La marche conquérante inter-galactique de GWAR aurait pu s’arrêter de façon abrupte suite au décès par overdose de leur précédent chanteur, Dave "Oderus Urungus" Brockie survenue en 2014. Un gâchis énorme vu la qualité du précédent album, « Battle Maximus », qui voyait justement le groupe revenir en grande forme et qui ne demandait certainement pas mieux que suivre ce couloir spatio-temporel de destruction auditive. Le titre de ce nouveau disque, « The Blood Of Gods » est d’ailleurs un hommage direct à la perte de leur ancien leader, remplacé par celui qui va, par le doux patronyme de "The Berserker Blóthar".
Si le précédent méfait de l’affreuse bande de monstres lorgnait méchamment vers un thrash furieux et qui bénéficiait d’un son étoffé et costaud, « The Blood Of Gods » est tout autre. Déjà, le chant se fait moins vindicatif que celui de feu-Oderus Urungus et le son est plus plat et rêche que sur le précédent. Niveau compositions, là c’est un peu La Foirefouille. On y trouve un titre long et lourd à la "War Pigs" de BLACK SABBATH en ouverture ("War On GWAR"), un rock nerveux dans une lignée rappelant AIRBOURNE ("Viking Death Machine"), du heavy rock en grande majorité ou bien un titre aux relents punk mâtiné d’un break metal et de soli dans une veine proche de SLAYER. Si l’ensemble de cet album se tient à peu près droit et qu’il contient nombre de moments suffisamment convaincants pour faire headbanguer l’auditeur, il peine à surprendre (seul "Swarm" qui renferme un riff d’intro presque funky est réussi et sort du lot mais ne semble pas à sa place sur un tel album), et freine la cadence qui avait été mise en place sur le précédent disque. GWAR choisit de clore la discussion avec une reprise… d’AC/DC (WTF ?), en l’occurrence "If You Want Blood (You Got It)" qui n’apporte strictement rien au propos tant elle est conforme à l’originale, quoique bien interprétée cela dit. A leur décharge (et je choisis mes mots, quiconque a déjà vu un concert de la bande comprendra l’analogie), ce n’est pas chose aisée d’être original en s’essayant au courant alternatif/courant continu.
Lancé par deux singles pas mauvais mais sans moment de bravoure (les images des clips valent presque mieux que le son que l’on peut y entendre), que peut-on penser et comment juger « The Blood Of Gods » ? Car il est impossible de ne pas faire de comparaison et le précédent album de GWAR avait mis la barre très haute, après avoir été un groupe largement sous-estimé par l’ensemble de la profession. Et ce n’est pas ce nouveau disque qui va faire taire les mauvaises langues. Le nombre de similitudes avec d’autres groupes cités plus haut ne va pas non plus dans le bon sens. On ne saurait trop conseiller au groupe de changer d’orbite et de défourailler à tout va plutôt que de virevolter dans l’espace en tirant à blanc.
