14 avril 2018, 17:13

Festival Nuits Carrées

• Interview Sébastien Hamard

Dans cet endroit sublime qu'est le Fort Carré d'Antibes se déroulera à nouveau le bien nommé Festival des Nuits Carrées du 28 au 30 juin. Ce festival familial et au concept respectueux et respectable propose cette année une affiche variée mais forte en metal, avec notamment une soirée du 28 juin aux accents français avec en tête d'affiche DAGOBA. Alors, avant la ruée vers les gros festivals d'été, il est très conseillé de faire un petit tour dans cet espace hautement sympathique, tout comme Sébastien Hamard, organisateur de l'événement, qui présente l'événement avec tout le dynamisme qui l'anime.


Est-ce que tu veux bien nous parler un peu de ce festival et plus particulièrement de l'édition de cette année ?
Le festival existe depuis 2007 à Antibes. Il se déroule au Fort Carré, en bord de mer, un endroit magnifique. Jusqu'en 2007, il était inexploité, donc ça représentait un gros challenge d'aménagement. Il est aussi beau qu'il est brut d'aménagement d'électricité et d'eau, donc ça a été un beau défi, qu'on continue à relever. C'est un événement qui se déroulait sur deux jours, jusqu'à l'année dernière. Et pour les 10 ans du festival, on a décidé d'ouvrir une soirée dédiée aux esthétiques rock et alternatif et le public a répondu plus que présent, l'an passé. On est plutôt ravi, donc on remet ça cette année. Ce qui constitue la base fondamentale de cet événement, c'est qu'on a voulu créer vraiment un lieu de vie à ciel ouvert et pas une salle de concert en plein air. Et proposer 8 heures de live par soir dans un lieu qui est accessible au plus grand nombre.

Et du coup, cette année, vous avez beaucoup misé sur la scène française, même locale.
Oui, en effet, c'est très varié. Il y a beaucoup d'artistes français ou francophones. On a une première soirée du 28 juin qui est vraiment dédiée à la scène rock alternative 100% FR, avec PLEYMO qui a été un peu le moteur de départ de cette soirée. On a voulu miser sur la découverte avec SMASH HIT COMBO en début de soirée qui fait écho à PLEYMO dans le registre. On a les tauliers de la région PACA en metal, DAGOBA, et ULTRA VOMIT pour pimenter tout ça. Et on a donc réussi à monter une belle soirée 100% française.

DAGOBA en plus va mettre le feu à votre public !
Oui, complètement ! C'est une soirée qui je pense est assez attendue par le public. Et puis on a montré qu'on n'irait pas qu'à moitié dans ces univers musicaux. Et cette année, on le confirme car on les retrouve même sur deux soirs.

Du coup, des groupes comme ULTRA VOMIT, cela permet peut-être de dédiaboliser un peu la scène metal auprès d'un public de néophytes non ?
Exactement ! On est encore au début de cette aventure donc il faut qu'on soit vraiment attentifs à garder l'esprit du festival qui est un événement quand même très familial. On s'est rendu compte l'année dernière que sur la soirée qui accueillait SEPULTURA, CARPENTER BRUT, on a retrouvé ce public très familial. Donc il faut qu'on trouve le bon équilibre entre pari artistique plus extrême et formations qui effectivement dédiabolisent un peu tout ça et qui nous font rigoler et c'est le cas d'ULTRA VOMIT.



C'est ambitieux quand même ce projet d’éclectisme, de mêler toutes les scènes mais le public a l'air assez réceptif à ça non ?
On se rend compte que le public aujourd'hui est attaché à toutes les musiques. On retrouve des publics très similaires sur la soirée metal, sur la soirée hip-hop. Il y a des gens qui aiment tout autant ULTRA VOMIT et SOULFLY que ROMEO ELVIS ou M.O.P qu'on a sur le vendredi soir. Il faut juste trouver le bon équilibre.

