2 décembre 2019, 19:53

AVATARIUM

• "The Fire I Long For"

Album : The Fire I Long For

Petit à petit, AVATARIUM se forge une discographie unique pratiquée dans un registre de plus en plus personnel. Ce n’est pas tant que le groupe ne sortait pas du lot dès le départ mais il affine son style bien particulier au fur et à mesure de ses parutions discographiques et ne peut être comparé à d’autres formations avec le temps qui passe. L’ombre de Leif Edling, bassiste de CANDLEMASS à l’origine de ce groupe plane toujours mais de moins en moins cependant, ne participant plus à l’aventure en tant que musicien et ne signant ici que trois chansons, lorsqu’il était bien plus prégnant sur les albums précédents. Tel un cygne majestueux, AVATARIUM vole quasiment désormais de ses propres ailes et cela ne serait pas étonnant de ne plus voir le nom d’Edling sur le prochain disque qui sortira. Au vu de la qualité de ce qu’il n’a pas écrit, cela ne manquera pas malgré le respect que l’on peut avoir à son encontre et à sa contribution majeure au développement du groupe.

S’ouvrant par le lourd ''Voices'' qui n’est pas composé par Edling alors même que son empreinte se fait ressentir, c’est au contraire le binôme et couple à la ville comme à la scène composé du guitariste et producteur Marcus Jidell et de l’envoûtante et angélique Jennie-Ann Smith (les superlatifs me manquent pour la décrire tant visuellement qu’artistiquement) qui se chargent de l’écriture, hormis ceux évoqués plus haut.
La lourdeur et la fragilité s’entrechoquent au gré des morceaux qui défilent, tel ce ''Rubicon'', et déploient une large palette émotionnelle devant l’auditeur, l’entraînant dans un voyage auditif à mi-chemin entre l’Enfer et le Paradis, les ténèbres et la lumière. Jennie-Ann Smith incarne d’ailleurs très bien cet état d’esprit, qui sous ses airs d’ange pourrait très bien être déchu et n'être que le Diable en personne, nous susurrant à l’oreille d’une voix suave des paroles soufflant le chaud et le froid. Comment résister par ailleurs aux invitations cajoleuses d’un ''Lay Me Down'', à celle du titre éponyme ''The Fire I Long For'' (avec son break aux réminiscences d’un ''On The Turning Away'' de PINK FLOYD – il y a pire comme comparaison), au rock incarné et habité de ''Shake That Demon'' ou encore à cet épique ''Great Beyond'' où les orgues célestes et wagneriens dans leur approche de Rickard Nilsson se disputent à la voix lancinante de Jennie-Ann Smith ? L’orchestration, les guitares, les claviers, le chant, tout ici se mêle et s’emboîte comme le cube du roman (et saga cinématographique) Hellraiser, laissant s’échapper démons pour certains, anges pour d’autres afin de trouver le plaisir dans la douleur. Composée par Edling, la finale et délicate ''Stars They Move'' en mode piano/voix rehaussé de quelques nappes discrètes fait se retirer AVATARIUM à pas feutrés après une déferlante d’émotions diverses faisant de ce nouvel album un incontournable de la scène doom (puisqu’il faut les cataloguer ainsi et bien que je réfute largement cette étiquette, vue la diversité présente sur ce disque).

Venus de façon confidentielle en France il y a deux ans (un Glazart parisien ridiculement petit, mais plein, qui avait accueilli avec ferveur le groupe suédois), on espère que la tournée promotionnelle pour « The Fire I Long For » les verra investir un lieu plus grand et que l’envol d’AVATARIUM ne fait que commencer. On a ici affaire à une perle de groupe et d’album, des joyaux, quelque chose de rare, qui brille et que beaucoup encore ne connaissent pas ou bien qui ne l’ont tout simplement pas (encore) remarqué. Il n’est jamais trop tard pour apprendre…

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK