
Comme la saison sombre arrive, nos compères de l’extrême, Aude et Clément, ont décidé de s’aligner avec leur environnement et vous proposent dans cette nouvelle rubrique beaucoup de black : atmosphérique, mélodique, mélancolique même. Bref, de quoi affronter le froid et la nuit avec la bande son idéale. Heureusement que notre Crapule nationale nous apporte un peu de death bouillant pour compenser tout ça. Bonne découverte.
LES BÂTARDS DU ROI : « Les Chemins de l’Exil » (Les Acteurs de l’Ombre)

Voici le deuxième album des Orléanais LES BÂTARDS DU ROI qui nous gratifient d’un black metal mélodique sombre teinté d’ambiances médiévales (mais sans les flûtes souvent associées) et de passages narratifs (mais pas plaintifs). Si le groupe ne revendique pas s’inspirer de faits réels, l’histoire qu’il raconte au fur et à mesure de ses pérégrinations est à la fois crédible et intéressante. Les neuf nouveaux titres alternent entre agressivité d’un black rapide, envolées hyper atmosphériques et guitares épiques, le tout surmonté d’un chant black, de vocaux clairs et, donc, de moments parlés. Dès les premières minutes de "La Forêt" et ses riffs heavy, ses vocaux black récités en français et les chœurs en voix claire l’oreille s’accrochent à un son riche et entraînant. S’ensuivent des mélodies arpégées et des rythmes blastés, le tout embaumé d’atmosphères complètement addictives. Et jusqu’au très puissant "Sous la Couronne de l’éternité", c’est un black metal poétique mais lugubre, mélodique mais hargneux qui s’offre à nous. On approuve les riffs qui ne nous lâcheront plus ("Vers l’Etoile solitaire" ou "Ord Vil Merdos") et on s’émerveille en écoutant le saisissant "Le Val dormant" qui file les poils. Un album impressionnant, à ne pas manquer.
(Aude Paquot)
PENTHOS : « Erevos » (Darkness Shall Rise Productions)

PENTHOS est un groupe de black metal grec dont le premier album éponyme est sorti en 2022. Le quintet revient cette année pour en découdre avec neuf nouveaux titres aussi malsains que plaisants à se mettre sous la dent. « Erevos » puise sa source dans un black metal traditionnel mais efficace et ses ambiances lugubres et passages mid-tempo lui donnent une puissance toute particulière. En effet, dès les premières notes arpégées de "Nekyia", on se trouve emporté dans un univers sombre et inquiétant, aux effets dissonants, entre rituel intrigant et ambiance funeste. Ce sont les rythmes blastés et vocaux hurlés de "Dancing Dead" qui nous poussent à sortir de notre torpeur. Rapide, vif, tranchant, c’est un titre imposant et efficace. Les plus lourds "Bloodstained Bath" ou "Olethros" s’apparentent pourtant plus à la vague scandinave que grecque, plus à du MAYHEM qu’à du ROTTING CHRIST. Oscillant entre riffs rapides et incisifs, le son de PENTHOS est sans compromis. Mention spéciale à l’extatique "Charon", complètement habité mais aussi au bien nommé et au frénétique "Echoes Of The Sanatorium", brut et sauvage. Une belle découverte.
(Aude Paquot)
DYSYLUMN : « Abstraction » (Signal Rex)

Déjà quinze ans à traîner leurs guêtres dans l’underground avec trois albums au chaud dans leur besace, les Lyonnais se rappellent aujourd’hui à notre bon souvenir avec cet « Abstraction » qui sort sur le label portugais Signal Rex, référence en matière de black metal.. Place ici aux ambiances majestueuses, aux envolées cosmiques qui font de ce duo un artisan méticuleux qui gagne tout à être reconnu. Des atmosphères mélancoliques, tout en gardant une large part de dissonances, témoignent de l’envie affichée par ce nouvel album, ouvert aux influences multiples, de s’approprier une richesse de styles et de rythmiques qui font de lui une entité parfois insaisissable. Les poumons sifflent, les rythmiques enflent, la schizophrénie, elle, guette, tapie dans l’ombre et prête à engloutir tout cru sa proie toute désignée : l’auditeur. Magnifié par des rythmiques flottantes, désincarnées, ponctué de déclamations hantées et de growls profonds, « Abstraction » est tout … sauf abstrait.
Symbole d’une alliance réussie entre mélodies d'acier et dissonances acariâtres, entre rythmiques sombres et vocalises aériennes, DYSYLUMN délivre ici une œuvre somptueuse d'un black ténébreux qui fera frémir petits et grands. Ajoutez à cela un artwork magnifique doublé d’une production imparable et vous obtiendrez un album coup de poing comme il s’en fait (trop) peu.
(Clément)
HERALDIC BLAZE : « Monument of Will » (Purity Through Fire)

(Clément)
CENTINEX : « With Guts & Glory » (Black Lion Records)

Il arrive parfois de se retrouver à chroniquer un très vieux groupe totalement inconnu au bataillon et, du coup, le doute s'installe quant à sa propre culture et avec ça le sentiment de marcher sur des œufs tout en écrivant, de risquer de vexer les fans par une tournure de phrase malheureuse... Bon, ben tant pis ! CENTINEX existe depuis 1990, possède un solde de 12 albums pour presque autant de labels différents avec un joli hiatus entre 2005 et 2014. Ajouté à cela aucun hit de référence et des choix de pochettes d'albums (« Subconscious Lobotomy », « Malleus Maleficarum ») bons à finir dans un bac à disques d'un sordide troc de banlieue, CENTINEX a de quoi passer sous les radars.
Et pourtant, les Suédois offrent un death teinté de rock qui confère à leur musique un côté punchy fort sympathique. Globalement mid-tempo, ce dernier CENTINEX se permet quelques accélérations ("I Am The Way") qui font old speed metal et punk aux entournures. Proche de MOTÖRHEAD dans l'esprit, quoi ! On dit bien que c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe. Enfin... tant que le dentier ne tombe pas dedans et tant qu'elle reste tiède, ça passe.
(Crapulax)
HORROR WITHIN : « Soul Awakening » (Dolorem Records)

« C'est du brutal » aurait pu dire le regretté Bernard Blier, assis dans la cuisine en se retenant de tousser et la larme à l’œil, le CD de HORROR WITHIN dans les mains tant il est vrai que les 8 titres qui composent ce premier album (dans le prolongement de l'EP « Awaiting Distinction » sorti en 2022) se casent d'ores et déjà aux côtés des titres les plus rugueux de ceux déjà bien gratinés de BENIGHTED, ABORTED et consorts. Rythmes syncopés, breaks inattendus, tempi qui affolent les compteurs ("Basic Day"), production énormissime : les Montpelliérains ne ménagent pas leur peine pour densifier et enrichir leur musique au maximum, que ce soit sur le solo de "Rupture" ou l'introduction de "Waiting Room", comme le fut en son temps la surprise sur "Ceremonial Vortex" avec les chants liturgiques ou "L'Horreur en moi" et son texte parlé. Un enrichissement à 2 vocalistes également qui pourrait constituer la norme en matière de death metal teinté de deathcore tant cela apporte du peps au schmilblick. Bref, voilà un album qui bombarde et qui confirme tout le bien qu'on pensait de HORROR WITHIN.
(Crapulax)