15 juillet 2013, 10:40

SHINING : Jørgen Munkeby

 

 

 

 

 

Trois ans après la sortie de "Blackjazz", le Jazz Metal acrobatique de SHINING (côté Norvège) est de retour avec "One One One", un nouvel album studio venant donner le fin mot à la trilogie "Blackjazz", complétée par un album live paru en 2011. 

 

Un nouveau disque intentionnellement plus direct et frontal que ses prédécesseurs, aux rythmiques et sonorités torturées, tout droit sorties du cerveau de Jørgen Munkeby, tête pensante de la folle machine SHINING.

 

 

Nous avons eu l'occasion de nous entretenir avec le multi-instrumentiste à propos de ce "One One One", qui nous a au passage pardonné une bonne pelletée d'écorchage de son prénom pendant cette entrevue d'une demi-heure en direct de son domicile à Los Angeles.... 

 

 

 

 

A l'heure où nous parlons l'album est seulement sorti aux Etats-Unis et en Norvège, quels ont été les premiers retours ? 

 

 

 

Très bons ! Tu vois, en ce moment je fais des interviews tous les jours, et l'intérêt que suscite cet album, notre groupe, ne fait que de prendre de plus en plus d'ampleur, et c'est quelque chose qui me fait vraiment plaisir, d'autant plus que les gens semblent l'apprécier. "Blackjazz" (2010) était notre 5ème album, nous étions donc déjà dans le milieu depuis pas mal de temps à l'époque, mais on peut dire que c'est cet album qui nous a fait exploser dans beaucoup de pays et qui nous a donné un nom. Ainsi, du fait que ce nouvel album s'en éloigne beaucoup, ça me réjouis de voir que le public l'apprécie. D'une certaine manière, j'ai observé que "One One One" a peut-être permis aux gens de comprendre "Blackjazz", aux personnes qui l'avaient trouvé assez extrême et agressif par rapport à ce que nous avions fait auparavant à l'époque de sa sortie. 
 
A propos de l'écriture de "One One One", tu as déclaré avoir voulu composer des chansons "fun", divertissantes à jouer. C'était quelque chose qui selon toi manquait sur vos précédents travaux ? 
C'est une bonne question ! Je me souviens du moment où je me suis assis pour commencer à écrire cet album, je m'étais fixé comme objectif de continuer avec le son de "Blackjazz", je voulais absolument garder cet élément, mais je voulais aussi varier les choses. Mes chansons préférées de "Blackjazz" sont "The Madness and the Damage Done" et "Fisheye", pour leurs riffs, le groove dans la batterie, leurs refrains catchy... Ainsi elles ont en quelque sorte servies de référence, car ça me paraissait la bonne chose à faire à ce moment là. Ce que je veux dire par là c'est que ce n'est pas pour autant que nos prochains albums suivront cette même direction, j'ai juste suivi mon instinct, mon coeur... De toute façon, je ne suis pas du genre à me soucier de ce que les gens ou mon label pensent, je suis juste la direction qui m'inspire le plus.  

 

Je t'avouerais avoir eu un gros coup de coeur pour la chanson "I Won't Forget"... 

 

Ah ouais ? Moi aussi ! (rires)
 
Surement une des chansons les plus fortes de cet album, mais qui paradoxalement a été écrite toute à la fin du processus d'écriture. Peux-tu me parler un peu de la genèse de ce titre ? 
Ça a été assez fastidieux pour tout te dire ! Tout a commencé par ce rythme de batterie (il le chante dans le téléphone), puis est arrivé le clavier, la basse, ces notes ascendantes... Mais je trouvais que c'était un peu trop joyeux, le ton, les notes de basse... Donc ça m'a pris beaucoup de temps pour avoir le résultat final. J'ai beaucoup modifié la basse, en allant même jusqu'à ne jouer qu'une seule note sur toute la chanson, mais je ne parvenais toujours pas à obtenir le résultat que je voulais. Puis un jour je suis allé voir le film de science fiction "Prometheus", et j'ai eu un gros coup de coeur pour la musique d'introduction du film, la ligne de synthé en particulier... Donc je suis tout de suite revenu à mon studio avec cette mélodie dans la tête pour la mettre sur le papier, l'enregistrer, puis tout le reste de la chanson est né à partir de cet élément. Ce film m'a beaucoup aidé dans ce sens, et il m'a permis de complètement éradiquer toute trace de bonne humeur de la chanson ! (rires)

 

 

"Finir un clip de Metal avec une histoire d'amour ? C'était génial !" - Jørgen Munkeby

 

Le clip de la chanson est d'ailleurs très conceptuel, avec cette histoire d'amour pour le peu particulière... C'est toi qui a écrit le scénario ? Y-a-t-il un lien avec les paroles ? 

