Le long passage du guitariste Roland Grapow au sein de HELLOWEEN a laissé de belles traces dans la discographie des citrouilles hambourgeoises et celui-ci a décidé de revisiter ses glorieuses heures de jardinage, pas bêcheur pour un sou le gars, mais sous la bannière de son propre groupe MASTERPLAN. N’a-t-il pas suffisamment récolté les fruits de son dur labeur à l’époque ? Malicieusement intitulé « PumpKings », ce disque permet de (re)découvrir onze morceaux allant de « Pink Bubbles Go Ape » à « The Dark Ride », soit la période de 1991 à 2000, chansons totalement réenregistrées pour l’occasion.
La première interrogation est de chercher l’utilité d’une telle entreprise quand un line-up entré dans la légende du genre (tout comme le nom du groupe associé) a créé ces morceaux et les a très bien interprétés du reste. Remplacer Michael Kiske (pour les titres de « Pink Bubbles Go Ape » et « Chameleon ») et Andi Deris (pour ceux de « Master Of The Rings », « The Time Of The Oath », « Better Than Raw » et « The Dark Ride »), deux voix qui comptent parmi les plus illustres représentants du genre ? Pari risqué, casse-gueule voire suicidaire et combat perdu d’avance pour s’avouer la vérité. Les autres membres d'HELLOWEEN n’étant pas en reste non plus, le guitariste Michael "Weiki" Weikath en tête, que vont bien pouvoir sortir de leur chapeau les autres musiciens ? Des lapins ? Réarranger les chansons ? Point du tout. Réécrire les soli ? Que nenni. Certains titres dépassant les 7 et 8 mn, en faire des radio-edits ? Même pas.
Alors, à quoi sert « PumpKings » dans ce cas ? A faire bénéficier d’une production plus moderne, plus couillue et réajuster le niveau des guitares au niveau d’ego (hello "Mr. Ego" !) de Grapow ? Plusieurs choix possibles, cocher la/les case(s) qui vous convient/nent. Certes, il est plaisant de réentendre "The Chance" ou "Music" sur une production actualisée mais on regrette la voix de Kiske. Même constat en ce qui concerne Deris sur "The Time Of The Oath" ou "The Dark Ride", preuve que ces deux chanteurs ont marqué définitivement la musique d'HELLOWEEN de par leurs voix caractéristiques et reconnaissables entre mille. Je ne dis pas que le chanteur de MASTERPLAN, Rick Altzi, ne fait pas du bon travail car il abat un boulot colossal sur ce disque de reprises et son timbre est agréable. Mais il ne permet pas d’effacer ses deux illustres prédécesseurs qui ont donné vie et voix à ces titres et auxquels on pense constamment lors de l’écoute, faisant des comparaisons et le parallèle avec les versions d’origine.
Ce disque s’adresse donc uniquement aux die-hard fans d'HELLOWEEN mais certainement pas aux fans lambda et encore moins à ceux de MASTERPLAN qui n’aimeraient pas l’ancien groupe de son leader. MASTERPLAN ne sera jamais HELLOWEEN et j’espère que Grapow ne cherche pas là à se faire grenouille plus grosse que le bœuf.