11 septembre 2021, 17:31

SLAYER

"God Hates Us All" (2001 - Rétro-chronique)

Album : God Hates Us All

Nous sommes (déjà) en 2021 et cet album fête ses... 20 ans !

« Mal aimé, je suis le mal aimé… » Il est de bon ton – et/ou de mauvais goût – d’entonner cette chanson de Claude François écrite en 1974 afin de servir de point de départ à cette rétro-chronique. Mal aimé, détesté même parfois, ce qui est sûr en tout cas c’est que certains devraient enlever les œillères récalcitrantes qui les empêchent d’apprécier ce très bon album de SLAYER. Il dénote du reste de la discographie ? Oui. Il n’est pas le "meilleur" ? Non. Encore que cette notion soit toute relative selon les individus et appréciations. Mais il est différent. Et lorsque l’on sait que les AC/DC (pour ne citer qu’eux) ont toujours eu à faire tout au long de leur carrière aux commentaires du style « c’est tout le temps pareil bla bla, etc », il est bon de s’en rappeler lorsque l’on écoute ce surprenant « God Hates Us All », sorti le 11 septembre 2001. Une date malheureusement rentrée dans l’Histoire de par la tragédie s’étant déroulée aux Etats-Unis ce jour-là. Tel une deuxième apocalypse, l’album de SLAYER tombe vraiment mal c’est le moins que l’on puisse dire, se voyant éclipsé, relégué loin dans l’actualité américaine des jours et semaines (voire plus) qui ont suivi. Si l’on tient compte en plus de sa singularité, du moins son côté marginal, il ne partait pas sous les meilleurs auspices... Pourtant, sa sortie était prévue bien avant, le 10 juillet pour être précis mais quelques soucis, concernant la pochette ou encore le fait qu’American Recordings changeait de distributeur, ont donc retardé sa découverte. Neuvième album de la formation thrash californienne et quatrième en compagnie du batteur Paul Bostaph (le dernier cependant avant son retour en 2013, participant ainsi au dernier album, « Repentless » en 2015), il est produit et enregistré par Matt Hyde (MONSTER MAGNET, HATEBREED, BEHEMOTH, PORNO FOR PYROS...), mixé par Sean Beavan et masterisé par Eddy Schreyer sous la haute présidence du gourou et producteur exécutif Rick Rubin, patron d’American Recordings, anciennement Def Jam. Dans les faits, celui-ci se contente d’un crédit purement honorifique, ne voulant plus vraiment à ce moment se charger de la production ou de réellement travailler avec SLAYER, ce qui ne dérangera pas outre mesure Tom Araya & Co., souhaitant également s’en éloigner.

« God Hates Us All » devait s’appeler au départ « Soundtrack To The Apocalypse », un titre qui servira finalement pour le roboratif coffret sorti par SLAYER en 2003. Mais l’album aurait pu très bien paraître sous le seul nom de Kerry King, le guitariste étant ici responsable de la quasi-intégralité des compositions. Précédé de l’intro "Darkness Of Christ", les hostilités débutent vraiment avec "Disciple" (nommé aux Grammy Awards), un morceau qui ne dénote pas du reste du répertoire de la formation et qui l’a vu regagner les set-lists des années après, notamment lors de la tournée d’adieu effectuée en 2018 et 2019. C’est sur les morceaux "Warzone" et "Here Comes The Pain" que les désaccords trouvent leur source, le groupe s’accordant plus bas que d’habitude (on appelle cela un drop) et utilisant des guitares 7 cordes, ce qui, à cette époque, n’était pas monnaie courante. D’une part dans ce genre précisément et d’autre part, parce que SLAYER n’avait alors jamais eu recours à cela auparavant. Nous sommes au début du deuxième millénaire et les thrashers incorporent à « God Hates Us All » quelques ambiances plus modernes, au détour du refrain de "God Send Death" par exemple sans que cela ne paraisse saugrenu, rétrospectivement parlant. Mais à l’époque mes amis, ces fantaisies n’ont été que moyennement appréciées de la part de fans qui ont toujours vus comme un sanctuaire le style que le quatuor a popularisé à l’extrême, en devenant même l’un de ses plus éminents représentants. Initialement prévu pour être enregistré dans un studio de Hollywood, le groupe se rend finalement, sous l’impulsion du producteur Matt Hyde, dans les Warehouse Studios de Vancouver (propriété de Bryan Adams dans lequel de nombreux albums d’AC/DC ont été concoctés). Afin de se sentir "à la maison" sont disposés encens, bougies et lumière tamisée, sans oublier des posters pornographiques ainsi que deux gigantesques drapeaux représentant chacun un majeur dressé. La "SLAYER touch".
 


​Toujours tourné vers les mêmes sujets de prédilection (religion, guerre), l’approche des paroles se veut plus réaliste même si ces sujets s’entremêlent parfois, à l’image de "Cast Down" qui parle d’un ange déchu sombrant dans les drogues dures. Le naturel revient au galop cependant, "Exile" en étant le meilleur exemple, violente saillie au break dévastateur rehaussé des soli typiques de la paire Hanneman/King. Le morceau "Bloodline", au groove imparable et qui aurait gagné ses lettres de noblesse en live en toute circonstance, a bénéficié d’un clip que vous pouvez voir ou revoir ci-dessous. La pochette se voulant choquante, une constante et un mantra chez SLAYER, se verra parée d’un insert bien plus sobre afin que certains revendeurs acceptent de distribuer l’album, l’Amérique puritaine et hypocrite dans toute sa splendeur... En 2002, une édition limitée est mise en vente, le track-listing étant agrémentée d’une interview, de deux titres supplémentaires ("Scarstruck" et "Addict") ainsi que deux vidéos, le clip de "Bloodline" et le classique "Raining Blood". « God Hates Us All » est, pour conclure, un disque qui mérite amplement qu’on s’y attarde de nouveau, uniquement pour ceux qui l’auraient boudé, avec la certitude d’y trouver aujourd’hui toutes les qualités d’un disque de SLAYER qui a osé innover (sorti en 1998, le précédent « Diabolus In Musica » se posait là déjà mais ceci est une autre histoire) avant de retourner à la formule magique (thrash pur et dur) qui ont donné lieu aux trois derniers albums.

Pour aller plus loin :

Le choix est très difficile mais voici une sélection entre classiques et différents batteurs, Dave Lombardo pour les trois premiers et Paul Bostaph pour les deux autres.
« Show No Mercy » (1983)
« Reign In Blood » (1986)
« Seasons In The Abyss (1990)
« Divine Intervention » (1994)
« Repentless » (2015)

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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