5 mars 2021, 19:20

MASON HILL

Interview Scott Taylor


Les Ecossais MASON HILL ont sorti leur premier album ce 5 mars. Entre classic-hard rock et heavy, le groupe propose un premier disque à la production léchée. Entretien avec le chanteur Scott Taylor qui nous parle de la réalisation de « Against The Wall », les débuts difficiles, les fans et les défis qu’ils ont relevés pour obtenir un album à la hauteur de leurs ambitions.


Bonjour Scott, merci de nous accueillir pour parler de ce 1er album, comment vas-tu ?
Merci à toi, c’est un vrai plaisir de te parler et d’être là ensemble même si c’est par téléphone, je passe une très belle journée.

« Against The Wall », le premier album de MASON HILL est sorti, un disque dont la production a été difficile à mettre en place. Le nom même de l'album est une référence directe à cette situation, mais avec beaucoup de volonté et une campagne de financement participatif réussie, le projet a finalement pu décoller !
Oui tu as tout à fait raison. La tâche a été difficile au début et il a fallu gérer pas mal de problèmes, de contretemps, de reports et les finances n’étant pas au beau fixe nous avons du mettre en place une campagne de financement participatif et je peux te dire que ça a été une période très angoissante pour nous tous. Mais on a réalisé que nous avions un nombre incroyable de fans et à quel point ils nous soutenaient. Ça a été une merveilleuse expérience qui nous a galvanisé, on a pu enregistrer l’album et maintenant il est là, je trouve que c’est une superbe histoire. Sans le soutien des fans rien de tout ça n’aurait pu voir le jour. À ce moment là de notre projet c’était clairement : soit la campagne de financement fonctionne, soit on arrête. C’était aussi simple que ça, on n’en avait parlé à personne, on avait juste fait le point entre nous et on a mis tous nos espoirs et notre énergie dans cette campagne. Donc pour nous, nos fans sont très importants et aujourd’hui c’est plus leur album que le notre car même si c’est notre projet, sans eux on n’y serait jamais arrivé et pour ça on leur en sera toujours profondément reconnaissant. On est aussi très heureux d’avoir travaillé avec les producteur Chris Sheldon et Brian Sperber, notre équipe de management chez Jaba Music, tout le monde a travaillé dur pour nous permettre d’être au top et nous soutenir. J’y pense chaque jour, c’est un souvenir que je garde en mémoire et tous ces gens ont œuvré pour nous donner notre chance et ça c’est juste formidable.

Le projet a débuté il y a maintenant cinq ans, n’avez-vous été démotivés à certains moments ?
Ça fait cinq ou six ans en effet et ça a été un parcours excessivement long et honnêtement on n’avait pas anticipé que ça prendrait autant de temps mais tu vois, si c’était à refaire je ne changerais rien car je suis très heureux de tout ce qu’on a accompli, tout ce qu’on a traversé durant tout ce temps même si j’espère qu’à l’avenir les choses iront plus vite (rires).

La situation mondiale due à la crise sanitaire vous a-t-elle donné plus de temps pour travailler sur le processus d'écriture ou sur l'enregistrement, affiner certains détails, pour obtenir le disque que vous souhaitiez ?
Oui clairement, le COVID nous a permis de prendre notre temps et de vraiment s’impliquer dans le mixage de l’album et le mastering afin d’avoir le résultat que nous souhaitions vraiment. Ça nous a également permis d’avoir plus de temps pour enregistrer et d’essayer différentes configurations de matériel et de pièces chez nous pour enregistrer les instruments. On a pu être ensemble plus longtemps, écrire plus, composer plus et on a pu aussi tester nos limites et montrer qu’en dehors d’être un bon groupe de concerts on pouvait apporter de bonnes compositions. Pour la pré-production seulement deux d’entre-nous avions de quoi enregistrer chez lui. J’ai passé pas mal de temps chez James (Bird le guitariste) et on a enregistré ensemble, on a fait de notre mieux avec ce qu’on avait. Je n’avais pas vraiment beaucoup d’expérience d’enregistrement, les autres oui et je peux te dire qu’on a passé pas mal de temps à travailler là-dessus.
 


Votre 2e single ''Find my Way'' a été diffusé sur les ondes et également sur les plateformes numériques comme sur HEAVY1 où celui-i et D.N.A. ont été joués pendant plus de huit semaines et continue encore à ce jour. Avez-vous été surpris par tous ces retours positifs des différentes radios à travers l’Europe ?
On est tellement content, jamais on aurait pensé qu’on serait si bien accueilli. Dans nos têtes on se disait qu’on vendrait notre album à toutes les personnes de notre entourage pour commencer mais avant même sa sortie, les deux premiers singles ce sont propagés et c’est juste génial de voir où on en est. Et aujourd’hui je suis là avec toi à en parler et c’est un réel privilège et un honneur de vivre cette expérience et on est tous très heureux.

Le tournage de vos clips vidéo est un véritable terrain de jeu pour vous, apparemment vous aimez porter du maquillage et des masques. En parlant de masque, celui de type ''emoji jaune'' que vous enfilez dans la vidéo de ''Against The Wall'' aurait pu devenir une tenue permanente pour le groupe, comme le font SLIPKNOT, KISS ou GHOST… Cacher vos visages a-t-il été envisagé ?
Il y a quelque chose d’intrigant dans le fait d’être anonyme, de jouer un personnage, ça peut être vraiment sympa à faire mais après deux heures passées à chanter avec un masque sur le visage je peux te dire que je respecte énormément Corey Taylor et les autres car ce n’est vraiment pas un exercice facile. Je ne pense pas que je sois capable de le faire, même si l’idée est cool, je suis trop ''normal'' comme gars et quand je suis sur scène j’adore voir les gens me sourire en me regardant dans les yeux. Et j’aime tellement leur montrer à quel point je suis heureux d’être devant eux que je pense qu’au bout de dix minutes de concert j’enlèverais le masque (rires). On utilise le maquillage et les masques comme un outil pour illustrer les vidéos que l'on propose, pour aller dans le sens de ce que les chansons racontent comme avec ''Against The Wall''.
 


Tu t’es envolé pour New-York afin d’enregistrer ta voix dans le mythique studio Electric Ladyland de Jimi Hendrix, parle-nous de ce voyage et de ton travail avec le producteur et ingénieur du son Brian Sperber.
C’était un honneur d’apprendre qu’il souhaitait travailler avec nous, d’aller chez lui pour enregistrer, même si une fois là-bas cela signifiait que je devais rester confiné. On a pu travailler dans de très bonnes conditions chez lui, il a une très belle maison et on s’est enfermé durant deux semaines. Et rien que le fait d’être avec lui durant l’enregistrement, de travailler sur les titres, de pouvoir enfin les enregistrer et les entendre comme je le souhaitais a vraiment été une expérience incroyable, ça restera dans ma mémoire pour toujours. Je chante mieux et j’ai augmenté mes possibilités après mon séjour passé avec lui. Il m’a appris pas mal de technique, d’exercice et comment donner plus de profondeur à ma voix, comment exploiter la diversité de ma tessiture et des outils simples mais super efficaces pour être plus qu’un simple chanteur qui gueule dans un micro sur scène. J’ai appris à mettre de la passion et des sentiments dans ma voix et j’ai aussi appris la discipline que ça implique. Je suis revenu chez moi changé, avec beaucoup plus de connaissances sur mon rôle de chanteur. Ça n’a pas été facile pour tout te dire, ça a été dur et pas forcément le moment le plus heureux de ma vie car j’avais un défi à relever, on attendait de moi des résultats, il y avait un niveau de qualité que je devais atteindre et je suis arrivé là-bas sans avoir ce niveau. J’ai du m’adapter très rapidement, travailler dur en très peu de temps, me focaliser sur le but à atteindre. Je me suis dépassé et Brian a été très professionnel et gentil et j’ai énormément appris durant ces deux semaines, ça m’a littéralement changé.

