Après un album comme « Rituals » paru en 2016, il était difficile de se dire que les Grecs ROTTING CHRIST arriveraient à faire aussi bien. Eh bien avec « The Heretics », ils nous prouvent qu'ils sont capables de relever le défi... en mieux !
Tout le concept de « The Heretics » s'articule autour des grands penseurs anti-cléricaux des siècles passés mais sans entrer dans la vulgaire dénonciation, son message se veut philosophique, spirituel et complètement anti-dogmatique. On y retrouve donc, saupoudrés ici et là, des passages de Nietzsche, Dostoïevski, Poe ou Milton. Le tout intégré à un black / dark metal lourd et hypnotique.
"In The Name Of God" permet tout de suite reconnaître la patte ROTTING CHRIST : morceau mid-tempo aux guitares lourdes et à la voix scandée d'un Sakis Tolis inspiré. Les effets sonores sont quand même partie prenante et font la nouveauté de l'album. Une bonne entrée en matière avant "Vetry Zlye", ô combien envoûtant. Avec son riff accrocheur, la voix parlée de Tolis et surtout le chant éthéré d'Irina Zybina de l'excellent groupe russe GRAI, c'est un des titres les plus réussis de l'album. "Heaven And Hell And Fire" reprend la structure connue de morceaux antérieurs comme "Komx Om Pax" où la mélodie est davantage mise en avant, avec des guitares omniprésentes. "Hallowed Be Thy Name" mise au contraire tout sur l'ambiance lourde et sombre, avec des sons de cloches, des chœurs presque religieux et le rythme d'une marche funèbre. "Dies Irae" campe l'atmosphère avec une nuance plus heavy. Le morceau "I Believe" arrive tel un monolithe avec sa structure très linéaire et épurée, sa voix parlée et ses chœurs. "Fire God And Fear" est pour moi le deuxième titre phare de « The Heretics » avec son rythme martelé, ses breaks et son aspect guerrier. On y retrouve toute la puissance et la lourdeur de ROTTING CHRIST avec une nuance heavy et une inspiration nouvelle qui montrent que le groupe a encore beaucoup à dire. Le très mélodique "The Time Has Come" nous conforte dans cette idée et laisse la place à "The New Messiah", beaucou plus traditionnel mais tout aussi réussi. Enfin, "The Raven" prend des allures d'incantations à un Dieu déchu et clôture l'album d'une majestueuse beauté grâce à sa mélodie prenante.
ROTTING CHRIST n'a jamais vacillé en plus de 30 ans de carrière. Il a évolué, exploré différents horizons et le style qu'il a aujourd'hui adopté en fait sa marque de fabrique. « The Heretics » prouve à nouveau le travail, l'abnégation et la rigueur dont sont capables les frères Tolis et consorts. Il nous entraîne d'une main de fer vers l'hérésie et nous pousse avec subtilité dans un metal sombre, lourd mais diaboliquement séduisant. On n'en attendait pas moins mais ils nous en donnent toujours plus.