ROTTING CHRIST n’a jamais cessé d’évoluer au fil de ses presque 30 ans de carrière. Du death metal sans fioritures sur « Thy Mighty Contract » au si travaillé dark/black sur ce nouveau « Rituals », de l’eau du Styx a coulé sous les ponts. En effet, on se plonge dans une ambiance envoûtante, chamanique, voire cathartique qui va crescendo au fur et à mesure des 10 titres de l’album, bien que le quatrièmemorceau, “Les Litanies de”, soit une espèce de paroxysme dans l’écoute.
« Rituals » nous pousse donc à découvrir les cultes religieux et la mythologie associée de l’Hindouisme, l’Hellénisme, le Christianisme et bien sûr le Satanisme. Les titres nous font passer du polythéisme épique grec et indien ou monothéisme, côté sombre, du Moyen-Orient et de l’Europe. L’œil de Satan et la main d’Aleister Crowley sont tout de même le fil rouge avec une omniprésence soit musicale soit vocale grâce, notamment, aux passages parlés de maîtres de cérémonie tels Nick Holmes (PARADISE LOST, BLOODBATH) sur “For A Voice Like Thunder” et surtout la voix de Vorph (SAMAEL) sur “Les Litanies de Satan”. Ils participent à la puissance et à la magie de l’album avec grandeur et décadence.
L’univers musical est obscur et transporte l’auditeur dans une ronde sabbatique. La rythmique est marquée et répétitive, les guitares lourdes mais mélodiques et le chant guttural, mais ici et là, une voix féminine nous appelle telles les sorcières à la tombée de la nuit. Les thèmes abordés aussi bien que la façon de les mettre en musique montrent une réelle évolution artistique qui tend à la perfection. L’attention est constamment captée, il n’y a aucun temps mort et cet album est clairement un rituel de passage pour ROTTING CHRIST.
Leur dark black metal est abouti, ils pénètrent les sphères supérieures du genre, aidés par un mixage fin et précis de Jens Bogren des Fascination Street Studios (BORKNAGAR, MOONSPELL, AMORPHIS…). Avec « Rituals », les frères Tolis nous emmènent tambours battants dans une épopée folklorique et mystique où se mêlent tous les ingrédients d’un parfait recueil musical sur les cultes indo-européens. Baudelaire serait sans doute fier d’apparaître ici en « Bâton des exilés, lampe des inventeurs, Confesseur des pendus et des conspirateurs ». Car ses Litanies sont un subtil résumé de ce qu’est « Rituals », une œuvre sans doute dérangeante mais d’un réalisme et d’une proximité glaçants.