Le millésime 2019 des concert metal nordistes commençait, pour ma part, le 15 janvier avec une affiche appétissante. POWERWOLF, accompagné de KISSIN' DYNAMITE et AMARANTHE – qui apparaissent tous deux sur le disque de reprises qui accompagne la version collector de « The Sacrament Of Sin » – a drainé en ce mardi soir un public important, remplissant, balcon compris, un Aéronef bouillant.
Les Allemands KISSIN' DYNAMITE, au look typique des extravagances eighties, attaquent leur set de hard-rock/glam avec le limpide et mélodique "I Got The Fire", tiré de leur dernier album. « Ecstasy » sera à l’honneur avec quatre titres proposés sur les huit joués pour 40 minutes d’un show dynamique et entraînant. Les compostions du quintet sont directes, simples à retenir et respirent la joie de vivre. Les deux guitaristes multiplient les poses, notamment sur le solo de "Waging War", Hannes Braun se donne sans compter, la voix sûre et le visage sans cesse illuminé d’un grand sourire. Bien sûr, la caricature n’est pas loin (« Pour vous nous jouons le meilleur concert de rock de notre vie », clame en français le chanteur) mais le public adhère, reprend en chœur les refrains évidents qui se répandent dans la salle comme une traînée de bonne humeur. L’enchaînement d’une ballade bien sentie – "You’re Not Alone" – et du classique "I Will Be King", que le chanteur interprète sceptre à la main et cape sur le dos, précède le dernier morceau, "Flying Colours".
Si la première entrée a été parfaite, la seconde reste sur l’estomac. AMARANTHE propose une bouillie insipide d’electro-metal, matinée de pop, d’eurodance saupoudrée de vocaux death, de dubstep (CG6) et de rythmes heavy impulsés par un batteur qui seul échappe au naufrage. Trois chanteurs se partagent les vocaux, dont une, Elyze Ryd, très vite insupportable. Elle multiplie les mouvements ridicules, entre high-kicks poussifs et poses vaguement suggestives, franchement vulgaires. Ce show donne l’impression d’assister à la prestation Eurovision d’une formation d’Europe de l’est trop portée sur la rakija. De cette noyade surnage "Hunger", issu du premier album éponyme, et… c’est tout. Vinaigre sur ce plat immangeable, le bassiste entame le rappel par une sorte de one man show, long de six minutes, dans le but de lancer un clapping. Il y parvient, preuve que le fan nordiste est de bonne composition…
POWERWOLF, n’ayons pas peur des mots, offre une prestation haut de gamme, riche de tout ce qu’un concert de heavy metal peut offrir. Dans un décor somptueux, sur deux niveaux, avec back drop entourant la scène, claviers ornés d’arbres tentaculaires, vestiges d’églises posés au sol, les musiciens, maquillés et déguisés, livrent une prestation sans faille, portée par une batterie qui claque, mise en valeur par une sonorisation impeccable. La voix d’Attila Dorn est d’une puissance magnifique, les guitares parfaites et les claviers judicieux. Le frontman, en pape de cette "sainte messe du heavy metal", maîtrise son rôle à la perfection. Entre humour (« Il est tard pour un mardi, c’est l’heure d’aller au lit ! ») et grandiloquence mystique (« Êtes-vous possédés par le heavy metal ? »), en français, il capture la foule, la fait obéir à la moindre de ses instructions.
Secondé par un claviériste bondissant, aux faux airs de Flake (RAMMSTEIN), le maître de cérémonie règne sur la salle, à grands coups de « très magnifique ! ». La mise en scène est soignée, entre une croix qui s’illumine sur "Killers With The Cross" et des rangées de flammes qui apparaissent. Sur la power-ballade "Where The Wild Wolfes Have Gone", jouée sur un vrai piano, des milliers de confettis se déversent sur la scène. Aucun détail n’est négligé : Attila se désaltère dans une coupe dorée, les roadies sont en habit de moine. Bien sûr, le spectacle tend vers le kitsch, mais peu importe : la folie est au rendez-vous !
Tous ces artifices seraient inutiles sans des chansons de qualité… et POWERWOLF n’en manque pas. Les Allemands enchaînent les compositions imparables, des plus récentes – six titres de « The Sacrament Of Sin » et quatre de « Blessed and Possessed » – aux classiques des albums précédents. Toutes, ou presque, sont chantées par les spectateurs ; les premiers rangs sont en transe. De l’inaugural "Fire and Forgive" au final "Werewolves of Armenia", les musiciens enchaînent les incontournables, en totale complicité avec les fans, qui répondent à la moindre sollicitation : ils scandent « blood, blood, blood » sur le refrain de "All We Need Is Blood", s’époumonent sur les mélodies de "Armata Stigoi" ou "Demons Are a Girl’s Best Friend" – introduit par un lubrique « voulez-vous pêcher avec moi ? » proféré par un Attila se dandinant …
Ces presque deux heures de concert sont une succession de temps forts – ah, le trio "Sanctified With Dynamite", "Coleus Sanctus" et "Werewolves Of Armenia" en conclusion, jouissif ! – une procession de morceaux magnifiés en live – "Resurrection By Erection", "Blessed and Possessed"… – en l’honneur de « la grande famille du metal ».. Une superbe soirée… et des mélodies ancrées dans le crâne pour de très très longues heures !
Photos © Sébastien Feutry - HARD FORCE - Portfolio : POWERWOLF / AMARANTHE