Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.
Il est des associations qui font des étincelles, confinent au génie et pondent des œuvres éphémères, d’une qualité rare et qui disparaissent presque aussi vite qu’elles sont apparues. Le cas d’INFECTIOUS GROOVES est de cette catégorie. Créé par Mike Muir et Robert Trujillo (alors respectivement chanteur et bassiste de SUICIDAL TENDENCIES), le groupe s’adjoint les services de bons potes prêts à les suivre dans leur délire, notamment Dean Pleasants et Adam Siegel aux guitares (le second étant également responsable de l’iconographie du groupe) et Stephen Perkins à la batterie. Après un premier album bien déjanté et funky au possible (on est au-delà du style fusion même) tout en gardant des titres de première bourre (dont l’un, "Therapy" avec la participation d’Ozzy Osbourne lui-même), les voilà qui remettent le couvert et sortent « Sarsippius’ Ark » le 16 février 1993 pour la plus grande joie de nos oreilles et esprit grands ouverts.
Album un peu spécial car il renferme outre de nouveaux titres, des chutes du premier, des reprises, démo et autres titres live, le tout relié par des sketches improbables mettant en scène la mascotte du groupe, Sarsippius (qui est on ne peut plus éloigner d’une autre mascotte iconique d’un célèbre groupe de heavy metal anglais…) et dont la voix est empruntée à un certain Aladin Sarsippius Sulemanagic, un Yougoslave si l’on en croit une interview donnée par Dean Pleasants en 2008 (il parlait alors de la sortie prochaine d’un nouvel album et puis… rien. Argh !) Légende ou réalité, seul le groupe a la réponse. Les titres originaux tels que "Turtle Wax (Funkaholics Anonymous)", "Three Headed Mind Pollution" ou "These Freaks Are Here To Party" (dont vous pouvez visionner la vidéo complètement barrée en fin d’article), sont des bombes à fragmentation qui, lorsqu’elles explosent, atteignent vos pieds en les faisant s’agiter, vos oreilles et votre tête qui la font s’envoler. Imparables et gavées au passage de lignes de basse de Mr Trujillo à faire pâlir les bassistes, même les plus aguerris.
Au programme également, des reprises justes et auxquelles INFECTIOUS a su apporter une couleur et une empreinte personnelles sans en changer l’essence même ("Immigrant Song" de LED ZEPPELIN et "Fame" de David Bowie) et des titres live qui démontrent le potentiel scénique du groupe à l’image du morceau "Do The Sinister" dont la captation a eu lieu en 1992 à Los Angeles. Pour finir, un titre (pas trop) caché avec "Spreck", dernier délire avant de prendre congé.
Le groupe sortira ensuite deux autres albums dont le très réussi « Groove Family Cyco » (avec un très jeune – 17 ans alors – Brooks Wackerman à la batterie et qui officie aujourd’hui chez AVENGED SEVENFOLD). Plus conventionnel dans sa forme (exit les sketches) mais bien plus brutal dans ses compositions (le bien nommé "Violent & Funky" ou "Rules Go Out The Window" par exemple). L’entité est à ce jour en hibernation et n’a plus sorti d’albums depuis 1999 et rien ne saurait plus nous faire plaisir que d’entendre à nouveau ses basses slappées et ses riffs plombés. Sarsippius, Cyco Miko (surnom de Muir) et surtout Robert, si vous lisez ces lignes…
Pour aller plus loin :
1992 – The Plague That Makes Your Booty Move… It’s The Infectious Grooves
1994 – Groove Family Cyco