Après avoir foulé et retourné le sol français l’an dernier lors des éditions du Download et du Hellfest, le groupe PROPHETS OF RAGE, composé de trois ex-RAGE AGAINST THE MACHINE et de deux chanteurs issus des groupes PUBLIC ENEMY (ainsi que DJ LORD aux platines) et CYPRESS HILL, venait ce vendredi 10 novembre pour une date unique en France au Zénith de Paris avec la quasi-certitude de faire un carton plein. Pari réussi et retour en détails sur ce concert.
La circulation pour se rendre à Paris un vendredi soir ne m’aura pas permis d’assister au set des NOVA TWINS, un duo de jeunes Londoniennes qui officient dans un style rock/rap (pour la voix) assez sympa et facile à écouter, plutôt intéressant mais pas transcendant selon les appréciations glanées autour de moi. Je me garderais donc de donner un avis plus avant mais vous pouvez aller voir le groupe lors des dates qu’elles donnent ces jours prochains dans l’Hexagone en support d’un EP 5 titres sorti récemment.
C’est juste après 21h que le noir se fait et que DJ LORD vient à ses platines pour un set introductif de 25 mn où il scratche avec l’album des PROPHETS OF RAGE sur des morceaux archi-connus tels que ''Smells Like Teen Spirit'' de NIRVANA, ''Beat It'' de Michael Jackson, ''The Next Episode'' de Dr. Dre & Snoop Dogg, le mythique ''That’s The Sound Of The Police'' de KRS-ONE ou encore ''Enter Sandman'' de METALLICA. Un choix qui ratisse large mais qui fait l’unanimité à chaque enchaînement, preuve que le public présent n’est peut-être pas 100% "metal" mais connaît ses classiques et fait preuve d’une ouverture d’esprit musicale bienvenue. On n’en attendait pas moins d’une audience venue applaudir un groupe composé de rockers (au sens large) et de rappers.

La sirène d’alerte anti-DCA retentit à 21h30 et Tom Morello, Brad Wilk, Tim Commerford, B Real et Chuck D montent sur scène pour lancer ''Prophets Of Rage'' qui terrasse le public d’entrée de jeu avec un son clair et puissant (et une place prépondérante dans le mix pour le duo basse/batterie qui rend justice à la paire sans qu’elle couvre les voix ni la guitare de Morello. Merci à l’ingé-son !).
Ce soir, comme pour les autres dates, le groupe pioche dans le répertoire des trois formations à qui appartiennent ses différents membres. La triplette "RATM", composée de ''Testify'', ''Take The Power Back'' et ''Guerrilla Radio'', élève encore un peu le niveau et la fosse archi-blindée saute comme un seul homme et vocifère bruyamment à chaque invective des deux hommes au micro. Le premier album des PROPHETS OF RAGE contient de bons morceaux qui, pour certains, ne m’avaient pas totalement convaincus sur disque, mais révèlent un vrai potentiel en live. ''Living On The 110'' et surtout la fulgurante ''Hail To The Chief '' en attestent.

Place au hip-hop avec une version remaniée en mode rock de ''Fight The Power'' chantée initialement par PUBLIC ENEMY et un medley ultra-efficace des titres les plus emblématiques des deux groupes de hip-hop (même s’il en manque bien d’autres, toutes aussi populaires). S’y glisse même le ''Jump Around'' de HOUSE OF PAIN avant que les musiciens ne reviennent pour lancer un mix de ''Sleep Now In The Fire'' et ''Cochise'' d’AUDIOSLAVE afin que Tom Morello puisse faire la transition avec une version instrumentale de ''Like A Stone'' chantée par le regretté Chris Cornell et dont le morceau est un hommage à sa mémoire. Cette chanson agit comme une accalmie dans cette véritable tempête sonore que connait le Zénith. Tempête qui repart de plus belle avec ''Know Your Enemy'' et ''Bullet In The Head'' des RATM et un convaincant ''Legalize Me'' des PROPHETS qui était juste moyen sur album (comme quoi, le live parfois change tout… en bien), et ''Unfuck The World '' qui elle, tient toujours ses promesses, et recueille une belle volée de majeurs dressés dans la salle. Une autre transformation de hip-hop en rock pour un classique de CYPRESS HILL, ''How I Could Just Kill A Man'', puis les derniers taureaux sont lâchés dans l’arène sur ''Bulls On Parade '' et le définitif ''Killing In The Name'' pour une dernière démonstration de voix de la part du public qui finit rincé après 1h40 de laminage en règle (le sol de la salle est littéralement trempé lorsque les lumières se rallument).

Un concert impeccable de bout en bout, une set-list extrêmement bien équilibrée et qui s’enchaîne sans temps morts, le tout exécuté par des musiciens ultra-carrés et professionnels au possible, tout en jouant avec plaisir et authenticité, donnant le meilleur d’eux-mêmes à chaque seconde.
Le public était inter-générationnel, les "vieux de la vieille" de l’époque RATM en 92, bien représentés, mais la nouvelle pousse était là aussi en grand nombre, tout juste la vingtaine pour ces derniers et venant faire tomber la moyenne d’âge de façon significative.
Voilà ma foi un concert qui restera dans les annales du genre, une telle puissance étant rare de la part d’un groupe sans parler d’une interaction aussi bonne avec le public. « Fallait y être ! » comme dirait l’autre.
Photos © CelEye Kopp - Portfolio
