19 septembre 2021, 15:22

FISHING WITH GUNS

Interview Iñigo Delgado

Les Parisiens FISHING WITH GUNS sont de retour avec « Under The Silver Lake » un nouvel EP de cinq titres qui suit l’évolution enclenché par le précédent « Blood On The Ropes » paru en 2017, et qui troque encore un peu plus son orientation stoner pour un univers hardcore alternatif. Le résultat : un changement de line-up qui officialise une maturité désormais acquise pour le groupe, qui a collaboré cette fois-ci avec Francis Caste au Studio Sainte Marthe, livrant un mini-album solide et ô combien prometteur. Nous nous sommes entretenus avec Iñigo Delgado, chanteur multi-timbres qui nous en dit plus sur l’évolution du groupe et ses choix artistiques.


Après deux albums sortis en 2010 et 2015 et un EP en 2017 FISHING WITH GUNS revient avec « Under The Silver Lake » disponible depuis le 3 septembre. Pourquoi privilégier une nouvelle fois ce format court ? C’était plus pratique en terme de renouvellement d’actualité pour le groupe ? La crise sanitaire a-t-elle joué un rôle dans ce choix plutôt qu’un album ?
Alors je vais plutôt opter pour la deuxième réponse. Au départ on voulait sortir un album complet mais malheureusement le sort en décidé autrement, déjà part la crise de la COVID qui a tout arrêté pendant un moment et d’autre part l’un des membres du groupe à du faire face à un décès dans sa famille et il y a également eu une naissance de mon côté, donc il s’est passé beaucoup de choses ce qui a fait que le projet d’album s’est transformé en un projet d’EP mais une chose était sûre, c’est qu’on voulait sortir quelque chose, on voulait montrer qu’on existait toujours, qu’on avait un nouveau line-up, qu’on avait également pris une nouvelle direction et on avait vraiment hâte de le montrer.

Vous avez sorti le premier single "Owl’s Kiss" en août, qui représente très bien l’ambiance générale de l’EP et qui fait d’ailleurs partie de la programmation de la rentrée de l’émission MyBand sur HEAVY1. Un titre hardcore avec une touche alternative qui rappelle un peu les Britanniques BURY TOMORROW. Ce single représente la monté en maturité du groupe avec des titres plus denses et sombres. Cette évolution s’est faite d’elle-même ou il y a eu un travail de fond ?
Ça me fait extrêmement plaisir d’apprendre qu’on va être diffusé dans l’émission, merci ! En fait cette évolution a débuté une première fois lorsque je suis arrivé dans le groupe, quand on a cherché à incorporer un peu plus de mélodies et une deuxième fois quand Mickey, notre nouveau guitariste, nous a rejoints. Il a totalement changé notre façon de travailler, on avait l’habitude de composer pendant les répétitions tous ensembles et de faire tourner les morceaux ainsi mais comme Mickey est également ingénieur du son et batteur, il est arrivé avec ses compositions déjà enregistrées avec une piste de batterie déjà posée et donc à partir de cette base, chacun a travaillé chez soi pour ajouter sa partie respective ce qui nous a permis de mieux réfléchir sur ce qu’on voulait apporter en terme d’arrangements. Il nous a aussi poussés dans nos retranchements car il est arrivé avec des riffs beaucoup plus techniques que ce qu’on faisait avant et on a du se mettre au niveau, j’ai du également crier de manière brutale plus qu’avant alors que ce n’était pas forcément mon domaine de prédilection, j’ai une approche plus mélodique à la base ça m’a donc demandé d’aller chercher des trucs que je n’avais pas l’habitude de faire.


