.
Un peu dans la veine de CULT OF LUNA, IKARIE prend son inspiration au plus profond de ses chairs et retranscrit avec une grande émotivité la souffrance et la désolation. Des morceaux tel que "Cenizas" nous emmènent loin, au son de guitares aux envolées oniriques, des growls profonds et des voix murmurées. A comparer à ON THORNS I LAY.
D’autres comme "Està en tu cabeza" sont beaucoup plus glauques et agressifs alors que les instrumentaux tels "Remedio" ou "Despertar" font la part belle à la douceur, comme une brise d’été avant la tempête. « Cuerpos En Sombra » est définitivement un album à écouter dans les plus brefs délais.
Vous serez séduits par son intelligence et son feeling.
(Aude Paquot)


WITHERED LAND - « The Endless Journey » (Naturmacht Productions)

Des groupes de black atmosphérique, il y en a plein. Les originaux, qui poussent le style un peu plus loin, sont plus rares. WITHERED LAND fait partie des outsiders nouvellement formés qui apportent leur touche personnelle à un genre bien établi.
Le trio gréco-biélorusse arrive sur la scène avec un premier album épique aux influences folk/viking intitulé « The Endless Journey ». Il se compose de cinq actes, racontant l’histoire de la mort d’un valeureux guerrier et de son expérience post-mortem, revenant parmi les paysages montagneux brumeux sous les étoiles d’une nuit glaciale. Tout un programme !
Le black metal de WITHERED LAND est symphonique à souhait, mélodique avec des arrangements folks, épique avec des samples de batailles et des chants growlés ou hurlés, selon l’ampleur du combat à mener. Entre WINDIR, SUMMONING ou FALKENBACH, « The Endless Journey » navigue sur les traces de ses ancêtres tout en traçant son propre chemin.
Avec des morceaux d’une moyenne de 7-8 minutes, l’album laisse le temps à l’auditeur d’entrer dans l’atmosphère de chaque moment du destin de son guerrier. Mention spéciale au dernier titre, "Death Was Always Near" et son intro acoustique avant de partir en furie épique de grande envergure.
(Aude Paquot)


​VICTIM - « Endless Source Of Hate » (Autoproduction)

Des fois il n'y a pas besoin d'entrer dans la machine à remonter le temps d'un savant fou, pas besoin non plus de tenter un saut quantique pour accéder aux autres dimensions du multivers !
Dans cet incroyable EP daté de 2018, on accède sans aucun prodige scientifique aux champs de tous les possibles ! Ainsi VICTIM représente en gros ce qui se serait passé si le grand James Hetfield n'avait jamais rejoint METALLICA.
S'il n'était pas né à Downey en Californie en 1963 mais à Weimar en Allemagne 25 ans plus tard, s'il aimait la bière au lieu d'aimer la bière et tout ça... Eh bien il aurait pu rejoindre dès 2009 VICTIM !!!
La ressemblance est frappante, déroutante, le trouble ressenti est d'autant plus amplifié par les riffs thrashy des morceaux qui ont le son de METALLICA, le style METALLICA sans en être tout à fait. Mais le pire, quand arrivent les soli, on a franchement l'impression d'entendre aussi Kirk Hammett... Dingue !
« Endless Source Of Hate », un troisième EP totalement déstabilisant !
(Crapulax)


BITCHY RACKMORE - « The Bitchy Rackmore Experience » (Shameful Distribution)

Ah ! Comme il est loin le grindcore de notre enfance, quand on voyait les GRONIBAR s'agiter sur scène... C'était le bon temps !
Donc, c'est avec une surprise et satisfaction qu'on retrouve ici un certain état d'esprit de ce style tournant tout en dérision, que ce soit le choix du nom du groupe (SYLVESTER STALLINE, BORIS VIANDE ou les slovènes LUES DE FUNES), dans le contenu des textes ou le nom des morceaux qui trouvent répercussion dans la culture metal ("Mandatory Booficide", "Chuck Shuldiner You've Been a CREED fan") en prenant soin de conserver toujours une certaine classe ("Eating Joan Jett's Ass").
Ce sans oublier le fait de sortir des albums de 37 titres pour une durée équivalente à celle d'une face A de 45 tours (grand luxe, on a droit à 12 titres pour 8 minutes ici).
Mais au-delà de ces détails exquis, il y a un petit plus puisque le chanteur qui nous gratifie de parties de flûte dont le niveau technique rappelle celui que vous aviez la première fois où vous avez eu cet instrument en main à l'école.
C'est du gros n'imp' mais qu'est-ce que c'est fun !
(Crapulax)

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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