28 décembre 2020, 18:00

Ihsahn & LEPROUS

@ Notodden (Théâtre de Notodden - Livestream)

Dernier livestream de l’année en ce qui me concerne, ce dimanche 20 décembre est à marquer d’une pierre blanche, car il voit la réunion sur une même scène de LEPROUS et d’Ihsahn, réunion qui n’avait plus eu lieu depuis 2016, gravée sur le DVD « Live At The Rockfeller Music Hall ». C’est dire à quel point les fans sont heureux et impatients de voir ce que les deux groupes leurs ont réservé.

Il est 20h10 lorsque le concert démarre, avec un peu de retard sur le timing, et l’écran noir cède sa place à la magnifique scène du Théâtre de Notodden (Norvège), superbement éclairée par un jeu de lumières adapté à chaque chanson. Deux batteries trônent dans le fond, tandis que les claviers, pieds de micro et racks de guitares prouvent qu’il va y avoir beaucoup de beau monde ce soir. Le battement de cœur électronique qui sert d’introduction à "The Flood" est le signal pour que LEPROUS commence son set. Le son est très bon et les musiciens, comme à leur habitude, sont bien en place. Premiers applaudissements de la soirée de la part des heureux spectateurs présents dans la salle. Ils rythmeront agréablement tout le show, donnant de la chaleur et de l’énergie aux groupes, et la sensation aux fans derrière leur écran qu’ils assistent enfin à un vrai concert et non à un clip-vidéo (le gros défaut des livestreams, à mon humble avis). Mais LEPROUS en n’est pas à son coup d’essai. C’est en effet son troisième depuis le début de la pandémie (voir le report du deuxième ici), et même le quatrième pour le chanteur, Einar Solberg, si l’on tient compte de son concert acoustique début décembre. Le groupe est rodé à l’exercice et parvient sans peine à insuffler ce qu’il faut d’humanité et de partage pour que les fans des quatre coins du monde se sentent complètement immergés dans l’ambiance du concert.  

Enchainement impeccable avec  "From The Flame" qui fait toujours son petit effet. On commence déjà à sauter sur le canapé et remuer la tête en rythme. "Thorn" est une belle surprise car le titre n’est plus joué par le groupe depuis longtemps. En guise d’intro, c’est Raphael Weinroth-Browne, le talentueux violoncelliste Canadien, qui accompagne LEPROUS depuis plusieurs années maintenant, qui interprète, par le biais d'une vidéo préenregistrée, les fameuses trompettes de l’ouverture du morceau. Le tout sur son violoncelle, bien évidemment. Et ça sonne plus vrai que nature. Ce musicien est décidément épatant ! Il est capable de tirer absolument tous les sons de son instrument, même les plus étranges. Et qui dit "Thorn", dit bien sûr Ihsahn, qui rejoint le groupe pour asséner ses hurlements diaboliques sur la partie finale. Car le spectacle n’est pas divisé en deux parties, comme on aurait pu le penser. Les artistes ont décidé de mêler adroitement leurs chansons, dans une belle fluidité. On passe du chaud au froid en un clin d’œil, de la douceur la plus tendre à l’énergie la plus brute en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. La soirée sera metal et heavy, qu’on se le dise !
 


Bien parti sur sa lancée, Ihsahn et son groupe (composé en partie d’anciens membres de LEPROUS : Øystein Landsverk à la guitare, et Tobias Ørnes Andersen à la batterie), toutes guitares dehors et blast-beats en avant, vont nous asséner coup sur coup les merveilles que sont "Lend Me The Eyes Of Millenia" et "Arcana Imperii". Une paire de baffe sans concession en pleine gueule, mais que c’est bon ! (même si cela peut sembler un brin masochiste.) Le Maître, pour qui c’est le tout premier livestream ce soir, poursuit avec sa voix claire et sur un tempo plus doux avec la sublime "Pulse" et ce refrain inoubliable (« Too Proud, too ashamed. Incompatible with myself »). On ressent l’entente parfaite et la complicité entre tous ces artistes, qui se connaissent depuis de nombreuses années. Puis les membres de LEPROUS reviennent sur scène aux côtés d’Einar Solberg pour interpréter, une fois de plus magistralement, l’incontournable "Distant Bells", suivie de "The Price". Retour d’Ihsahn qui attaque "Until I Too Dissolve" avec son savoureux riff 80’s, et malgré un léger couac au démarage, l’artiste garde le sourire. Il  poursuit avec "My Heart Is Of The North", chanson hommage à sa terre natale, la Norvège. Première mondiale pour le titre suivant, "Manhattan Skyline", la reprise de A-HA. Ihsahn se dit particulièrement chanceux d’avoir comme beau-frère le seul vocaliste capable de chanter comme Morten Harket. Simen Daniel Lindstad Børven, le bassiste de LEPROUS s’installe aux claviers, afin de libérer Einar de cette charge (« parce qu’il n’a plus envie d’en jouer », dira-t-il, non sans une pointe d’humour) afin qu’il puisse se focaliser sur son chant. Et cette version live est sublime, bien plus incisive que la version studio. Les guitares sont vraiment mises en avant et la voix d’Einar est plus brute et punchy, tout en étant toujours juste et émouvante.

"At The Bottom" est également très attendu car c’est l’un des morceaux préféré des fans. Sauf que c’était sans compter sur les problèmes techniques qui nous privent des parties de violoncelle de Raphael. Malgré un début prometteur, le son se met à se dégrader sérieusement : les instruments semblent détachés les uns des autres, la voix d’Einar Solberg est noyée dessous, puis c’est l’inverse qui se produit. On ne perçoit plus du tout le violoncelle, pourtant indispensable à cette chanson, mais seulement la voix et la basse. Le groupe fait de son mieux pour poursuivre malgré les conditions pénibles, et, grâce à leur grand professionnalisme, il faut reconnaitre qu’ils s’en sortent avec les honneurs. Quelle étrange version, cependant, sans le fabuleux solo de Raphael ! On sent le frontman un peu déstabilisé, remerciant le public dans un chuchotement à peine audible. Fort heureusement, les problèmes techniques sont résolus pour "Below", et c’est la très belle version intégrale, avec les cordes, à laquelle nous avons droit.

Fini les douceurs pour ce soir. Ihsahn réattaque très fort en enchainant deux morceaux black metal emblématiques de son répertoire : "Frozen Lakes On Mars" et "A Grave Inversed", avec Baard Kolstad à la batterie cette fois. Les deux titres sont menés sur les chapeaux de roues, et bordel, ça décoiffe ! C’est certain, les petits vieux tout en bas de la rue en ont perdu leur râtelier. Pour le final de ce concert exceptionnel, ce sont les deux titres les plus réclamés à corps et à cris par les fans qui clôturent la soirée. Einar Solberg s’installe au piano pour une interprétation, en duo avec Ihsahn, de l’une des plus belles chansons de ce dernier, la pièce maîtresse qu’est "Celestial Violence". Une merveille absolue. Et le maître d’enchainer en demandant à son beau-frère s’il est prêt pour le grand final. Ce à quoi Einar Solberg réplique : « Si vous pensiez que LEPROUS et Ihsahn sont minimalistes, vous allez avoir la réponse à cette question maintenant ! », en attaquant "Contaminate Me", le morceau le plus agressif à l’ambiance malsaine que le groupe ait jamais composé. Une bombe de puissance et de noirceur, tout à fait appropriée au malaise généré par cette année maudite et son envahissant virus. Tous les musiciens sont réunis sur scène pour cette fin monumentale. Einar Solberg et Ihsahn au chant, guitare et claviers, deux batteurs, trois guitaristes supplémentaires, qui sont également choristes, un bassiste et Raphael Weinroth-Browne qui joue les parties stridentes de violon à la fin de la chanson, sur son violoncelle, bien sûr. Et le résultat est gargantuesque, hormis un léger accro sur son chant de la part d’Ihsahn, ce qui aura le don de contrarier son Einar vu l’expression de son visage. Petit détail qui n’entache en rien la qualité de cet excellent show.  

Une fois les dernières notes achevées, les musiciens sortent de scène assez rapidement, hélas, laissant le public pantois, et tout à la fois ravi d’avoir eu la chance d’assister à ce spectacle, offert tel un magnifique cadeau de Noël par des artistes complets, généreux et immensément talentueux. Pourvu que l’année qui arrive nous permette de revivre de tels concerts, mais dans une véritable salle, cette fois. 

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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