14 janvier 2019, 10:29

POWERWOLF

• Interview Matthew & Falk


Après avoir fait une incursion rapide fin octobre 2018 sur le territoire français, avec une date unique au Bataclan, POWERWOLF réalise une tournée de 10 dates dans l'hexagone, à l'ancienne, en passant par des villes généralement délaissées par les groupes de stature internationale et tout juste couvertes par une poignée d'artistes metal nationaux. POWERWOLF, c'est toute la mécanique implacable du power metal allemand appliquée également dans sa conquête méthodique du public et les fans français le lui rendent bien. Nous avons rencontré deux de ses émissaires, le guitariste fondateur Matthew Greywolf et l'organiste Falk Maria Schlegel et discuté, près de 13 ans après leur premier album, du tout dernier en date, "The Sacrament of Sin". Headbangue avec les loups !

 
Revenons sur "The Sacrament of Sin", votre dernier album en date. Pouvez-vous nous dire comment la thématique de ce disque a été développée ?
Matthew : Grosse entrée en matière (rire) ! Eh bien, on s’est mis au défi d’aller un peu plus loin que par le passé, parce que nous avons changé de producteur, c'est le premier album que nous avons réalisé avec Jens Bogren, après avoir fait les six albums précédents avec la même équipe de production. C'était donc une situation assez nouvelle, comme reconstruire une maison, partir de zéro et cela a été très difficile pour nous, car nos chansons ont pris de l’envergure en y intégrant de nouveaux éléments comme des orchestrations, de la cornemuse, en utilisant une plus grande variété d'éléments par rapport à ce que nous avions fait auparavant. Pour l'écriture des chansons, nous avons pris plus de temps : on a passé près d'un an à écrire et je pense que nous avons fini avec l'album le plus diversifié et le plus détaillé à ce jour.

En 2016, «Kreuzfeuer» était votre première chanson en allemand. Sur «Stossgebet», vous chantez à nouveau dans votre lange maternelle. Comment se fait ce choix, rare, dans votre répertoire ?
Matthew : Eh bien, c'est tout simplement arrivé parce que, parfois, l'esthétique de la langue allemande, évidemment différente de l'anglais, produise un mot comme « Stossgebet » qui sonne parfaitement heavy. La traduction serait "une prière spontanée dans un instant de grand besoin" et il n'y a pas de traduction satisfaisante en un mot. C'est une expression allemande et on a donc décidé : « si nous devons l'utiliser, il faut l'employer en allemand » parce que ça sonne très heavy, c'est une évidence. Il n'y avait pas de réelle manière pour la traduire. Alors, tu sais, si on est inspiré pour faire une chanson dans une langue différente, on le fait. C'est comme ça que cela se passe. Ça ne veut pas dire qu'il y ait eu une grosse prise de décision, une intention délibérée de vouloir faire des chansons en allemand. On est juste tombé sur ce mot et on s’est dit : "ça demande vraiment des paroles en allemand".

"Where the Wild Wolves Have Gone" est votre première ballade. Etait-ce un choix dès le départ ou avez-vous été surpris par la direction que le titre prenait lorsque vous travailliez dessus?
Matthew : Pour être honnête, j'ai toujours voulu faire une ballade. Je suis un grand fan de ces ballades rock classiques et Attila l'est aussi, et il aura fallu sept albums pour y parvenir, mais je pense que cette chanson n’aurait pas vu le jour sur un des albums précédents, parce que nous n'aurions pas osé le faire. Cette fois, après avoir écrit sept albums, on s’est dit que le moment était venu. Soit on le faisait maintenant, soit on ne le ferait jamais. Et comme je l’ai dit auparavant, nous sommes plus ouverts d’esprit aujourd’hui dans l’écriture de nos chansons. Donc c’était l’évolution naturelle pour nous de composer une ballade mais ça demande aussi une idée, tu ne peux pas t'asseoir et dire "maintenant j'écris une ballade", tu as besoin d'une mélodie et tu as besoin d'un titre significatif comme "Where the Wild Wolves Have Gone" et cette fois-ci les deux sont venus ensemble et ça a marché et pour nous c'est devenu l'un des points forts de l'album.
 

"Pour être honnête, j'ai toujours voulu faire une ballade et il aura fallu sept albums pour y parvenir. Je pense que cette chanson n’aurait pas vu le jour sur un des albums précédents, parce que nous n'aurions pas osé le faire. Nous sommes plus ouverts d’esprit aujourd’hui dans l’écriture de nos chansons."


