Depuis le début ce ces Cahiers de l'Eté cuvée 2021, on a eu droit aux commentaires, parfois déçus mais bienveillants, de lecteurs n'y retrouvant pas leurs petits. C'est un fait car les choix effectués l'ont été par une partie seulement de la rédaction de HARD FORCE et, chez nous aussi, certains membres ont noté l'absence, qui de grands groupes ou albums, qui de grands musiciens pouvant faire partie des listes proposées. Pour cette partie, la sélection se porte sur les batteurs qui ont fait forte impression, il y a déjà longtemps pour certains ou plus récemment pour d'autres, et les participants ont eu la lourde tâche de n'en choisir que trois. Parfois loin des spotlights que s'accaparent chanteurs et guitaristes, les batteurs jouent pourtant un rôle essentiel au sein de certains groupes qui n'auraient probablement jamais connu un tel succès s'ils n'avaient pas eu de ces "fées" qui, d'un coup de baguette, ont su créer la magie. Ainsi fut (roulements de tambour) un John Bonham, un Ian Paice, des Bill Ward, Mike Portnoy, Nicko McBrain et autres Phil Rudd, Rick Allen, Joey Jordison ou Gene Hoglan. Tels sont ces noms de légende qui viennent spontanément à l'esprit, mais il y en a bien d'autres ! Alors suivez-nous pour cet avant-dernier rendez-vous (pour cette année !) et n'hésitez pas à nous faire part de vos sélections personnelles. « Between the hammer and the anvil ! ».
Mike Portnoy
Plus de dix ans sont passées depuis son départ de DREAM THEATER, "son" groupe, où il a été remplacé par le talentueux Mike Mangini, mais les fans ne l’ont pas encore digéré. Malgré tout le talent de ce dernier (répétons-le, certains en doutent), Mike Portnoy est à l’origine du groupe avec les deux John, Petrucci (guitare) et Myung (basse) et a enfanté des parties de batterie qui en feront baver à nombre de prétendants batteurs. Doté d’un style "pieuvresque", précis comme un coucou suisse, il ne s’en contente pourtant pas et se permettait même d’assurer les chœurs en concert. Il a également contribué à de nombreux projets à succès, trop nombreux pour être cités ici.
(Jérôme Sérignac)
Phil Rudd
Au fond du temps. Voilà la marque de fabrique du monolithique Phil Rudd, batteur d’AC/DC. Imperturbable avec sa clope au bec, il a une frappe sèche comme un coup de trique, impulsant à la musique du groupe un rythme solide comme le rock. Avec Cliff Williams, il devient une machine à groover inimitable et imbattable. S’il n’a pas contribué à tous les albums d’Angus & Co, il est tout de même celui qui a joué sur le plus grand nombre. Sa régularité et son endurance (voire les versions live à rallonge du morceau "High Voltage" par exemple) ont quelque chose d'hallucinant. Si la machine Terminator devait être comparée à un batteur, elle le serait très certainement face à Phil Rudd.
(Jérôme Sérignac)
Igor Cavalera
Igor Cavalera est âgé d’à peine 15 ans lorsque sort en 1985 « Bestial Devastation », premier EP de SEPULTURA, groupe qu’il a fondé un an plus tôt avec son frère, Max (chant/guitare jusqu’à fin 1996). Malgré le départ de son frangin, il continue l’aventure jusqu’en 2006 avant de le rejoindre au sein de CAVALERA CONSPIRACY. Terreur des kits de batterie de par sa frappe surhumaine, il suffit de réécouter les classiques que sont « Schizophrenia », « Beneath The Remains », « Arise », « Chaos A.D. » et « Roots » pour ne pas permettre de douter une seule seconde qu’il est entré de son vivant au Panthéon des plus grands batteurs du monde, rien que ça !
(Jérôme Sérignac)
Lars Ulrich
Issu d’une famille de musiciens, c’est en assistant à un concert de DEEP PURPLE alors qu’il n’a que 9 ans qu'Ulrich se prend de passion pour la musique. En 1980, plutôt que de suivre les traces de son père et se lancer dans une carrière de tennisman, il décide de créer son groupe. De sa rencontre avec James Hetfield naît METALLICA. Fer de lance de la nouvelle vague speed-thrash, METALLICA reste une source d’inspiration pour de nombreux genres de musique metal. Son jeu se caractérise par son utilisation de la double grosse caisse puissante, rapide et synchronisée avec la guitare rythmique de James Hetfield.
(Bruno Cuvelier)
Dave Lombardo
Avec Lars Ulrich, il est l’un des batteurs iconiques de la scène thrash metal. Il s’est fait un nom dans les années 80 en signant avec SLAYER leurs cinq premiers albums. Qualifié de parrain de la double grosse caisse, son jeu est puissant, agressif et rapide. Tous ceux qui ont eu la chance de le voir jouer "Raining Blood" restent marqués à jamais par le martèlement de sa batterie en annonce du morceau qui se transforme en véritable orgie de décibels. Depuis son départ de SLAYER il a formé plusieurs groupes dont GRIP INC. et PHILM, et joué dans plusieurs autres tels que FANTOMAS ou SUICIDAL TENDENCIES.
(Bruno Cuvelier)
Gene Hoglan
C’est en 1983 que Hoglan commence sa carrière de musicien en tant que roadie de SLAYER. Son influence sur le jeu de Dave Lombardo est immense. Il rejoint ensuite DARK ANGEL dont il a aussi été le principal parolier sur les trois premiers albums. Au début des années 90, il officie derrière les fûts de DEATH avant de collaborer largement avec le multi-instrumentiste Devin Townsend au sein de STRAPPING YOUNG LAD. La liste des groupes avec lesquels il a collaboré est impressionnante. Véritable électron libre, ceux qui l'ont vu jouer live ont pu constater l’intensité qu’il dégage de par son jeu puissant, rapide et précis.
(Bruno Cuvelier)
Hellhammer
Jan Axel Blomberg, plus connu sous le nom de Hellhammer, est sans doute le batteur le plus convoité de la scène black metal. Sa force, sa rapidité et sa rythmique militaire en font une valeur sûre pour les groupes dont il fait partie. Sans citer tout son palmarès, le Norvégien officie bien sûr actuellement dans MAYHEM et ARCTURUS, mais aussi dans MORTEM, COVENANT (puis THE KOVENANT), SHINING ou encore DIMMU BORGIR dont il a dû abandonner la tournée en 2007 à cause d’une opération au cou.
(Aude Paquot)
Chris Slade
Dans un autre genre mais tout aussi efficace, Chris Slade fait partie des batteurs mythiques de la scène hard rock. A l’âge de 74 ans, Christopher Rees peut se targuer d’avoir jouer pour les plus grands : AC/DC, URIAH HEEP en tête, mais aussi Tom Jones, Gary Moore, David Gilmour ou Michael Schenker. Le Britannique, chaleureux et volubile, continue de tourner et jouer les morceaux de ses anciens acolytes avec une grande dextérité au sein de THE CHRIS SLADE TIMELINE. A absolument voir sur scène pour un voyage enrichissant dans le temps.
(Aude Paquot)
Dave Grohl
Evidemment découvert dans le groupe de grunge inégalé NIRVANA, il a fondé FOO FIGHTERS en 1994, après le décès de Kurt Cobain. Multi-instrumentiste de talent, il manie la guitare comme les fûts, mais c’est derrière eux qu’il est souvent employé pour des groupes légendaires comme GHOST, QUEENS OF THE STONE AGE mais aussi des artistes prestigieux comme Paul McCartney, Tom Petty ou Lenny Kravitz. A noter sa prestation hilarante en tant que Beelzeboss dans le film The Pick Of Destiny avec TENACIOUS D.
(Aude Paquot)
James "The Rev" Sullivan
Chaque génération offre son lot de prodiges, n’en déplaise à ceux qui maintiennent que « c’était mieux avant ». James "The Rev" Sullivan était de ceux-là. A 18 ans, le voilà propulsé avec son groupe AVENGED SEVENFOLD fer de lance de la nouvelle vague heavy metalcore. Compositeur d’une grande partie des titres, "The Rev", c’est un jeu de batterie à nul autre pareil, vif et nerveux. Sa spécialité ? Des breaks extrêmement rapides, un "Second Heartbeat" explicité dès ses premiers hits. Sa disparition fut un drame. Il nous reste sa frappe magique... Je me refais régulièrement "Critical Acclaim", "Almost Easy" ou la chanson testament "Welcome To The Family".
(Christophe Scottez)
Vinnie Paul
Il est un instrumentiste qui a traversé les époques. De glam-boy à maître du groovy thrash, Vincent Paul Abbott, mieux connu sous le nom de Vinnie Paul, fut de chaque révolution, martelant les flancs de la panthère jusqu’à ce qu’elle sorte les G-riffs puissants qui écriront sa légende. La frappe groove et rapide appuiera des titres massifs tels "Primal Concrete Sledge" et ouvrira les années 90 sur "A New Level". Mais Vinnie, c’est également le metal groove et gras de HELLYEAH, où un "Band Of Brothers" du genre a poussé plus loin l’héritage du Félin, avec des claques de bravoures ultimes, comme "Drink Drank Drunk". 2018, Vinnie a cassé ses baguettes... et nous hurlons doublement "I’m Broken !".
(Christophe Scottez)
Ingo Schwichtenberg
Fabriqué à dessein pour redéfinir la rythmique du power metal dans les laboratoires du "Dr. Stein", empreint d’une folie sans pareille, Ingo Schwichtenberg, connu aussi comme "Mr. Smile", aura marqué l’histoire du genre. Pour quelle part sa maladie l’a-t-elle aidé à exceller derrière son kit ? Nous ne le saurons jamais. Toutefois, son jeu rapide et énergique reste gravé dans toutes les mémoires, avec lui et Kai Hansen, HELLOWEEN évolua dans une dimension onirique, un "Twillight Of The Gods". Ingo Schwichtenberg est lui aussi parti, emporté tragiquement par le métro de sa déraison. Quelle tristesse pour ce sorcier aux deux baguettes magiques qui aura donné vie à "Future World" et "I Want Out".
(Christophe Scottez)
Scott Travis
Il n'y a qu'un seul mot à dire ici pour tout résumer d'un coup... "Painkiller" ! La fabuleuse introduction à la batterie du titre éponyme de l'album de JUDAS PRIEST a infligé une ÉNORME calotte à sa sortie en 1990. Tout le monde avait compris que la formation de Rob Halford venait de changer de batteur pour l'ancien RACER X (qui suivra Rob au sein de FIGHT l'année suivante, puis remplacera Mikkey Dee dans THIN LIZZY). Des changements de musiciens qui se voient à ce point, on en trouve très peu dans le monde du metal... et dans le monde de la musique tout court.
(Crapulax)
Mikkey Dee
De son vrai nom Micael Kiriakos Delaoglou (c'est moins fun, hein ?), Mikkey est LE batteur de hard rock par définition. De par son cursus d'abord qui laisse pantois (KING DIAMOND, DOKKEN, MOTÖRHEAD, HELLOWEEN, SCORPIONS) et, surtout, par son attitude unique. Car à défaut d'être super technique ou adepte de la polyrythmie à outrance, Mikkey Dee est avant tout une bête de scène qui vit chaque coup de baguette qu'il assène à sa batterie. Lemmy dira d'ailleurs de lui qu'il est le meilleur batteur de la planète. Un spectacle à lui tout seul !
(Crapulax)
Brann Dailor
A la manière de Slim Jim Phantom, le fantasque batteur des STRAY CATS (qui pour mémoire avait collaboré avec Lemmy Kilmister de MOTÖRHEAD au sein de THE HEAD CAT dont le nom est une combinaison des deux groupes, tout est lié finalement), Brann jouait à ses débuts sur un set de batterie minimal qu'il étoffa par la suite. Non seulement il enchaîne souvent dans MASTODON des combinaisons de dingue (il est rarement conventionnel dans son approche), mais il chante en même temps, ce qui n'est pas un mince exploit.
(Crapulax)
Joey Jordison
Batteur d'exception et multi-instrumentiste, Joey Jordison aura également signé quelques-unes des chansons les plus connues de SLIPKNOT dont il était le cofondateur. Un jeu immédiatement reconnaissable, une technique de malade, des blasts comme qui rigole – le tout derrière un masque kabuki – et la "fierté" d'avoir été le premier batteur au style death à dominer les charts américains (« All Hope Is Gone » s'est classé n° 1 aux USA en 2008). Ce qui n'empêchera pas le groupe de se séparer de lui du jour au lendemain en décembre 2013. SCAR THE MARTYR, SINSAENUM, VIMIC (dont on attend toujours la sortie du premier album) suivront, jusqu'à sa tragique disparition le 26 juillet dernier. Un géant.
(Laurence Faure)
Shannon Larkin
Voilà bientôt 20 ans que Shannon Larkin officie au sein de GODSMACK, un groupe par trop méconnu en Europe et plus particulièrement en France. Outre une frappe de brute qui contraste furieusement avec son gabarit de sandwich SNCF, l'ex-batteur d'AMEN, SNOT et UGLY KID JOE a un jeu tentaculaire – à se demander s'il n'a pas un ou plusieurs bras en rab' quand on le voit jouer. Et l'air de rien, il a influencé un certain nombre de batteurs de thrash, dont Dave McClain (SACRED REICH et ex-MACHINE HEAD) pour ne citer que lui.
(Laurence Faure)
Mario Duplantier
C'est le batteur que le monde du metal nous envie. Non content d'avoir une frappe explosive et créative, le petit frère de Joe n'a en effet jamais eu peur d'expérimenter. Véritable métronome humain, c'est lui aussi une "pieuvre" au jeu particulièrement visuel qui attire naturellement les regards en concert. Et comme, non content de faire des copeaux avec ses baguettes, il a également un joli coup de pinceau, c'est à lui que l'on doit quelques-unes des pochettes d'albums de GOJIRA.
(Laurence Faure)
Cozy Powell
Après s’être fait remarquer au sein du JEFF BECK GROUP, c’est avec le RAINBOW de Ritchie Blackmore que la carrière de Cozy Powell s’envole réellement. Cozy, c’est une sorte de John Bonham qui se serait mis à la double. Je l'ai découvert sur le live « On Stage » de RAINBOW, puis je suis remonté jusqu'à ses collaborations avec le grand Jeff, avant de le suivre au sein du MICHAEL SCHENKER GROUP, de WHITESNAKE, de BLACK SABBATH ou aux côtés de Brian May... Excusez du peu ! Grand fan de moto et de sports mécaniques, il perdra malheureusement la vie dans un accident de voiture en 1998.
(Chris Caprin)
Ian Paice
Contrairement à Cozy Powell, véritable mercenaire de la double grosse caisse, Ian Paice, lui, n’en utilise qu’une seule et aura fait l’intégralité de sa carrière dans le même groupe... Et quel groupe : DEEP PURPLE ! Cinquante ans plus tard, la finesse de son jeu et sa grosse caisse collée à la basse de Roger Glover permettent au Pourpre Profond de conserver sa propre identité sur album comme sur scène. Car si, à 73 ans, Ian Paice est désormais une sorte de diesel, une fois que le bonhomme est chaud, il ne s’arrête plus, allant même jusqu’à être de toutes les parties quand ses collègues s’en vont un peu récupérer à tour de rôle.....
(Chris Caprin)
Tommy Lee
Tommy Lee, c’est un groove original, une frappe de bûcheron et un côté visuel souvent imité mais rarement égalé... Sans oublier tous les excès qui vont avec la vie d’une rock star planétaire. Bref, si l’on devait mettre une photo en face du slogan "Sex, Drugs and Rock’n’Roll", c’est bien celle du batteur de MÖTLEY CRÜE qu’il faudrait choisir. Mais se contenter de ce simple cliché pour résumer son impact sur le monde du hard rock serait pour le moins réducteur. Car l’arrivée de Tommy Lee sur le devant de la scène a permis d’élever la batterie rock au niveau supérieur (sans même parler de son kit "volant"). D’influencer toute une génération de batteurs en repoussant les limites de ce que l’on pourrait définir comme un jeu spectaculaire, lancé dans les années 70 par le légendaire Keith Moon des WHO. Je me souviens très bien de la première fois où j’ai vu le clip de "Looks That Kill". La grosse caisse sur tous les temps, la puissance du jeu, les baguettes qui tournent, les cymbales arrêtées par une bonne baffe... Quelque chose se passait. On avait affaire à un phénomène !
(Chris Caprin)