 

Non c'est l'oeuvre d'un de mes amis qui habite à Oslo, il avait déjà réalisé le clip de "Fisheye" il y a quelques années. C'est quelqu'un avec qui j'aime beaucoup travailler, et il se trouve qu'il apprécie également le côté visuel de notre musique, donc nous avons décidé de l'engager pour "I Won't Forget". Avant que ce titre soit écrit il avait déjà en projet de réaliser une vidéo pour "My Dying Drive", avec un thème de science fiction que nous avons donc transposé pour ce titre quand j'ai décidé que ça serait le single de l'album, d'autant plus qu'il était né à partir d'un film de sf ! Il a imaginé la majorité de l'aspect esthétique du clip, je l'ai juste aidé, approuvé ses idées. En ce qui concerne l'histoire, je lui ai donné les paroles, donc il y a un lien, mais l'idée générale était de représenter cette humanité aliénée, contrôlée par des machines, puis qu'à la fin le "Blackjazz", le liquide noir qui arrive dans ces tubes reliés au corps des humains, les libèrent. C'est lui qui a aussi imaginé la scène romantique de fin, et il voulait même l'enlever après réflexion, mais je lui en ai empêché ! Finir un clip de Metal avec une histoire d'amour ? C'était génial ! (rires)
 
Il y a un autre titre qui m'a beaucoup intrigué c'est "Blackjazz Rebels", il est un peu autobiographique, non ?
Oui c'était l'idée ! Nous voulions faire une chanson qui serait notre hymne, pour nous et pour nos fans. Je voulais chanter à propos de choses qui nous rassemblent tous, et qui nous séparent des autres groupes en même temps. "On fait ce qu'on veut, qu'importe ce que vous en pensez...". Oui c'est totalement autobiographique. 

 

Tu as produit cet album en compagnie de Sean Beavan, avec qui tu sembles avoir lié une bonne relation dans le travail. Compte tenu de la complexité et de l'originalité de la musique de SHINING, n'étais-ce pas un peu compliqué de trouver un co-producteur comme lui ? 

 

Oh oui... J'ai produit nos deux premiers albums, les deux suivants ont été réalisés avec un norvégien, ça fonctionnait plutôt pas mal mais il y avait quelques zones d'ombre, et c'est pourquoi j'avais repris la production en main pour "Blackjazz", avec Sean Beavan au mix. C'est un des meilleurs choix que je n'ai jamais fait, car il a apporté une vraie singularité à cet album, et de plus on s'est tout de suite très bien entendus. On a donc continué ensemble sur "Live Blackjazz", et même chose pour "One One One", sauf que cette fois-ci j'ai décidé qu'il allait co-produire l'album avec moi, il a donc été beaucoup plus impliqué qu'auparavant. Mais pour revenir à ta question, oui j'ai eu beaucoup de mal à trouver quelqu'un avec qui travailler, donc je suis très heureux d'avoir pu trouver Sean ! On ne sait jamais ce qui peut arriver, mais pour l'instant j'adorerais créer de nouvelles choses avec lui. 

 

Tu as mis pratiquement un an pour faire cet album, trouves-tu ça long ou est-ce quelque chose de normal pour toi ? 

 

C'était très long ! J'ai commencé le travail dans mon studio à Oslo, puis j'ai continué dans ma maison à Los Angeles, d'où je te parle en ce moment même, et où j'ai du écrire pendant six semaines... C'était plus pratique ainsi car Sean était dans le coin, ainsi dès que je finissais une chanson je lui envoyais, et il me renvoyait ses idées, ce qu'on pouvait changer etc... Et ce même après l'enregistrement terminé avec les musiciens ! Sans parler du mix qui est arrivé tout à la fin... C'était donc très long oui, bien qu'en général je mets minimum 9 mois pour faire un album, mais là une année entière c'était assez exceptionnel...

 

 


"Rien n'est jamais figé, parfois il faut savoir tout réarranger, voire tout mettre à la poubelle..." - Jørgen Munkeby

 

 

 

 

Il y a un truc qui m'a frappé quand j'ai écouté l'album pour la première fois et que mon cerveau était en train de fondre... 

 

 

(Éclat de rire)
 
Comment fais-tu pour créer ça tout seul ? Tout part dans tous les sens c'est incroyable ! 
Je fais tout tout seul en effet. Des idées me viennent à l'esprit, je les mets sur le papier, même chose pour les paroles... Parfois c'est le texte en premier, parfois la mélodie, parfois le rythme de la batterie, et j'enregistre tout dans la foulée sur mon ordinateur avec une boite à rythme. C'est beaucoup de travail, et la formule maîtresse c'est que rien n'est jamais figé, parfois il faut savoir tout réarranger, voire tout mettre à la poubelle... Mais oui je fais absolument tout tout seul, la démo n'est en général jamais très éloignée du produit final... 

 

J'ai lu qu'avant l'enregistrement de l'album "Blackjazz" tu ne te sentais pas en confiance en tant que chanteur, mais pourtant tu as un style bien à toi, et personne ne chante comme toi ! (rires)

 

Oui ! (rires)
 
Es-tu encore anxieux aujourd'hui ? 
J'ai beaucoup plus confiance en mon chant car j'ai beaucoup travaillé dessus, et je continue encore car j'ai encore beaucoup de choses à apprendre. C'est Sean Beavan qui m'avait dit qu'il aimait beaucoup mon chant sur les 4 premières démos que je lui avait envoyées, la façon dont je combine le chant crié et le chant normal. Ça m'a vraiment poussé à travailler beaucoup plus de ce côté là, et rendu plus confiant aussi car oui tu as raison, je ne me sentais pas du tout à l'aise avant "Blackjazz", donc dans ce sens c'est quelque chose d'assez nouveau pour moi. Il y a 5 ans de çà je ne chantais pas du tout ! 

 

Il s'agit du premier album studio de SHINING avec Sagen, un nouveau guitariste. Comment s'est passée cette première collaboration ? 

 

Premier album studio en effet car il figurait déjà sur le live, mais oui c'était la première fois que nous créions quelque chose ensemble. C'était super car en réalité, je ne savais même pas si j'allais le faire enregistrer ou si j'allais m'occuper des guitares moi-même car nous n'avions pas beaucoup de temps et que... Parfois on n'est jamais mieux servi que par sois-même ! (rires) Donc on a commencé par quelques chansons puis je l'ai laissé s'occuper du reste car il se débrouillait très bien. Il a vraiment apporté sa propre touche à cet album et s'est beaucoup impliqué quand il fallait faire des choix. C'est un excellent musicien qui voit tout à grande échelle, il ne se concentre pas seulement sur les guitares... 

 

En regardant votre discographie je me suis aperçu que sur l'album "Grindstone" (2007) il y avait un titre écrit en morse ("-... .- -.-. ...." qui veut dire "Bach"). Pouvons-nous trouver quelque chose de similaire derrière "One One One" ? 

 

Eh bien il y a un code binaire oui ! Car "One One One" veut dire "7" en langage binaire, et il s'agit de notre 7ème album ! Donc oui... Mais plus que ça, il s'agit tout simplement d'une suite de "1", ce qui résumait totalement ma pensée lors de l'écriture de cet album. Les chansons devaient être courtes, directement reliées à l'essence de "Blackjazz", et libérées de tout artifice superficiel. Il fallait que ce soit 9 chansons, 9 claques, sans transitions ni rien, presque 9 singles en fait ! Donc voilà la signification la plus importante de ce titre, et à côté de ça "One One One" veut aussi dire "III" en chiffres romains, pour le troisième volet de la trilogie "Blackjazz"...

 

 


"Je vais continuer à suivre mon instinct pour la suite, même si cela implique de gros changements." - Jørgen Munkeby

 

 

 

 

Avant sa sortie vous avez joué cet album en entier lors du festival by:Larm en Norvège... C'est assez inhabituel comme pratique, non ?  

 

 

Ouais je sais pas... Ça me paraissait une bonne idée en fait ! C'est une idée que nous avions eue bien avant que l'album ne soit terminé pour tout te dire, car nous n'avions jamais fait ce genre de choses et en tant que musiciens nous aimons expérimenter. Je me souviens avoir vu les FOO FIGHTERS jouer "Wasting Light" en entier sur youtube, et c'est une idée qui m'avait beaucoup branché. Ça permet de se concentrer sur la musique plutôt que sur l'image, ce genre de choses... 

 

Les fans ont dû faire une drôle de tête, non ? (rires)

 

Ouais ! (rires) Ils étaient surpris oui, mais ils ont beaucoup apprécié ce qu'ils ont entendus, et je m'attendais vraiment à ce qu'ils soient plus déstabilisés que ça. Je pense que c'était dû au fait que cet album soit un peu plus accessible que nos précédents, c'était très sympa à faire. 
 
Avez-vous des projets de tournée en France ? 
Nous l'espérons oui ! Chacun de nos concerts là-bas a été fantastique, donc j'espère que notre tournée européenne à l'automne prochain nous y amènera pour plusieurs dates !
 
Pour finir, comme "One One One" met donc fin à la trilogie "Blackjazz", sais-tu déjà ce qui va se passer pour la suite ? 
Je n'en ai aucune idée... Je vais continuer à suivre mon instinct pour la suite, même si cela implique de gros changements. En tous cas je suis très fier de ce que nous avons accompli avec "Blackjazz", car ça m'a permis de faire coïncider les deux choses que j'aime le plus au monde qui sont : jouer du Metal et du Jazz ! Donc pour tout ça, il est possible que nous ne nous éloignions pas tant que ça de cette trilogie... Je ne sais pas, on verra ! 

 

"Greenjazz", "Yellowjazz"... 

 

Oh ouais ! "Bluejazz", "Redjazz"... (rires)

 

"One One One" de SHINING est disponible depuis le 4 juin dernier chez Indie Recordings.

01 - I Won't Forget
02 - The One Inside
03 - My Dying Drive
04 - Off The Hook
05 - Blackjazz Rebels
06 - How Your Story Ends
07 - The Hurting Game
08 - Walk Away
09 - Paint The Sky Black

SHINING se produira le 25 octobre prochain au Liberté / L'Étage à Rennes pour les 15 ans de Gamonbozia Inc.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Blogger : Hugo Tessier
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux. Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
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