Et du coup, comment sélectionnez-vous les groupes qui viennent jouer sur le festival ?
Ben un petit peu comme tout le monde, on est attentifs à ce qui se passe, on suit l'actualité des groupes, on travaille avec des agents avec qui on s'entend très bien, particulièrement sur la scène rock et tout le monde participe au fait de proposer des plateaux un peu intéressants malgré les difficultés aujourd'hui qu'il y a par la centralisation de l'offre rock/metal en Europe car il y a de très très gros événements qui avalent beaucoup de choses. Mais nous, on continue à croire en le format intermédiaire des Nuits Carrées qui est pour nous un format extraordinaire à travailler. On a une capacité de 3500 personnes par soir. On veut vraiment conserver cette jauge au profit de l'histoire qu'on a à raconter et de notre public. D'où le positionnement qu'on a depuis le début du festival, d'un festival au mois de juin et pas sur la période estivale, pour continuer à garder l'âme du festival et toucher les publics locaux.

Cela permet d'éviter le grand rush de tous les festivals d'été. C'est une mise en bouche quoi.
Oui, c'est ça. Et on essaye de jouer un rôle important dans l'accès au plus grand nombre car on a une politique tarifaire très basse, on a un modèle économique qui est particulier, qu'on essaye de rendre innovant chaque année et qui permet de continuer à proposer ces tarifs très bas et de rendre l'événement le plus accessible possible pour répondre un petit peu aussi aux attentes des publics de 30-40 ans qui ne peuvent pas se payer 4-5 concerts dans l'été à 60 euros la place.



Vous avez trouvé la bonne formule j'ai l'impression avec la cadre somptueux ,les tarifs imbattables, je pense que c'est un festival qui du coup est attractif.
C'est la bonne formule mais elle demande toujours d'être remise en question, chaque année car le travail que l'on fait demande toujours de se remettre en question. On ne se repose pas sur nos lauriers, il faut innover pour nos publics, il faut les surprendre, rien n'est jamais acquis. Je pense que c'est une des forces de cet événement, c'est chaque année arriver à proposer quelque chose de différent, une approche différente tout en continuant à impliquer au maximum les publics.

D'ailleurs quel est ton ressenti par rapport au public : est-ce que tu vois une évolution depuis toutes ces années ?
Le public change par définition parce qu'un territoire évolue, parce que l'offre du territoire change d'année en année, il y a de nouvelle choses. Quand on a commencé il y a 12 ans, le public qui est resté fidèle aux Nuits Carrées avait 12 ans de moins. Donc le public évolue aussi avec son âge, avec ses possibilités, avec les mutations du territoire. Si on veut continuer notre rôle et garder notre proximité avec le public, il faut rester attentif à tout cela. D'où cette remise en question obligatoire chaque année. Là où je trouve qu'il y a vraiment des choses passionnantes à vivre, c'est que pour moi le public n'a jamais eu autant un rôle important à jouer dans nos processus de production et de diffusion de musique. Grâce aux réseaux sociaux, il y a une proximité qui est énorme et le public a une vraie parole et une vraie voix à donner sur ce qui se passe, ce qui n'était pas forcément le cas il y a quelques années, en tous cas beaucoup moins le cas. On proposait quelque chose, le public disposait, ou pas.
Aujourd'hui, j'essaye vraiment de penser les choses dans l'autre sens, c'est-à-dire que la musique et les concerts, c'est vraiment un outil de diffusion que l'on doit mettre au profit des publics. D'ailleurs la création de la soirée metal l'année dernière sur le festival était vraiment le résultat de ça. C'était un constat de se dire qu'en région PACA, il n'y avait pas d'événements d'envergure pour ces esthétiques. Il y a énormément de micro-pratiques très dynamiques mais c'est un secteur qui est très peu valorisé, très peu accompagné. Nous on essaye vraiment de se servir de cet outil que l'on a en place du festival pour se servir tout au long de l'année des dispositifs d'accompagnements dédiés à ces esthétiques. On sort là des éditions live découvertes des Nuits Carrées qui se sont déroulées à Nice, vraiment dédiées uniquement aux esthétiques rock et alternatives et on propose vraiment aux formations, aux associations, aux structures de les accompagner dans leurs démarches et d'essayer de valoriser leurs actions et leur grande capacité à se débrouiller depuis des années à construire leur parcours. On essaye vraiment de jouer ce rôle là en se servant du super outil qu'on a, celui du festival.