« Under The Silver Lake » a été enregistré au studio Sainte Marthe comme pour le premier album « The Night Fell » avec à l’époque Guillaume Mauduit derrière la console, que tu connais bien car vous étiez ensemble dans SEED FROM THE GEISHA, mais cette fois-ci c’est avec Francis Caste que vous avez collaboré et il fait clairement figure d’exemple dans la production de disques de metal, comment ça s’est passé avec lui, a-t-il fallu vous adapter à une méthode de travail différente?
Guillaume et Francis c’est la même école, c’est la touche Sainte Marthe, ils ont tous les deux beaucoup de similarités. Sans empiéter sur les artistes ils vont apporter leur savoir et leurs conseils tout en poussant les groupes à toujours aller plus en avant et si on n’a pas travaillé avec Guillaume c’est pour une raison très pragmatique, en fait il est parti vivre à Lyon et c’était trop compliqué de le faire remonter sur Paris à chaque fois qu’on enregistrait. Donc on a basculé sur Francis mais pour ne rien te cacher et même si on s’est éclaté, l’enregistrement a été très intense pour nous déjà en partie par ce qu’on sortait d’une période de confinement qui nous avait empêché de répéter depuis un moment, il a fallu qu’on tienne le coup physiquement et les journées étaient bien remplies. Francis de son côté nous a été d’une grande aide dans l’approche des arrangements et à trouver la manière de faire sonner les morceaux au mieux.

Comment avez-vous procédé pour l’enregistrement ? Chacun a enregistré sa partie de son côté, ou vous préfériez la cohésion de groupe afin de capter l’énergie de jouer ensemble ?
On a enregistré piste par piste, les uns après les autres. On faisait en sorte d’être tous là quand l’un d’entre nous enregistrait sa partie afin de pouvoir donner notre impression, de l’accompagner par notre présence, de partager nos avis et parfois de l’orienter un peu également. Procéder de la sorte nous convient très bien.

Côté financement, comment avez-vous procédé ? Vous êtes toujours en autoproduction et ce depuis vos début. Une nouvelle fois vous avez financé le projet avec vos fonds propres. Aviez-vous pensé à un financement participatif ?
Oui cet EP a été enregistré avec nos fonds propres, on s’est tous cotisés. La musique c’est une passion qui coûte cher il faut le dire (rires) ma femme en a une vision très concrète, ça coûte beaucoup et le retour n’est pas toujours au rendez-vous mais on a toujours voulu faire les choses de manière professionnelle et d’y mettre tous les moyens pour y arriver. Le fait de nous autofinancer est aussi un moyen de ne rien devoir à personne et surtout ça nous permet de donner au gens ce que nous avons envie de faire et pas ce qu’ils ont envie d’écouter. On n’est pas encore un groupe très connu, ce qui nous permet de faire ce qu’on veut, alors on en profite (rires).

Parle-nous du titre de l’EP, a-t-il une signification précise ?
Alors c’est simple, on s’est inspiré du film du même nom Under The Silver Lake de David Robert Mitchell a travers lequel il y a toute une thématique, on en a ressortit cinq axes principaux et qu’on a adapté en paroles. On a paraphrasé le film en quelque sorte et on en livre notre interprétation personnelle

Lors de vos sessions en studio avez-vous laissez une place pour du jamming ou des phases d’improvisations pour voir si de nouvelles idées en sortiraient ?
Non pas vraiment, vu que l’EP était déjà quasiment achevé quand on est arrivé en studio la seule marge de manœuvre qu’on s’était donnée était pour les arrangements. Par exemple sur le titre "Under The Silver Lake" c’était le fait d’ajouter un solo et d’enlever une partie de chant car en réécoutant le morceau on trouvait qu’une partie était en trop. On pouvait changer un passage pour un break agressif ou au contraire on incorporait une phase plus calme, ce genre de petits détails là. En ce qui concerne le solo de "Under The Silver Lake" qui n’était donc pas prévu au départ, il a été écrit en deux secondes juste avant de l’enregistrer. J’ai regardé Tof (guitariste et membre fondateur du groupe) et je lui ai dit : « faut que tu fasses ton solo à cet endroit là, il faut que ça fasse ouin ouin trililili » il m’a répondu « heu... ouais d’accord je vais essayer », et il ne lui a fallu que deux ou trois prises et c’était bon !