Avec un répertoire dense comme le votre, comment arrivez-vous à inscrire de nouvelles chansons comme celles de "The Sacrament of Sin" dans votre set-list ? 
Matthew : C'est très difficile à dire. Les discussions au sein du groupe sur quelles chansons il faut jouer en live deviennent de plus en plus difficiles avec chaque nouvel album…
Flak : On lutte toujours…
Matthew : Oui, on lutte toujours, mais je pense que "Killer With The Cross" et "Incense of Iron" vont devenir de bons titres live ainsi que "Demons are Girls Best Friends". Et, bien sûr, "Where the Wild Wolves Have Gone » aussi, car même s'il ne s'agit pas de la chanson la plus sauvage du groupe, ça apporte une très belle variété à notre répertoire live. Avoir une telle chanson au milieu de 90 minutes de set fait une très bonne pause entre les deux. Oui, il y a vraiment beaucoup de bonnes chansons faites pour la scène sur "The Sacrament of Sin" et c'est de plus en plus dur de devoir choisir et inscrire un nouveau répertoire dans celui établi.


  


L'album a également été accompagné d’un album symphonique. C'est une démarche assez originale....
Matthew : Initialement, il n'était pas prévu d'en produire un,, mais nous avons travaillé avec beaucoup plus d'orchestrations sur ces nouvelles chansons que par le passé. Nous avons collaboré avec Joost Van Den Broek (arrangeur et mixeur [ndlr]) qui a fait aussi des orchestrations pour EPICA ou AYREON et on a passé des moments géniaux à le faire, avec un tel flux de création, que nous avons fini avec beaucoup plus d'orchestration et d'arrangements que nous ne pourrions jamais utiliser sur l'album standard. Sur ce dernier, nous ne voulions pas paraître trop symphonique, parce que nous ne nous considérons pas comme un groupe de metal symphonique. On ne voulait pas que ça donne une impression tranchée d'un orchestre d'un côté et d'un groupe accessoiremment à côté. Ce n'est pas comme ça qu'on perçoit POWERWOLF. On est un groupe de heavy metal et l'orchestration est un bel ingrédient, comme une épice dans une soupe, mais ce n'est pas l'ingrédient principal . Donc, durant le mix, nous avons dû prendre des décisions difficiles, sur quand ajouter l'orchestration et quand la laisser de côté. Je pense que nous sommes parvenus à un superbe équilibre, mais à la fin, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait tellement d’orchestrations que nous n'avions pas utilisées qu’il aurait été dommage que notre public n'en profite pas. C'est de là qu'est venue l'idée de présenter ce travail dans un album bonus.
 


Sur un plan plus personnel, notamment pour le public français qui ne vous connaîtrait pas encore sur le bout des doigts, racontez-nous un peu comment vous êtes devenus musiciens ?
Flak : J'ai commencé par apprendre l'orgue d'église. J'ai toujours été intéressé par cet instrument quand j'étais enfant. Je suis allé dans une église, parce que l'instrument y a vraiment ce charme particulier. Et quand j'ai commencé à apprendre à en jouer, je suis devenu un fan de heavy metal. C'est donc un parcours assez atypique. Normalement, on apprend la guitare mais au final c'est le destin, l'orgue d'église correspond parfaitement à POWERWOLF. C'est génial pour moi... et je dirais aussi pour le son de POWERWOLF.
Matthew : Pour moi, c'était à l'âge de cinq ans. J'ai dit à ma grand-mère que je quitterais l'école ou que je n'y irais plus parce que je voulais devenir musicien.C'est une anecdote qui revient tout le temps dans la famille. Bon, finalement, je suis allé à l'école et à l'université aussi ! Mais après... je suis devenu musicien (rire). C’est assez drôle, car j'ai aussi commencé à jouer de l'orgue à l'église, mais ensuite, à cause du heavy metal dans ma jeunesse, je suis passé à la guitare...
Flak : Pour être honnête, j'ai essayé de changer, mais je n’ai jamais réussi à jouer de la guitare...
Matthew : Ah ouais ?
Flak : Oui, j'ai pourtant cette guitare Hartley à la maison ...
Matthew : Mais c'est une bonne chose que tu n'aies pas changé, car nous avions besoin d'un joueur d'orgue et pas d'un troisième guitariste ! Enfin, voilà comment c'est arrivé et comment nous sommes ici aujourd'hui.

En quelques années, votre notoriété n'a cessé de croître en France. Du Divan du Monde au Download et au Hellfest, vous bâtissez de toute évidence quelque chose de solide : cette tournée française en tête d'affiche en est la preuve.
Matthew : La France est toujours spéciale pour nous car le public français sait comment célébrer le heavy metal, c'est super sauvage, super enthousiaste, c'est toujours très spécial quand on vient en France, c'est comme si on savait déjà que ça allait être super excitant. •


Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK