28 août 2020, 12:00

SEETHER

• Interview Shaun Morgan


Le groupe sud-africain SEETHER sort « Si Vis Pacem, Para Bellum » et livre des titres très personnels dans lesquels son leader Shaun Morgan se confie plus ouvertement, laissant particulièrement découvrir sa personnalité et son regard sur la société moderne. Un huitième album qui inscrit définitivement le groupe dans sa sonorité, tel qu'il le souhaitait depuis de longues années, et qui voit officiellement le guitariste Corey Lowery intégrer le groupe après l'avoir accompagné durant les deux dernières années en tournée.
Nous nous sommes entretenus avec Shaun pour décortiquer cette nouvelle approche rendue possible depuis leur changement de label.


Trois ans après « Poison The Parish » et son approche différente par rapport aux anciens albums, SEETHER  est de retour avec « Si Vis Pacem, Para Bellum », dans la même lignée que son prédécesseur. On peut officiellement dire que tu as trouvé l'identité sonore de SEETHER !
Shaun Morgan : Ouais ! Tu sais, c’est intéressant : je sens que l’album précédent et celui-ci sont liés et probablement que le prochain viendra compléter cette trilogie, car j’aime beaucoup la façon dont ils sonnent. Il y a des parties de cet album qui ressemblent à certaines du précédent, mais je ne sais même pas si je l’ai fait de manière intentionnelle. En tout cas, j’ai fait appel au même illustrateur pour la pochette, Shaun Coss, un mec extra. Pour info, notre précédent disque a été le premier que nous ayons sorti sur notre nouveau label et ça nous a revigorés. C’était comme un nouveau départ. On a signé pour trois albums : donc, après le prochain, notre contrat sera rempli. 
Dans cette optique, c’est cool d’ouvrir un nouveau chapitre avec le groupe. Les gars me font assez confiance pour que j’écrive les chansons. Ils ne me gueulent pas dessus en disant que je suis nul. Ils me font aussi confiance dans le fait que je produise l’album et que je fasse ça bien, ce qui, là encore, est génial. Tout ça m’aide à prendre confiance en moi dans ce travail et en tant que compositeur.
Lorsqu’on était sur l’ancien label, l’agent artistique m'a dit à plusieurs reprises que je ne savais pas ce que je faisais, que je devrais prendre un mec pour écrire mes chansons ou l’embaucher, lui, pour les écrire... C’était des douches froides incessantes et ça m'a totalement démoli. Mon amour-propre prenait cher. Il n’arrêtait pas de dire que je ne savais pas gérer la situation, alors que je sortais des chansons qui se plaçaient dans le top des classements radio. Il avait juste envie de me briser. Donc, aujourd’hui, notre son est le résultat du fait que personne ne se mèle de ce qu'on doit faire et c’est parfait. 
J'ai adoré enregistrer les deux albums avec Brendan O'Brien : c’est un producteur fantastique et j’ai tellement appris avec lui, sachant que l'idée, ce soit qu’un jour, j’essaie de le faire moi-même. Dans ce sens, il a cru en moi en tant que compositeur et m’a aidé à mieux écrire, à rendre mes chansons plus intéressantes. La seule différence, en comparant à notre son actuel, c’est qu’à cette époque, avec notre manière d’enregistrer, on voulait que ça sonne lisse, propre. Désormais, je veux que le son du groupe sur nos disques soit le plus proche possible de celui que nous avons sur scène. Et je pense que ça vient en grande partie du fait que l’on utilise nos propres guitares et nos amplis personnels. On est bien plus à l’aise comme ça. Avant, beaucoup de producteurs voulaient qu’on utilise leurs amplis et leurs guitares, car ils savaient comment elles sonnaient et les tonalités qu’ils voulaient. Il y a beaucoup d’éléments liés au son et c’est pourquoi on sonne différemment aujourd’hui. Et honnêtement, j’ai l’impression que maintenant, on n’a plus aucune limite : j’écris ce que j’ai envie d’écrire, je peux m’exprimer librement et ça, c'est un grand changement.
 

"Avant, je pensais que mon truc, c’était de partir en tournées plutôt que d’enregistrer, car les albums qu’on a faits à nos débuts n’étaient pas marrants à enregistrer."

 

Justement, comme tu le disais, tu as produit cet album. Est-ce pour toi la condition sine qua non pour garder le contrôle sur le processus général dans la création d’un album ? C’est être totalement libre ?
Oui, même si je ne suis pas un maniaque du contrôle. J’aime être aux commandes, car pendant des années et pour beaucoup d’albums, je n'ai rien contrôlé du tout. Je n’avais pas mon mot à dire. Par exemple, pour le premier enregistré aux USA, «Disclaimer», on a travaillé avec un producteur qui n’était quasiment jamais là. Il passait une fois par semaine à peine et nous disait de tout recommencer à zéro à chaque fois, même si l'on avait bossé comme des malades pendant toute la semaine (il s'agit de Jay Baumgardner qui a l'époque avait travaillé avec PAPA ROACH, ALIEN ANT FARM, DROWNING POOL… ndj). Tiens, prends la chanson "Fine Again", c’est celle qui me revient en tête à chaque fois : on l'avait enregistrée, elle était terminée. Le producteur est arrivé le vendredi après-midi et nous a dit : « Mhm… nan, refaites-la, c’est nul ». Il a fallu supprimer toutes les pistes de guitares et de basse et tout recommencer à zéro, tout ça parce qu’il n’était pas là les autres jours ! Il n’en avait rien à foutre. Son nom était apparu sur quelques gros albums et d’un coup, il s’est dit qu’il était trop important et qu’il n’avait pas à rester en studio car il valait mieux que ça. C’était Hollywood dans sa tête. Donc j’ai connu de mauvais producteurs, mais aussi de très bons, et j’ai adoré produire. Globalement, je fais la plus grosse partie de la production quand je compose les démos et lorsque j’entre en studio, je change juste quelques petits trucs, ici et là. La plupart du temps, cela concerne la batterie, car je veux entendre ce que ça donne avec les pistes finales de guitares et je vais essayer différents roulements ou breaks en fonction de ce que j’ai en tête. Donc, arrivé à ce moment-là, ce sont de simples ajustements. Le côté production intervient la plupart du temps quand je suis à la maison et quand j’entre dans l’environnement du studio, c’est super d’avoir des gars comme Corey et Matt Hyde, car ils en savent plus que moi au niveau matériel et technique et ils peuvent m’aider. 
Quand j’enregistre mes démos, je n’aime pas forcément la tonalité d’origine. Je fais avec, mais je n’en suis pas fan. Je m’en sers plus comme une base, un projet de ce que ça deviendra par la suite. Et une fois arrivé en studio, tu dois savoir vers qui te tourner pour que ça sonne bien et c’est là qu’interviennent Matt et Corey. Ils passent ça dans Pro Tools, moi je n’y connais rien. Et quand on en arrive à ce stade, ce n’est plus vraiment de la production, c’est juste faire en sorte que cela sonne bien. Là, tu as une vraie batterie et non plus une boîte à rythmes. On a des vrais sons de guitares, on a toutes les voix avec des effets et elles sonnent vraiment bien. Les paroles sont les bonnes, tout ça s’assemble, et pour moi, c’est la meilleure partie. 
Avant, je pensais que mon truc c’était de partir en tournées plutôt que d’enregistrer, car les albums qu’on a faits à nos débuts n’étaient pas marrants à enregistrer. Le seul truc excitant, c’était de se dire qu’on faisait un nouvel album, on était du genre : « Waoh ! C’est vraiment en train de se faire ». Mais quand tu as constamment quelqu’un pour te dire quoi faire et qui essaie de changer chaque aspect de ton groupe, car c’est ce qu’il pense être le mieux pour gagner le plus d’argent, ça devient frustrant. Donc oui, maintenant, je me sens libre, car je n’ai pas un gars collé à moi qui me dit comment ma chanson doit être améliorée ou comment elle devrait sonner. C’est une toute autre énergie que de faire un album désormais. C’est bien plus sympa. On a plaisir à ce que cela dure. On les enregistre vite, car évidemment, cela coûte de l’argent, mais on s’éclate : on s'installe en studio, John enregistre sa batterie en un ou deux jours, mais il reste pendant les deux semaines suivantes, car il aime passer du temps avec nous. On s’entend tous bien. On s’amuse. C’est vraiment devenu de superbes moments.

Il s'agit du premier album enregistré avec Corey Lowery qui reprend officiellement le poste de deuxième guitariste. Parle-nous de son rôle lors de l'enregistrement : a-t-il dépassé tes attentes?
Oh oui, il est génial ! Ça fait seize ans qu’on se connaît, c'est comme un frère pour moi. On l’a emmené avec nous en tournée pour assurer la seconde guitare... en 2017 je crois ? En tout cas durant toute l’année 2018, il était en tournée avec nous et il s’est très bien intégré. Il sait te remonter le moral quand tu passes une mauvaise journée ; il a une très bonne énergie, même si je n’aime pas parler de trucs comme ça, les "énergies"... mais il est vraiment super positif. C’est un mec qui a une très bonne influence sur nous. Pour l’album précédent, j’avais dû jouer toutes les guitares, car on n'avait plus de deuxième guitariste et donc je devais faire la rythmique, les solos, les guitares supplémentaires et ça prend beaucoup plus de temps. Mais là, Corey a beaucoup aidé car déjà, il est meilleur guitariste que moi. En plus, il est arrivé en connaissant tous les morceaux, ses parties, les miennes, tout. Cette fois-ci, j’ai juste eu à jouer la rythmique et à me concentrer dessus pour qu’elle soit la meilleure possible sans avoir à stresser sur tout le reste à faire ensuite. Je pouvais alors passer du temps avec mon fils et ma femme pendant que Corey restait quelques heures de plus pour finir la chanson. C’était très agréable de dispatcher le travail : je n’avais pas besoin de tout gérer. Il fait même des chœurs sur certains titres et ça aussi, c’est formidable. Il apporte beaucoup et je suis vraiment heureux qu’on ait enfin trouvé le mec qui vienne compléter le groupe comme quatrième membre.

Parlons de "Dangerous", le clip vidéo réinterprétant à sa manière la fable du Petit Chaperon Rouge avec une approche très originale... dirons-nous. Peux-tu expliquer ce choix artistique et ton interprétation de ce que l’on voit à l’écran ?
J’ai eu l’idée avant le confinement. Au départ, j’avais imaginé une vidéo avec de véritables acteurs, avec un rendu dans le même style, ce qui, je pense, aurait été pas mal aussi. Mais vu les circonstances, je trouve que l’animation rend très bien finalement. J’adore le résultat. Je voulais faire quelque chose de sombre. J’aime que le groupe ait une image un peu plus inquiétante que dans nos vidéos passées, car à nos débuts, on était dirigés par les labels : ils nous disaient quel réalisateur choisir, comment on allait procéder. On n’avait pas notre mot à dire. Aujourd’hui, notre nouveau label me permet de contribuer davantage. J’ai plus de liberté sur la manière dont je veux apparaître à l’écran et je dois avouer que c’est un sentiment génial de savoir que tu es soutenu dans tes décisions en tant que musicien, en tant que membre du groupe, sur ton look ou comment tu veux que l’album sonne. Tout ça, c’est une bouffée d’air frais et parfois, je trouve même que je ne le savoure pas assez. L’idée, c’était de faire une vidéo un peu gore qui dérive de cette histoire très connue et à mon sens, on retrouve quelques petits messages subliminaux. Si tu regardes attentivement, c'est une critique sur notre façon de considérer beaucoup de choses comme jetables. Par exemple, on voit à un moment que la fille ne se débarrasse pas de la vieille nourriture avariée, elle se contente d’ajouter les nouveaux aliments dedans. On ne prête plus attention aux petits détails quotidiens et pour moi, si l'on ne fait pas attention, on risque de devenir ce que nous redoutons le plus. 
Tu dois être conscient de qui tu es et comment tu te comportes, de manière à rester toi-même. Ne pas te laisser influencer par le monde qui t’entoure. Il semble que cela devienne de plus en plus dur pour les gens de se dresser face aux autres tout en gardant leur propre personnalité. Si je crois profondément à un truc, je ne changerai pas d’avis parce que ça ne te plaît pas. Je pense que les gens ont peur de dire ce genre de choses et ils ne font que jouer le jeu de ceux qui les terrifient. Et ce jeu malsain continue de plus belle. C’est en gros ce que je veux expliquer. On vit une époque bizarre et on doit vraiment analyser notre comportement dans notre société et nous demander : « Est-ce qu’on veut être comme ça ou pouvons-nous être meilleurs ? ». Pour le moment, on ne fait que répéter les erreurs du passé, car on n’y prête pas attention.
 

"Il y a eu des études qui démontrent que lorsque des ados mettent de côté leur téléphone pendant une semaine, ils se sentent beaucoup plus en confiance"



Dans les paroles, tu dis : « …et j'ai l'impression de regarder une tumeur grossir ». Quelle est selon toi la plus grosse tumeur de notre temps ?
Les réseaux sociaux ! C’est un cancer dont les métastases se propagent à grande vitesse à travers toute la société. C’est psychologiquement destructeur : ça a été prouvé de nombreuses fois, il y a eu beaucoup d’études à ce sujet réalisées par des psychologues et des psychiatres sur la manière dont ça affecte la chimie du cerveau, dont ça affecte les interactions sociales et à quel point c’est un cancer. Ça nous détruit. Par exemple, si l'on devait réagir contre la nocivité des réseaux sociaux de la même manière qu’on agit contre le coronavirus, nous vivrions dans un monde complètement différent aujourd’hui.
Mais ce n’est pas le cas, on n’a pas la preuve irréfutable que ce sont les réseaux sociaux qui font que nos enfants grandissent en manquant de confiance en eux, en pensant qu’ils ne valent rien, car ils ne récoltent pas assez de likes... Et les conséquences sont que certains gamins se tuent, se suicident, car ils ont été harcelés sur des plateformes numériques. Ce qui arrive est incroyablement dangereux, mais tout le monde décide de l’ignorer. L’autre chose que les gens ignorent et qui me fout en l’air, c’est que Facebook et toutes les autres entreprises prennent nos informations et les vendent. Nous sommes vendus à d’autres entreprises : ils nous traitent comme de la marchandise et tout ça gratuitement. 
Ces mecs deviennent milliardaires en se servant de ces plateformes et savent que socialement, c’est destructeur, mais ils s’en foutent et après, prétendent être de bonnes personnes qui font des dons pour de grandes causes. Mais ce sont des conneries tout ça. Ils ne s’intéressent qu’à eux. Ils sont mauvais et il faut vraiment s'en méfier. Il faudrait qu’on arrive à avoir de véritables statistiques et que l’on quantifie l’impact que les réseaux sociaux ont sur nos enfants. A quel point tout cela travestit leur vision du monde et leur manière de se voir dans la société. Si les jeunes pensent qu’ils vont s’épanouir dans une société où leur vie sera parfaite en mettant des photos de leur cul sur le Net pour devenir célèbres, être l’égérie d’une marque et gagner de l’argent au lieu d’avoir un vrai boulot, que faisons-nous pour eux ? Qu’est-ce qu’on leur apprend ? Où est l’urgence d’avoir des enfants, si c’est pour qu’ils vivent en marge de la société et s’enferment dans leur propre petite bulle ? C’est ce qui arrive. Tout le monde pense qu’il est important, tout le monde pense que son opinion est meilleure que celle des autres, tout le monde veut parler plus fort que les autres et c’est juste de la folie. C’est terrifiant à voir. Je n’utilise pas les réseaux sociaux en dehors de l’activité du groupe. On a notre page pour SEETHER, mais je n’ai pas de compte personnel. J’ai tellement été marqué dans le passé par des propos que certaines personnes m’ont rapportés et qui ont eu un impact négatif pour le reste de mes journées à chaque fois. Et de penser que moi, un adulte, puisse avoir ma journée foutue en l’air par un gars que je ne connais pas et avec qui je n'ai jamais parlé face à face est complètement dingue, c’est de la folie ! J’ai décidé, pour ma propre santé mentale, de refuser un tel truc. Il y a eu des études qui démontrent que lorsque des ados mettent de côté leur téléphone pendant une semaine, ils se sentent beaucoup plus en confiance, ne ressentent plus de pression de devoir jouer un rôle. Désolé pour cette longue réponse, mais c’est vraiment ma façon de voir ces choses-là comme une tumeur.

Remontons dans le temps. Te souviens-tu du moment exact où tu as réalisé que tu voulais devenir musicien ?
Oui ! J’avais 5 ans, j’étais allé au cinéma avec ma mère voir le film Jock Of The Bushveld, une histoire écrite par Sir Percy Fitzpatrick, une personnalité en Afrique du Sud. Je ne sais même pas s’il a vraiment existé, je n’ai pas cherché à savoir, mais je crois que oui. Dans cette histoire, il sauve un chien, le plus faible de la portée, dont les propriétaires voulaient se débarrasser en le noyant, si mes souvenirs sont bons, il faudrait que je le regarde à nouveau... Bref, à la fin du film - désolé de te spoiler - il tire accidentellement sur son chien en croyant voir un animal attaquant le troupeau de moutons dans la nuit. 
Donc, il tue son meilleur ami. C’est tellement triste, durant cette scène ou juste après, tu entends une chanson de Johnny Clegg qui s’appelle "Spirit Of The Great Heart", et je me souviens que j'écoutais cette chanson tout en pleurant toutes les larmes de mon corps en voyant la scène du film. Ça s’est passé il y a 36 ans et par la suite, à chaque fois que j’entendais cette chanson à la radio, je fondais en larmes, car immédiatement j’avais en tête les images de ce pauvre chien et de son maître et toute cette tristesse que j’avais ressentie. 
J’ai compris à ce moment-là que la musique était extrêmement puissante pour moi. Je ne savais pas que j’allais faire de la musique à cet instant précis, mais même si je n’avais que 5 ans, j'ai réalisé que la musique serait une grande partie de ma vie. Ça m’a tellement affecté que je savais que c’était comme une graine plantée pour l'avenir.

Ecrire, composer et chanter tes chansons sont les moyens d’exprimer tes sentiments les plus forts. Considères-tu cela comme une thérapie te permettant de supporter les dérives de notre monde actuel ?
Ouais, absolument, c’est une thérapie. Comme un journal intime de mes pensées, une sorte de périple sur ma façon de voir le monde. C’est intéressant, car je m’enferme dans mon studio, je ferme les rideaux, il y fait toujours noir, j'ai l’impression d’être dans une cave, je ferme la porte derrière moi et le monde extérieur semble disparaître. Alors je m’assois, puis j’écris. J’écris à propos de tout ce qu’il y a dehors et comment ça m’influence. Bizarrement, je m’isole des choses sur lesquelles j’écris pour justement en parler. Et à la fin de la journée, je réémerge avec une composition qui, avec un peu de chance, tient debout. Au niveau des paroles, c’est toujours un jeu intéressant. Tu veux qu’elles soient profondes, mais aussi les écrire de manière honnête, que ça vienne du cœur, sans être prétentieux. 
Il y a pas mal de gars que j’écoutais avant, et qui avaient leur style ou des phrases auxquelles ils sont restés attachés et qu’ils utilisent souvent. C’est bien aussi, mais cette fois-ci, je me suis dit que pour les paroles, j’allais vraiment bosser dur, y réfléchir profondément, les étudier, être intransigeant envers moi-même. Etre véritablement autocritique afin de m’assurer d’arriver au résultat où j’estimerais que j’ai vraiment bien bossé dessus, que j’ai fourni les efforts nécessaires, chose que je n’ai jamais faite par le passé. Je pense que c'est la chose la plus importante qui intéresse nos fans... bon, je ne pense pas que beaucoup d’entre-eux se soient mis à faire de la guitare grâce à nous, peut-être quelques-uns, mais il y a d’autre groupes qui ont des super guitaristes, des shredders, comme par exemple les gars d’AVENGED SEVENFOLD. Quand tu regardes Synyster Gates, tu as envie de te mettre à la guitare, car ce gars a l’air cool et c'est un excellent guitariste : c’est ce qui intéresse leur fans et je pense que c’est bien. Et leurs paroles sont bien aussi, mais en ce qui nous concerne, c’est clair qu’on n'a pas cette composante-là. Peut-être que je me trompe, mais je ne nous vois pas comme des virtuoses de la musique. On fait juste des riffs de rock simples, mais en ce qui concerne les paroles, à chaque fois les fans me disent comment ils ressentent nos textes et je pense que c’est ce lien profond que l’on partage avec eux. 
Donc, cette fois-ci, je me suis dit : « Je vais bosser comme un dingue sur ces paroles, et non pas le truc que tu gribouilles à la dernière minute avant de chanter et qui peut aussi bien marcher, mais si cette fois-ci, tu y mettais vraiment tes sentiments ? » Et ça a donc aussi été une thérapie. C’est un tout nouveau processus pour moi. J’ai adoré le suivre, ça m’a permis d’aller plus loin. J’ai écrit les paroles bien à l’avance et pu vivre avec elles, les ressentir, les modifier si besoin. Si j’écris des textes à peine avant de les enregistrer, bah voilà, c’est fait, c’est balancé sur le CD et je ne peux plus les changer. Donc désormais, je prends mon temps. Je fais en sorte de réfléchir davantage sur mes idées que je ne le faisais auparavant.


« Si Vis Pacem, Para Bellum » est disponible depuis le 28 août chez Fantasy Records : SiVisPacemParaBellum
 

Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
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