Il y a un an sortait « The Key », le premier volet de la trilogie annoncée par Geoff Tate avec son nouveau groupe, OPERATION: MINDCRIME. Il avait d’ailleurs prévenu dès le départ que l’intervalle entre les albums serait court et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas menti le bougre. Et voici « Resurrection », suite – mais pas fin donc – de l’histoire démarrée en septembre 2015 et qui permet de retrouver nos protagonistes là où nous les avions laissés. L’album lui, par contre, prend tout son temps au redémarrage, comme une résurrection pourrait-on suggérer… Quatre titres d’introduction afin de remettre l’auditeur dans le contexte. Cela peut étonner au premier abord mais cela devient complètement motivé et logique à l’arrivée. Bon, Geoff Tate a quand même fait partie du groupe qui a sorti l’album « Operation: Mindcrime » et l’histoire torturée de cette trilogie est née de son cerveau tortueux (du moins l’est-il un peu sûrement). Rien que cela donne à mon sens un certain crédit à sa nouvelle entreprise, vous ne trouvez pas ?
Le premier vrai titre de l’album, "Left For Dead" est sorti en single avant l’été et, isolé du reste, ne saute pas aux oreilles. Mais ce disque est un puzzle, un scénario et tout prend un sens avec l’ensemble. Et quel(s) sens ! Les cinq même si on pouvait l’ingérer. Un beau pavé d’un peu plus d’une heure mais qui se dévore sans peine. Il faut dire qu’il y a un sacré paquet de chefs étoilés aux fourneaux. Outre le proprio et ses associés – le vieux pote Kelly Gray, les vieux tout court Brian Tichy (WHITESNAKE) et Simon Wright (AC/DC, DIO) et le dreadlocké John Moyer (DISTURBED) –, on a une belle brochette d’invités spéciaux. Jugez-en par vous-même : David Ellefson (MEGADETH), Tim "Ripper" Owens (ex-JUDAS PRIEST, ex-ICED EARTH...) ou Blaze Bayley (WOLFSBANE, ex-IRON MAIDEN). Du coup, ça ne chôme pas en cuisine.
Le maître des lieux a toujours une voix impeccable (chose dont un certain nombre de spectateurs français ont pu se rendre compte lors du passage du groupe en décembre dernier) et module à volonté pour s’insérer dans les diverses ambiances tissées par ses compagnons d’armes. Chaque titre est une scène du film audio que l’on a inséré dans sa platine CD et on ne peut pas écouter « Resurrection » en mode aléatoire ou en n’en choisissant que quelques titres. Impossible de lui rendre justice sinon. Dans l’ensemble, je trouve qu’on est très souvent dans la plus pure tradition “Queensrÿchienne” époque « Promised Land » (le saxo présent sur le morceau "The Smear Campaign" m’en est témoin) mais l’album est aussi traversé de fulgurances déjà entendues sur « Rage For Order » ou « The Warning ». Et sans rentrer dans les querelles de clochers entre les pros et anti-Geoff Tate, on se dit que l’entité "légale" QUEENSRŸCHE d’aujourd’hui serait bien en peine de proposer un album d’aussi belle facture. Si « The Key » annonçait déjà la (belle) couleur du projet, « Resurrection » place la barre encore un cran au-dessus et il tardera sans nul doute à tous les auditeurs d’entendre le troisième volet qui refermera cette histoire.