Paris. La Cigale. Le 30 novembre 2015. Cette date restera à jamais gravée, au sens propre comme au figuré, dans les mémoires et maintenant sur disque. Ce jour précisément a été l’occasion pour NO ONE IS INNOCENT de donner un concert unique, incroyable et dévastateur. Le titre de cet album, « Barricades : Live », donne le ton. Comme NO ONE (pour les intimes) l’a toujours fait. Hautement revendicateur, vindicatif, sans concession. Voilà ce qu’est NO ONE IS INNOCENT. Et ce CD/DVD live est un véritable testament de notre époque, particulièrement après une année 2015 effroyable et meurtrière par deux fois.
Meurtri, c’est le constat que l’on peut faire du groupe ce soir-là. Meurtri mais aiguisé, affuté, chargé, tremblant, comme une grenade sonore dégoupillée et prête à péter à la gueule de la société, et dans un premier temps à celle de tous les fans présents. On sait le groupe une véritable machine implacable et sur-électrisée sur scène depuis ses débuts en 1994, date à laquelle je l'ai vu à l'occasion de la promotion de son premier album devenu culte. Et c’est encore une fois, là sur la scène de La Cigale, que NO ONE IS INNOCENT l’a prouvé. A ceux qui en doutaient comme à ceux qui le savaient déjà.
En 18 titres, NO ONE sème un chaos organisé au sein du public, en proposant une set-list terrassante. Et joue pour l’occasion l’intégralité de son dernier et excellent album « Propaganda ». S’ajoutent à cette liste les morceaux "Nomenklatura", "Revolution", le toujours bienvenu "Johnny Rotten" et son intro croustillante, "Gazoline", "Chile" et l’indéboulonnable morceau qui déboulonne : "La Peau". L’ambiance est énorme, la tension palpable, l’électricité organique, viscérale. On a beau être devant ses enceintes, c’est exactement comme si le groupe était devant nous. Kemar, le chanteur est, comme le groupe, en grande forme et se met le public dans la poche dès les premières secondes. Ça joue vite, ça enchaîne à toute berzingue et ne lâche pas le public une seule seconde.
L’avant-dernière plage du disque est nommée "Discours Charlie Hebdo". Et sur scène s’invitent à la demande du groupe Coco et Marika, rescapées de l'hebdomadaire satirique. Un discours intense, poignant bien sûr. Les mots sont choisis, le ton juste, des frissons nous parcourent l'échine et des images violentes nous assaillent. Ne pas oublier. Elles nous invitent à ne pas lâcher, à ne RIEN lâcher. Debout, plus vivants que jamais, rarement une expérience live aura pu être aussi organique que celle vécue par le public présent. Le dernier titre extrait du dernier album, "Charlie", est alors éructée par le groupe, les paroles littéralement crachées par un Kemar extatique et enragé.
Si vous aimez le groupe, vous adorerez. Si vous ne le connaissez pas, vous serez conquis. Plus qu’un soutien au groupe, c’est un acte citoyen de se procurer ce disque. « Allez NO ONE, parle-moi ! ».