Vous avez un public aussi plus international qu'avant ?
Ca commence, parce que forcément on est très proches de l'Italie, donc on a vu des italiens arriver. Après, on est sur la Côte d'Azur qui est un territoire qui attire les touristes à cette période de l'année donc on attire un peu de public étranger. Mais surtout les italiens frontaliers qui sont assez friands de rock/metal et qui ont une heure de route à faire pour être chez nous.



Le festival se dit  « éco-responsable ». Est-ce que tu peux nous parler des actions que vous mettez en place en ce sens ?
L'éco-responsabilité des Nuits Carrées existe depuis sa création en 2007. On a été l'un des pionniers à proposer ce concept sur la production et au public : les gobelets consignés, les toilettes sèches, un travail sur l'alimentation en énergie. Aujourd'hui, on se rend compte que c'est devenue une obligation pour la plupart des événements comme le nôtre. Nous c'est parti du fait qu'on exploitait un site historique très préservé, protégé, cela nous paraissait être une évidence de mettre en place ce genre de choses. Aujourd'hui, on considère que l'éco-responsabilité est aussi dans le rapport citoyen et que cette prise en considération des publics participe aussi au développement durable, qui touche plus un volet social qu'environnemental au sens propre. Je crois beaucoup en cela.

Quelles sont tes attentes pour cette année ?
J'aimerais faire un total complet. C'est bien parti, il y a un bel engouement. Et surtout de proposer une qualité d'événement absolument impeccable. On a toujours beaucoup misé sur l'aménagement du site, sur la fluidité et sur le bien-être du public. On ne surblinde pas l'endroit, il faut que ça reste très vivable, il faut que les choses soient faciles et accessibles. On a toujours misé sur une qualité technique irréprochable, on a toujours misé là-dedans car on a envie que le public et les artistes prennent du plaisir, on ne fait pas de petites économies là-dessus. L'objectif c'est de faire un événement impeccable à tous les niveaux et d'accueillir bien évidemment un maximum de monde, continuer à accueillir des jeunes familles avec des enfants. Une des choses dont je suis le plus fier, c'est de voir à 18h des jeunes parents qui arrivent avec leur poussette, les casques sur les oreilles des enfants et qui viennent passer un moment jusqu'à 21h30 sur le festival, en famille. Cela ne les a pas ruiné, ils ont profité de la musique et de cet espace naturel absolument incroyable et ça c'est des choses qu'on continue à viser. Il est important que les gens se sentent libres dans un véritable lieu de vie. Le plus beau compliment que l'on me fait ce sont des gens qui me disent que chaque année ils viennent sans connaître aucun groupe mais ils se régalent et passent un bon moment.. On peut se permettre sur le site de ne pas être face à la scène mais de passer du bon temps.

Déjà des projets pour l'année prochaine ?
Oui, l'année prochaine on lancera sûrement un dispositif auquel on réfléchit depuis longtemps qui s'appelle le “Square” ; Ce sera un espace de 1 000 m² qu'on veut ouvrir derrière l'amphithéâtre et qui va vraiment dans le sens de ce dont je te parlais à l'instant. Ce sera un véritable espace de vie familial qui ouvrira en journée avec des disquaires, bibliothécaires, un petit marché, un travail sur l'art urbain, un manège pour enfant, des jeux en bois géants. Enfin tout un tas de choses pour que les gens puissent venir profiter de ce site incroyable et pour moi, ça rajoute un vrai beau contenu au festival. Le Square c'est le carré en anglais et c'est le lieu de lien et de cohésion sociale de centre ville. Je trouve que cela vraiment très bien avec notre concept. On a vraiment beaucoup travaillé sur ça cette année et on devrait le lancer en 2019.

Je te laisse finir cette interview avec tes derniers mots pour nos lecteurs.
Ce dont je parle beaucoup cette année, c'est de croire et soutenir les différentes formes de productions et festivals de taille intermédiaire qui racontent de belles histoires, qui vont au-delà de la simple programmation de têtes d'affiche. Je pense que le public y croit aussi. Il est important d'avoir ce format de festival et il faut continuer à les soutenir. Il faut faire aussi les gros festivals car c'est une autre expérience. Les deux sont très complémentaires. Après 12 ans, on a de plus en plus la confirmation qu'on est sur un bon positionnement et que c'est un positionnement dont les gens ont besoin.


Retrouvez tous les détails du festival Nuits Carrées sur le site officiel.


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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