26 mars 2021, 10:30

SMITH/KOTZEN

Interview Richie Kotzen


Quand deux guitaristes de renom composent un album ensemble, c'est forcément pour le plus grand plaisir des fans, mais c'est aussi le risque que l'un ait l'ascendant sur l'autre ou que la sauce ne prenne pas.
Adrian Smith (IRON MAIDEN) et Richie Kotzen (THE WINERY DOGS, outre une carrière solo gigantesque et des incursions dans POISON et MR.BIG) ont pourtant relevé ce pari inattendu avec succès et proposent un premier disque hard rock, blues, mélodique, heavy et totalement addictif.
Nous nous sommes entretenus avec les deux musiciens séparément, car l'Atlantique les sépare actuellement, quelques jours avant la sortie de cet album, ce 26 mars.
Retrouvez l'interview d'Adrian Smith par Benjamin Delacoux en cliquant sur ce lien

 

Rendez-vous est pris ce 26 mars avec les fans pour qu'ils découvrent l'intégralité de l'album de SMITH/KOTZEN. Tu dois être terriblement impatient de leur réaction ?
Oui, je suis en ce moment très occupé avec la promotion de l'album et les médias partout dans le monde sont très réactifs, ce qui est plutôt encourageant. J'ai eu du mal à y croire au début : « Est-ce que je fais vraiment un album avec Adrian Smith ? ». Mais au fur et à mesure que les chansons ont pris forme, je me suis rapidement rendu compte que nous composions quelque chose de vraiment spécial. Maintenant que tout est en place, nous avons hâte que l'album soit disponible. Nous avons eu de bonnes réactions à la sortie des trois singles mais maintenant, nous sommes impatients que tout le monde découvre la totalité des morceaux, pour pouvoir nous dire : « Ça y est ! On l'a fait ! ».

Y a-t-il toujours la même pression lorsque tu sors un album que lorsque tu as commencé ta carrière il y a... "quelques" années ?
Non, c'est différent maintenant. Quand j'étais ado et que j'ai signé mon premier contrat avec une maison de disques pour mon premier album, j'ai eu vraiment la pression. Mais rapidement, j'ai trouvé ma voie et j'ai eu confiance en ce que je produisais, donc la pression s'est vite envolée. Aujourd'hui, je n'ai plus aucune pression. Quand tu sais que tu as donné le meilleur de toi-même, il n'y a pas de raison de se mettre la pression. Par contre, a posteriori, en réécoutant de vieux morceaux, parfois je me dis que j'aurais pu mieux faire. Mais c'est ainsi. On ne peut plus rien y changer. Je pense que le fait d'être dans le milieu depuis que je suis très jeune, juste après le lycée, m'a aidé à relativiser et prendre du recul. Ce doit être différent pour les personnes qui commencent plus tard leur carrière et qui doivent peut-être faire leurs preuves plus rapidement du coup. En plus, cet album est un des plus faciles et des plus naturels que j'ai composé. Je me sens vraiment à l'aise avec ce qu'il représente.

Avec 22 albums solo à ton actif, dont le dernier sorti en 2020, sans parler du groupe THE WINERY DOGS, tu as trouvé le moyen de te donner encore du travail avec Adrian Smith... Quand a démarré votre collaboration ?
Tout a commencé avant la pandémie, donc ce n'est pas un "album COVID" et nous avions prévu de le sortir en mars 2021, ce que nous faisons. Ça c'est cool. Ce qui l'est moins, c'est que nous devions partir en tournée en avril, ce que nous ne pourrons pas faire. Mais ce qui est sûr, c'est que dès que nous pourrons reprendre la route, nous le ferons !

Oui, ce serait formidable, car on imagine bien ces chansons en live...
Oui, c'est sûr ! J'ai vraiment hâte de partager la scène avec Adrian et de voir les fans pendant et après le concert pour partager des moments ensemble.

La scène doit te manquer...
Eh bien en fait, avant le confinement, j'avais des concerts prévus sur quatre continents pour la promotion de mon album sorti en février 2020. Mais pour être honnête, j'avais vraiment besoin d'une pause. Je ne le savais pas, mais quand on a dû rester à la maison et que j'ai eu tout loisir d'être avec ma femme, de me reposer, j'ai vraiment ressenti ce besoin d'être un an sans tourner. Ce n'est pas tant jouer qui est compliqué, mais voyager. C'est épuisant, mentalement et physiquement. Là, j'ai eu le temps de me reposer et de recharger mes batteries. Je suis donc fin prêt à repartir en tournée et sur le bon pied.

Adrian et toi partagez les parties de guitares et le chant, tu te charges, sur plusieurs chansons, de la basse et de la batterie, comment vous êtes-vous réparti le travail ?
C'était un processus très naturel. J'ai une façon de travailler qui fonctionne bien. Quand j'arrive en studio, tout est prêt. Mais cela vient de mon approche de l'enregistrement en tant que one-man band. Avec Adrian, ça s'est passé un peu de le même façon, sauf que nous avons écrit ensemble. C'est une réelle collaboration. Ce n'est pas un album où j'ai apporté deux chansons, Adrian deux autres... Non, nous avons vraiment tout écrit à quatre mains. Chacun venait avec une idée et l'autre la développait. Et l'album n'aurait jamais pu exister si l'on n'avait pas pu travailler ensemble dans la même pièce. Heureusement que tout était prêt avant le confinement ! Il y a juste une chanson où Adrian a pensé qu'il serait intéressant de faire jouer Nicko McBrain (le batteur de MAIDEN) et j'ai trouvé l'idée géniale ! Et puis j'ai fait jouer aussi mon copain Tal Bergman. C'est vraiment un travail passionnant.

Vous vous connaissez depuis longtemps avec Adrian, tu te souviens de votre première rencontre ?
Oui, on s'est rencontrés il y a à peu près 9 ans. On s'est très bien entendus et on est devenus très amis tout de suite. C'est comme un membre de la famille car sa femme et la mienne sont très amies aussi. Dès qu'ils passent près de chez nous, on passe un moment ensemble. Et on s'invite toujours au moment des fêtes de Noël et à chaque fois, un moment arrive où l'on joue ensemble. On fait des reprises, on s'amuse. Et à un moment, les gens nous ont dit : « Adrian et toi devriez jouer sur un album ensemble ». Tout a commencé comme ça, très innocemment.

Adrian Smith est-il un perfectionniste comme toi ?
Je ne sais pas si nous sommes vraiment perfectionnistes. Quand j'entends ce terme, cela me fait penser à une personne très stricte. Mais je ne suis pas comme ça. Je suis plutôt quelqu'un d'instinctif. Quand j'écoute un des morceaux que j'ai composés et que j'en deviens moi-même fan, je sais alors qu'il est temps de le proposer au public. Ce n'est pas ça, être perfectionniste. Je veux juste ressentir la même sensation que les fans. Il y a des morceaux de musique qui sont exécutés parfaitement, mais ils n'ont pas de feeling. Ce n'est pas ce que je cherche. Je veux que le public vibre avec moi. C'est ça, le rock 'n' roll.
 

"Quand j'ai eu la chance de travailler avec Adrian, c'était très inattendu. C'est comme un cadeau pour moi, car je l'admire depuis que je suis ado"

 


On aimerait que tu nous parles de Tal Bergman qui participe à l'album, c'est un ami de longue date, non ?
Oui, je l'ai rencontré en 2006. On faisait partie d'un groupe résident d'un club à Los Angeles et on a joué quelques fois ensemble, mais quand le club a fermé, on est resté amis. Je l'ai emmené avec moi pour jouer en première partie des ROLLING STONES au Japon. Plus récemment, nous avons rejoué ensemble sur quelques-uns de mes concerts. Donc, quand Adrian a décidé de faire jouer Nicko sur l'album, j'ai également proposé de faire jouer Tal sur quelques parties.

Le nouveau single que vous avez choisi avant la sortie de l'album est "Running", il paraît que c'est l'une de tes chansons préférées du disque ?
Ce sont toutes mes préférées, j'ai du mal à en choisir une en particulier ! Mais absolument, je pense que c'est une des chansons qui me rappelle d'où je viens, et aussi la musique que j'écoutais sur vinyles quand j'étais plus jeune et le plaisir que j'avais à écouter une face, puis l'autre. Elle a vraiment ce son particulier des bons vieux rock classiques.

Sans parler de "Scars" ! Il y a une partie de guitare courte mais époustouflante, où vos instruments se croisent, vous avez presque le même son...
Oui, c'est une des premières chansons que l'on a écrites. J'ai tout de suite pensé qu'elle était spéciale et unique. Mais merci de citer toutes ces chansons que j'adore !



Y a-t-il des groupes ou des musiciens qui continuent de t'inspirer aujourd'hui ?
Oui, il y a des groupes très cool. J'écoute pas mal la radio et je trouve de très bonnes chansons. C'est différent de ce que j'écoutais quand j'avais 15 ans. J'écoutais RUSH ou IRON MAIDEN, mais personne ne fait plus de musique comme ça aujourd'hui. Par contre, il y a toujours de bonnes idées dont on peut s'inspirer.

On se demande bien avec quels autres musiciens tu pourrais collaborer désormais...
Je ne vois pas les choses en ces termes. Je suis un animal solitaire. Quand j'ai eu la chance de travailler avec Adrian, c'était très inattendu. C'est comme un cadeau pour moi car je l'admire depuis que je suis ado et que j'ai appris à jouer de la guitare. Quand tu penses que j'étais fan d'IRON MAIDEN, que j'apprenais à jouer leurs morceaux et que maintenant que je suis adulte, j'ai fait un album avec mon idole... C'est fantastique !

Pour revenir un peu en arrière, lors de ton passage dans POISON et plus tard MR. BIG pour ne citer qu'eux, tu étais libre de proposer tes idées dans ces formations ?
Oui, totalement, j'étais vraiment un membre à part entière de ces formations. Je n'ai jamais été quelqu'un de timide ou de réservé. J'ai écrit pas mal de chansons avec eux, même si c'était des groupes déjà établis et j'ai vraiment fait ma part en tant que compositeur. Mon expérience dans POISON date d'il y a 30 ans, mais je continue de penser que c'était une grande expérience pour moi même si aujourd'hui, ma façon d'écrire est bien différente.

C'est plus facile maintenant ?
Composer, je ne sais pas. Mais au début de ta carrière, tu passes du temps à choisir les bons instruments, à les accorder, à trouver toutes les combinaisons possibles pour que ta guitare sonne comme tu le veux. Avec l'expérience, tout cela devient plus naturel. Aujourd'hui, on vit dans un monde de technologie où tu n'as plus besoin de passer du temps à apprendre tout cela. Je ne dis pas que c'est une mauvaise chose, mais les gens peuvent aujourd'hui faire des albums qui auraient été impossibles à réaliser il y a 20 ou 30 ans. Maintenant, tu peux sortir un album sans vraiment t'y connaître en musique. C'est bien, tout le monde a l'opportunité de montrer sa créativité, mais c'est un monde différent par rapport à quand j'ai commencé, mais aussi très éloigné de ce que je fais encore maintenant •

A retrouver sur le site : interview Adrian Smith par Benjamin Delacoux

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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