Pourquoi avoir enregistré ta voix dans un studio new-yorkais, n’y avait-il pas de bons studios en Ecosse pour ça ?
Oui c’était tout à fait possible, les autres ont adoré enregistrer à Glasgow au Riverside Studios, Craig notre batteur y a vécu un moment là-bas et les gens étaient super sympas au studio, l’ambiance était très cool mais on connaissait déjà Brian depuis quelque temps, il nous a aidé à développer le potentiel des chansons et lorsque le moment d’entrer en studio est arrivé il m’a proposé de travailler avec lui et je n’ai pas hésité une seconde. Donc le reste du groupe à enregistré au Riverside où tout s’est très bien passé, la production a été géniale et les gars ont adoré passé du temps là-bas et de mon côté j’ai eu cette opportunité d’aller enregistrer chez Brian et tout s’est enchaîné naturellement. Alors oui c’était un peu intimidant d’y aller tout seul sans les autres, je me sentais parfois un peu seul mais ça en valait la peine.

Avec la chanson ''We Pray'', montres-tu ton côté spirituel ? Quelle place prend la spiritualité dans ta vie et a-t-elle évolué après l'année 2020 que nous venons de vivre ?
Bonne question. Je dirais qu’une majeure partie de ma vie je n’ai pas été très penché sur la spiritualité mais tu vois, en prenant de l’âge je commence à y penser et à faire mes petites recherches de manière à trouver ma place dans la vie et je suppose que cette chanson fait référence au fait qu’à la fin de la journée beaucoup de personnes prient pour quelque chose, c’est juste la personne que tu pries qui change en fonction des gens et j’ai toujours été un peu jaloux des personnes croyantes, celles qui ont la foi, car je trouve que c’est une belle vision de la vie, je les envie un peu et je pense que cette chanson s’y réfère un peu en quelque sorte.
 


​MASON HILL pourrait être le fils spirituel d'AEROSMITH et d'ALTER BRIDGE, quelles sont tes principales influences ?
Tu sais j’ai grandi à une période où les musiques de différentes époques se croisaient. J’ai écouté un mélange de musiques actuelles mais aussi de groupes des années 80 et 70. Dans le groupe on est fan de classic-rock on ne dira jamais le contraire et on a une grosse influence de modern-rock et comme tu dis on aime beaucoup AEROSMITH et ALTER BRIDGE mais aussi METALLICA, LAMB OF GOD, BLACK STONE CHERRY ou encore SHINEDOWN. Il y a tellement de groupes différents que nous aimons et on essaie de mettre un peu de tout ça dans nos chansons.

Avec des influences metal comme tu viens de les citer, est-ce que certaines chansons étaient à l’origine trop metal justement ? A-t-il fallu réduire la voilure de certaines d’entre-elles afin que l’ensemble des titres restent cohérents sur l’album ?
Oui et en particulier la chanson ''No Regret'', elle avait trop de guitare au départ et Craig et moi avons eu l’idée de les retirer durant les couplets ce qui a permis à la section rythmique de s’exprimer et de donner un peu plus de place au chant. On est très méticuleux sur les changements qu’on apporte au fur et à mesure du développement des chansons et toutes ont été modifiées ou retouchées une bonne dizaine de fois, soit de manière drastique soit part des modifications plus subtiles. On a fait tellement de changement que parfois on ne savait plus quand s’arrêter et c’est le management qui finissait par dire « stop, là c’est parfait » (rires).

Dans tes paroles tu exprimes souvent tes sentiments profonds, tes avis bien tranchés, comme des déclarations. Le fait de chanter est pour toi l’opportunité d’une tribune ouverte aux autres et qui parfois te permets de régler tes comptes ?
Oui je pense. Quand j’écris des paroles je puise dans mon expérience personnelle et c’est comme ça que je procède la plus part du temps. Je ne suis pas un poète ou un littéraire, tu sais quand j’étais à l’école les cours d’anglais étaient ceux que je détestais le plus, je me débrouillais bien en maths mais l’anglais, oh, laisse tomber. Je suis le genre de gars à l’intelligence moyenne qui essaie juste de sortir des idées de sa tête et de donner la vision la plus claire de ce que je veux exprimer et qui peut avoir du sens pour certaines personnes. Mais il m’arrive aussi de temps en temps d’être un peu perdu dans ce que je veux dire car quand j’écris je le fait de manière automatique et quand je vois le résultat je me demande parfois si c’est bien moi qui ai écrit ça (rires). Alors parfois je trouve que c'est un peu étrange mais quand je me relis je vois ce que j’ai voulu dire et ça prend tout son sens. Mon thème principal parle des problèmes qu’on rencontre dans nos vies et de la manière dont ont les gères. Soit tu en veux aux autres, soit tu te remets en question, ou tu te bats pour tes convictions, est-ce que tu essaies d’être une meilleure personne, de faire de ton mieux, de voir le bon côté des choses ? À toi de choisir.
 


