17 mars 2017, 16:41

BODY COUNT

"Bloodlust"

Album : Bloodlust

« Body Count’s In Da House… » AGAIN ! Il ne s’est pas écoulé trois ans entre ce nouveau disque et l’excellent « Manslaughter », album qui voyait revenir aux affaires (non criminelles) le gang mené par Ice T. Et si Tracy Lauren Marrow de son vrai nom, mène une carrière d’acteur dans la série « Law & Order » (« New York, Unité Spéciale » en VF), il n’en oublie pas qu’il est musicien et qu’outre sa carrière dans le rap, il a fondé BODY COUNT au début des années 90 s’attirant d’emblée les foudres de la censure et du gouvernement américain par la publication d’un seul titre sur son premier album, le subversif "Cop Killer" qui, à l’époque, avait fait grand bruit dans le Landerneau US et même au-delà. Voilà qui situe un peu les choses pour tous ceux qui ne connaissent pas encore BODY COUNT. Et ce « Bloodlust » alors ? J’y viens, bande d’impatients !

Dans l’univers de BODY COUNT, il n’est nulle question de dragons et de sortilèges, de diableries et de sacrifices ou encore de gent féminine peu farouche et friande de virées en Harley sur Sunset Boulevard (et plus si affinités mais il y a toujours affinités de toute façon). Pas du tout le genre du neighbourhood. Chez B.C. (soyons familier), le sifflement des balles résonne – de préférence, celles d’armes lourdes : UZI ou AK-K7 – et le sang se répand en mare. Pas de rescapés, les morts s’amoncellent. Le verbe ? A l’image de ce qu’il véhicule : direct, sans fioritures, violent. Le terrain de jeu d’Ice T a toujours été la rue. Ancien membre (non "officiel" cependant) des Crips, un gang de Los Angeles opposé aux Bloods, tout ce qu’il relate sur disque, il le connaît et l’a vécu. Et ce n’est pas à bientôt 60 ans (eh ouais…) qu’il va commencer à ne plus observer le monde qui l’entoure. Et encore moins avec l’arrivée d’un certain Donald à la tête du pays dans lequel il vit. Et en plus, Ice T est… "noir". Pressentant le pire, l’album s’ouvre avec "Civil War", sorte d’avertissement sur lequel Dave Mustaine, leader de MEGADETH, vient taper un solo inspiré. "The Ski Mask Way" est le deuxième avertissement (avant exécution dixit Fantômas) et décrit la façon des gangs de gérer leurs problèmes. Et c’est peu de dire que ça ne rigole pas. Et Ernie C, le guitariste/co-fondateur du groupe dans tout ça ? Eh bien, il défouraille façon drive-by-shooting. Personne n’en sort indemne.
Le mid-tempo "This Is Why We Ride" insiste sur le fait que la rue continue à être meurtrière. L’un des riffs est appuyé à la double grosse caisse, le tout rehaussé en rythme par la déflagration d’une rafale d’arme automatique. Cela peut sembler téléphoné comme effet mais c’est méchamment efficace et le message n’en est que plus clair. Et il fait froid dans le dos. La grosse voix de Max Cavalera (SOULFLY et ex-SEPULTURA) se fait alors entendre sur "All Love Is Lost", chanson sur un amour perdu et un titre très efficace au passage. J’en profite pour vous dire qu’à ce moment de l’album, le nombre de fois où est employé le mot « fuck » sous des formes diverses est bien trop important pour être comptabilisé. Au début de la piste suivante, Ice T revient sur différents points : les motivations qui l’ont mené à fonder BODY COUNT avec son home-boy Ernie C, son attirance pour le metal et ce qu’il dégage ainsi que son amour pour… SLAYER ! Ça tombe bien, le bonhomme a collaboré avec eux en 1993 sur le titre "Disorder" enregistré pour la bande originale du film Judgement Night. Démarre alors un medley composé de "Raining Blood" et "Postmortem". Pas facile de reprendre du SLAYER mais quand c’est fait avec passion et loyauté, ça passe tout seul. Et ici, c’est le cas. Un court interlude, "God, Please Believe Me" permet de retrouver un peu ses esprits et à nouveau, on se fait malmener (doux euphémisme…) par Randy Blythe (chanteur de LAMB OF GOD) qui vient pousser sa gueulante sur "Walk With Me". Le titre et son riff sont dark et thrash au maximum. Ca tricote sévère au niveau rythmique et solo et tous ces éléments font de lui l’un des meilleurs titres de cet album.
"Here I Go Again" qui vient ensuite n’est pas une reprise de WHITESNAKE. Sur ce titre lourd, le chant se fait menaçant et  des hurlements se font entendre en fond conférant une atmosphère malsaine au propos du personnage qui est ici un meurtrier sadique. Ambiance… Notre hôte introduit ensuite par un petit discours un manifeste intitulé "No Lives Matter". Il y parle de clivage, de "différences" ou du fait que le gouvernement essaie de monter les uns contre les autres et de rejeter la faute sur tout le monde. Riff syncopé typique de la maison mais la sonorité des guitares, lourdes au possible, ainsi qu’un refrain scandé mettent la barre à nouveau bien haute.
Le titre éponyme "Bloodlust" n’est pas à proprement parlé un titre qui évoque la cueillette des pâquerettes au printemps. Je cite les paroles : « Depuis la nuit des temps, les humains s’entretuent lorsqu’ils ne sont pas d’accord entre eux / L’être humain est le seul animal qui considère le meurtre comme un sport / Quand quelqu’un me blesse, je veux me venger. Je veux qu’il ait mal. Je veux qu’il meure. J’ai une maladie : je suis assoiffé de sang ! » Capice ? Et j’ose l’analogie : ce titre est une TUERIE !
Pour conclure, on prend un dernier coup de batte (Lucille ?) avec "Black Hoodie" ou le compte-rendu fait des bavures policières envers de jeunes afro-américains. Titre doté d’un refrain sans appel en forme de supplique : « Je porte un sweat noir / Une capuche sur la tête / Je n’ai même pas de flingue / Pourquoi suis-je mort alors ? ». Cette chanson et l’album se concluent sur une dernière détonation d’arme à feu, le coup de grâce tiré à bout portant comme si l’auditeur était la victime.
Cet album est une réussite totale d’un bout à l’autre, sans temps mort, s’enchaînant de façon parfaite. A mon sens, BODY COUNT vient de commettre là le forfait le plus abouti de sa carrière et nul doute qu’il va faire des victimes via les platines. For Those About To Shot (We Salute You) !

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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