Les membres de SikTh ont suivi jusque-là un chemin pas si différent de nombreuses autres formations mais qui a eu des répercussions sur la pérennité de son existence. Création en 1999 et deux albums entre 2003 et 2007, puis départ ensuite des chanteurs pour se consacrer à leurs projets personnels (le chanteur Mikee Goodman et le batteur Dan Foord collaboreront notamment avec l’un des guitaristes d’IRON MAIDEN, Adrian Smith, avec qui ils sortiront un album sous le nom de PRIMAL ROCK REBELLION). On pensait SikTh mort et enterré mais l’annonce de leur réunion en 2014 pour un concert au Download a relancé la machine et c’est depuis reparti comme en 40, pépé ! Ils livrent aujourd’hui un nouvel album après un EP en 2015...
Autant le dire tout de suite, ce « The Future In Whose Eyes? » est un très bon album. Tout y est lié et trois titres narratifs ("This Ship Has Sailed", "The Moon’s Been Gone For Hours" et le final "When It Rains") font la jointure entre ses parties. Le direct "Vivid" (rien à voir avec une célèbre société de production cinématographique américaine), ouvre l’album. Mélodiques tout en gardant leur agressivité, on continue avec "Century Of The Narcissist?" et "The Aura". Le chanteur de PERIPHERY, Spencer Sotelo, vient alors faire une apparition sur le titre "Cracks Of Light". Mikee Goodmann est excellent comme à son habitude, son style particulier reconnaissable à ses premiers phrasés est pour beaucoup dans l’intérêt que l’on porte à SikTh.
Que l’on ne se méprenne pas, le groupe joue furieusement bien derrière et il faudra beaucoup d’écoute à l’auditeur pour en percevoir toutes les nuances. La version deluxe de l’album comprend d’ailleurs un disque avec les pistes en instrumental uniquement qui permettent de se rendre compte du très bon travail effectué par les musiciens mais aussi un CD complément de titres "revisités" par le guitariste et producteur Dan Weller. "Riddles Of Humanity" démarre en pur djent, riff furibard mais laisse quelques plages planantes le traverser. La belle complémentarité entre les voix de Goodman et Joe Rosser (remplaçant de Dustin Hill depuis 2016), est un autre élément singulier de SikTh. Fin de la balade avec "Ride The Illusion" et "When It Rains" pour un sentiment d’urgence, de peur, de révolte mais aussi de mélancolie qui se dégagent de ces 46 minutes. Mêlant à la fois une grande douceur et une forte agressivité, voici un groupe et un disque qui explorent toutes les facettes qu’ils veulent tout en restant cohérent d’un bout à l’autre.
Pour ne rien gâcher, l’album bénéficie d’une superbe pochette signée par Meats Meier. Produit par Dan Weller, ce dernier est à féliciter car il n’est pas évident d’être partie prenante de par son rôle de guitariste et d’agencer le nombre d’informations présentes sur toutes les pistes pour les rendre fluides, ce qui rend son travail ici d’autant plus remarquable. En espérant que ce retour ne soit pas qu’un one-shot et que SikTh nous rende de nouveau visite dans un… futur proche.