Quels sont les plans pour MASON HILL si la pandémie ne s’arrête pas dans les prochains mois ?
Si la situation continue comme ça on va s’investir en tant que groupe présent sur le net tout le temps que ça durera. On diffusera des nouveautés, du contenu régulièrement, nos fans sont présents sur les réseaux sociaux et ils suivent notre actualité, on continuera à faire quelques reprises comme ''Best Of You'' de FOO FIGHTERS mais aussi des titres originaux avec d’autres groupes avec qui ont est potes. Faire en sorte d’apporter des trucs sympas comme tu peux en trouver sur YouTube, pendant qu’on sera bloqués chez nous. C’est pratique d’avoir ces plateformes numériques pour rester en contact avec le public. Ça fait maintenant un an depuis notre dernier concert et ça me manque terriblement mais j’essaie de ne pas être égoïste car d’autres traversent des moments bien plus difficiles et qu’il faut se protéger, alors je ne sais pas quand nous pourrons refaire des concerts mais tout est prêt, on peut partir à tout moment, les dates n’ont pas été annulées mais reportées donc on attend plus que le feu vert et quand ce sera le cas tout va s’enchaîner d’un coup et je peux te dire que j’attends ça avec impatience.

Quelle sera la première chose que tu feras lorsque toute cette crise sera terminée ?
Faire un concert (rires), ça me manque tellement mais les répétitions me manque aussi énormément, être avec les autres et répéter ensemble. Il fut un temps où j’en avais ma dose mais là j’avoue que ça me manque beaucoup. Mais ça finira par revenir et il faut rester positif.

Remontons le temps. Te souviens-tu quand tu as réalisé que tu voulais devenir musicien ?
Oui ! J’avais quinze ans, je jouais de la guitare avec James, c’était juste un passe temps à ce moment-là et j’étais encore trop jeune pour penser à ce que je voulais faire plus tard. Cette année là, à l’école, un atelier musical venait d’être créé, tu pouvais jouer et même enregistrer. On était une classe de 24 élèves et nous devions jouer et enregistrer deux chansons, des reprises, en formant entre nous des groupes complets. Alors on a fait équipe avec James, des filles voulaient chanter avec nous mais James lui voulait un chanteur. Alors j’ai essayé une chanson et c’était ''Rain Wizard'' de BLACK STONE CHERRY, une super chanson. C’était la toute première chanson que je chantais officiellement et après six mois de travail ma voix est devenue celle que tu peux entendre aujourd’hui. Avant ça j’étais un screamer, je hurlais sur les chansons de PANTERA ou LAMB OF GOD, un style de chant pour lequel je n’étais peut-être pas le meilleur, même si j’aimais ça. Mais quand j’ai réalisé que je pouvais mieux chanter avec cette reprise de BLACK STONE CHERRY là j’ai su que c’est ce que je voulais faire, un véritable déclic.

Avec quel artiste rêverais-tu de chanter pour un duo ?
Oh ? Qui je choisirais ? Il y en a tellement… Mais là comme ça je dirais que mon rêve serait de chanter "Best of You'' avec Dave Grohl. On a mis en ligne notre reprise de cette chansons sur notre page Facebook et elle rend super bien et je ne peux pas m’empêcher de penser « ce serait tellement génial que Dave Grohl la voit et qu’on la chante ensemble ». Donc voilà, ces derniers temps c’est celle-là que j’ai en tête mais ça pourrait changer avec le temps (rires).

Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
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