C’est le deuxième disque sur lequel tu poses ta voix depuis que tu as rejoint le groupe afin de remplacer Jean au micro. Que représente cet EP de nouveau pour toi ? Tu as pu t’exprimer d’avantage que sur « Blood On The Ropes », tu te sens plus légitime d’explorer de nouvelles choses, de varier d’avantage tes lignes de chant ?
Sur « Blood On The Ropes » j’avais apporté un côté mélodique et très harmonieux et j’avais poussé le groupe à pondre de vrais refrains, des trucs qui tiennent bien la route, des refrains que les gens puissent retenir. Sur les deux premiers albums tu ne trouvais pas ce genre de chose alors que sur « Blood On The Ropes » on a apporté des lignes qui se répètent, des refrains catchy, des éléments sur lesquels l’auditeur peut se raccrocher. En revanche ça a été plus dur pour moi sur « Under The Silver Lake » car on a poussé tous les curseurs créatifs au max, certains passages nécessitaient que j’apporte un chant plus extrême, plus guttural et plus saturé comparé à ce que j’avais réalisé sur l’EP précédent tout en gardant ces lignes mélodiques qui me plaisent toujours autant sur les refrains.

​Les influences des membres du groupe sont très variées, Guillaume est plutôt branché metalcore, Christophe c'est le thrash, Fred dans le mathcore. Est-il facile de contenter tout le monde quand vient le temps de composer ? On sent qu’avec cet EP le groupe quitte le genre stoner pour embrasser une facette plus hardcore...
Au départ le groupe livrait un effort commun dans ses phases de compositions, on construisait toute la structure des morceaux ensemble. Avec cet EP on a travaillé différemment et Mickey est arrivé avec une vision bien précise de l’orientation des compositions. Il présentait ses démos avec leurs structures pour que nous puissions ensuite ajouter notre patte et nos influences, ce qui l’a amené au final à prendre les commandes et c’était une bonne chose car ça a permis de garder une base homogène tout en faisant en sorte que chacun s’y retrouve. Aucun membre du groupe ne s’est plaint qu’un passage ou qu’un riff ne soit pas à son goût ou trouve qu’il ne serve pas la chanson correctement. A chaque fois au final on était tous toujours d’accord. Tout ça fait que ça a servi à l’équilibre global de l’EP qui, tout en ayant des influences diverses, réussit à rester cohérent du début jusqu’à la fin.
 


Aviez-vous pu tester certains des nouvelles chansons en live, avez-vous fait quelques concerts cet été ? 
Malheureusement non, le contexte étant tellement particulier, on ne savait jamais si les salles étaient ouvertes pour longtemps, si elles allaient devoir fermer. Donc là on a qu’une envie c’est de sortir de notre salle de répétition, notre set-list est prête, le matériel est prêt et on a qu’une chose en tête : défendre ce nouvel EP sur scène. Maintenant il faut qu’on trouve les bonnes salles, celles qui sont disponibles et on va mettre toute notre énergie dans ces démarches.

Y a-t-il un événement personnel qui a influencé l’écriture de tes paroles ?
Ma fille est née pendant qu’on composait les morceaux mais même si cet événement était une période très heureuse pour moi, ça n’a pas influencé mon écriture, j’ai juste apporté ma vision personnelle des thèmes qu’on a ressorti du film Under The Silver Lake.

Quelle est la prochaine étape à franchir pour FISHING WITH GUNS ?
Maintenant on a une très belle carte de visite qu’il faut qu’on défende sur scène, montrer qu’on est là et très vite il va s’agir de recommencer à composer pour battre le fer tant qu’il est encore chaud et sortir une nouvelle production. Est-ce que sera un EP ou un album on ne le sait pas encore mais ce qui est sûr c’est qu’on ne va pas se relâcher. On a déjà des morceaux qui ont été composés, on a un disque dur qui est rempli de morceaux et de riffs qui n’ont pas été exploités et que l’on va pouvoir développer quand on se remettra en phase d’écriture.

Une question pour nos lecteurs : comment faire pour se procurer « Under The Silver Lake » en format physique ? Une sortie vinyle est prévue ?
Pour le moment on n’a pas prévu de sortie en format vinyle mais on n’exclue pas la possibilité de le faire. Et pour le format CD et numérique c’est directement sur notre page Bandcamp.


Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK