19 septembre 2020, 10:30

Ozzy Osbourne

• "Blizzard Of Ozz" (1980 - Retro-Chronique)

Album : Blizzard Of Ozz

Nous sommes (déjà !) en 2020 et cet album fête ses… 40 ans !

Il était une partie des fans de BLACK SABBATH et de leur désormais ex-chanteur qui ne donnaient pas cher de la poursuite de sa carrière solo lorsque son départ fut entériné le 27 avril 1979. L’avenir allait leur donner tort à 1000%, preuve en est que les ruptures peuvent être parfois salutaires pour les deux parties. Lourdé par ses ex-acolytes (ne me faites pas écrire ce que je n’ai pas pensé s'il vous plait, merci), Ozzy Osbourne est pris en (et par la) main par sa future femme et manager Sharon Arden et, loin de s’en laisser compter, le Madman va confirmer l’essai en coup de maître, mettant un gros vent à Iommi & Co. avec ce « Blizzard Of Ozz ». Le recrutement de son guitariste a lieu presque par accident, celui-ci ayant eu vent des auditions par un ami, Dana Strum (futur bassiste de SLAUGHTER) et, bien que réticent au départ comme il l’indiqua à Rudy Sarzo (alors en poste comme lui au sein de QUIET RIOT), il s’y rend uniquement pour que Strum lui lâche les baskets. Il est d’heureux hasards parfois... Agé de 23 ans lors de l’enregistrement, il va passer à la postérité dès cet album et rentrera – malheureusement – dans la légende deux ans plus tard, brillant de par des rythmiques et soli époustouflants. Un style, un son, une classe et une gueule d’ange blond. Son nom est Randy Rhoads. Entouré (ou soutenu suivant son état d’ébriété) par le bassiste Bob Daisley, le claviériste Don Airey et le batteur Lee Kerslake, Ozzy frappe fort ce 19 septembre 1980.



​Presqu’exclusivement écrit par Rhoads, Daisley et Ozzy, le disque est une suite ininterrompue de classiques, une dénomination acquise avec le temps et, surtout, de par la qualité qui s’en dégage. 9 titres seulement pour 39 minutes à peine mais quelle dérouillée ! "I Don’t Know" (ben nous, on va vite savoir au contraire), "Crazy Train" et son « All aboard » suivi d’un rire de… Madman en guise d’introduction, la délicate suite enchaînée composée de "Goodbye To Romance" et "Dee", du prénom de la maman de Randy et chanson composée spécialement pour elle puis, pour finir, la controversée "Suicide Solution". Et on ne parle ici que de la face A ! On continue la danse de Saint Guy en face B avec l’intro lugubre de "Mr. Crowley" et… et n’en jetez plus, la coupe est pleine. Les trois autres titres ne sont, eux aussi, pas en reste ("No Bone Movies", "Revelation (Mother Earth)", "Steal Away (The Night)") et si les 6 premiers titres attirent presque toute la lumière, ils ne déméritent vraiment pas. Si le déjà renommé producteur Chris Tsangarides prend les rênes au départ, le groupe mécontent de son travail s’y colle lui-même avec l’aide de Max Norman, bien que celui-ci ne soit au final pas crédité sur ce disque pour ce rôle mais pour celui de « simple » ingénieur. La production de « Blizzard Of Ozz » justement ne fait pas dans la demi-mesure, on aime ou on déteste. En cause, les fréquences choisies pour les parties de guitares qui ne rendent pas vraiment justice au jeune Randy ou cette basse un peu rêche. Et puisqu’on en est aux remarques désagréables, les parties de basse et de batterie ont été réenregistrées pour la réédition de 2002 (« Diary Of A Madman » a subi également le même traitement) avec respectivement Robert Trujillo (METALLICA, INFECTIOUS GROOVES, ex-SUICIDAL TENDENCIES) et Mike Bordin (FAITH NO MORE), un duo qui officiait alors au sein du groupe d’Ozzy et que l’on retrouve sur les albums « Down To Earth » et « Live At Budokan ». Les puristes crient au scandale et il faut trouver la source de cette décision en remontant jusqu’en 1986 lorsque Daisley et Kerslake intentent un procès pour royalties non reçus. Ozzy voudra dès lors les supprimer de l’enregistrement et Sharon y voit ainsi l’avantage de dépoussiérer le son original en y amenant de la fraîcheur tout en se débarrassant des importuns en même temps. En 2009, coup de théâtre ! Ozzy déclare dans sa biographie I Am Ozzy que c’est Sharon, et elle seule, qui a pris la décision de remplacer la section rythmique. Portes qui claquent, « Ciel mon mari ! », on nage en plein vaudeville, Faydeau n’aurait probablement pas renié la situation.

Le 31 mai 2011, afin de célébrer les 30 ans de l’album, un luxueux coffret regroupant « Blizzard Of Ozz » et « Diary Of A Madman » sort dans le commerce chez Legacy recordings et l’on y retrouve les versions originales remasterisées et celles réenregistrées par Trujillo et Bordin, donnant ainsi le choix aux auditeurs de se rallier à un camp et réhabilitant aussi en quelque sorte le travail des musiciens de l’époque. Gros carton commercial pour ce premier album en solo de l’ex (et futur) chanteur de BLACK SABBATH, « Blizzard Of Ozz » se classe 7e des charts anglais, 8e au Canada et 21e au Billboard américain. En 2019, la RIAA qui recense les ventes d’albums a certifié l’album neuf fois disque de platine pour plus de 9 millions d’exemplaires écoulés. Pas mal pour un début…

Pour aller plus loin :

Ozzy a commis peu de faux pas – et encore, une notion toute relative et subjective – dans sa carrière solo longue de 40 ans. Il a toujours su s’entourer des meilleurs musiciens et, surtout, de guitaristes virtuoses qui sont passés de simples membres  avant de le connaître à guitar-heroes en le quittant. Randy Rhoads, parti trop tôt dans les circonstances tragiques d’un accident d’avion en 1982, Jake E. Lee (RED DRAGON CARTEL, ex-ROUGH CUTT, ex-BADLANDS) qui rajouta ainsi un joli nom à son curriculum ("Bark At The Moon" et "The Ultimate Sin") et Zakk Wylde (BLACK LABEL SOCIETY) à partir de "No Rest For The Wicked" en 1988 jusqu’à « Black Rain (2007), Jerry Cantrell (ALICE IN CHAINS) sur « Under Cover » (2005) et Gus G. (FIREWIND) pour « Scream » en 2010. On ne saura donc que trop vous conseiller d’explorer chaque période et décennies survolées, chacune renfermant son lot de pépites. Pour vous aiguiller, prenons un album de chaque six-cordistes ayant croisé la route du croqueur de chauve-souris pendant plus d’un album.

« Diary Of A Madman » (1981)
« Bark At The Moon » (1983)
« No More Tears » (1991)
 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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