27 octobre 2021, 16:54

LUCIFER

"Lucifer IV"

Album : Lucifer IV

« Ô rage, ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? » Eh bien oui, je commence de façon théâtrale car l’écoute de « Lucifer IV » ne m’a pas spécialement fait bayer aux corneilles... Je dirais plutôt que cela s’est apparenté à une sinécure, oui ! Mais revenons un peu en arrière pour un petit topo de l’affaire. Créé en 2014 par l’ex-THE OATH Johanna Sadonis en compagnie de membres de CATHEDRAL, ANGEL WITCH et LADYTRON, LUCIFER sort un premier album, « Lucifer I », en 2015 sur un label gage de qualité, Rise Above Records pour le nommer, permettant d’entamer sa carrière sous les meilleurs auspices. A l’époque, c’est nouveau, c’est plutôt frais et ce mélange d’ambiances typiquement 70’s empruntées aux meilleurs formations hard rock de l’époque qui se mêlent à des fragrances doom et proto heavy metal (l’ancêtre de celui que nous connaissons bien mieux depuis les années 80) permettent à leur premier vinyle de tracer un sillon agréable jusqu’à nos oreilles et à nos cœurs.

Pour ne rien gâcher, Johanna Sadonis est mignonne comme tout et chante très bien. Alors, on chavire forcément, envoutés que nous sommes par le contenant et le contenu. Trois ans après, LUCIFER revient malicieusement avec « Lucifer II » comptant glaner de nouveaux fans et continue de labourer un champ fertile qui est l’œuvre, non pas du Malin, mais de l’esprit combiné de Johanna Andersson et du multi-instrumentiste Nicke Andersson, devenus partenaires à la scène mais aussi à la ville, et que l’on connait surtout pour être un membre de THE HELLACOPTERS et un ex-ENTOMBED. D’emblée, une petite déception car ce deuxième disque ne propose rien de neuf et se contente de proposer la recette du précédent. Mais on s’y laisse encore prendre volontiers car même réchauffé, à l’image d’un gratin dauphinois, c’est encore bon voire meilleur (parfois) car les cuistots auront pensé à ajuster un ou deux trucs dans la recette avant de remettre le couvert. Donc, bien que dénué de toute originalité d’avec son prédécesseur, le groupe obtient tout de même une bonne note. Puis, l’an dernier, en pleine pandémie a surgi « Lucifer III ». Comme si cela ne suffisait pas à notre malheur, la formation germano-suédoise décide de sortir un album, copie conforme des précédents et qui n’apporte rien. J’allais dire « rien de plus » mais il n’apporte rien du tout en fait. Pour tout vous dire, je ne me souviens même pas d’une seule note, d’un seul titre de chanson de ce disque que j’ai pourtant écouté. Oh, si peu je le confesse, tellement d’autres albums (excitants ceux-là) étant sortis en 2020 et qui ont su capter mon attention. Et dire que ce troisième disque fut un crève-cœur relève ici de l’euphémisme.

Mais voilà qu’à ce jour, débarque le trop facilement nommé... « Lucifer IV ». Au départ, c’était sympa comme délire puis ensuite, on a trouvé ça téléphoné et on s’est finalement dit que le groupe avait très probablement décidé de ne pas se casser le tronc pour trouver ses noms d’albums. Peut-être qu’ils n’ont jamais eu l’intention de le faire d’ailleurs. N’écoutant que mon courage et pétri de bonnes intentions, je me dis alors qu’il est possible que cette nouvelle livraison apporte quelque chose qui permettrait de faire battre à nouveau mon petit cœur meurtri et j’enclenche la touche "lecture". Hélas, l’étincelle ne se produit pas. Rien. Zéro. Nada. Que tchi. Peau d’balle. C’est l’encéphalogramme plat, du premier morceau au dernier, au terme de 45mn et onze plages (dont un interlude) qui, si elles ne sont pas désagréables à l’oreille, ne réveillent pas/plus les morts. Certes, c’est bien interprété, la production est conforme au cahier des charges et le timbre de voix de Johanna résonne toujours agréablement à nos oreilles. Comme on dit, rendons à César... Mais il n’y a rien pour démarquer ce disque des trois autres et surtout, on ne retiendra encore une fois rien de celui-ci. On a eu beau acter que LUCIFER n’est pas un groupe mainstream qui propose du single à la chaîne formaté pour les radios mais là, aucun morceau ne sort du lot et je serai bien embêté de faire partie du staff de leur maison de disques, attaché à leur promotion. Attention, ne vous méprenez pas si d’aventure, vous êtes un lecteur de cette chronique et que vous n’avez jamais entendu le groupe. Vous pouvez alors y aller les yeux fermés si tel est le cas et vous trouverez sans aucun doute, comme moi à leurs débuts, de quoi être contenté car le tout se laisse écouter sans aucune apparition subite d’eczéma et ce n’est absolument pas déplaisant. Mais, que vous preniez le « I, II, III » ou le « IV », c’est vraiment du pareil au même. Et avec pléthore de groupes, d’albums et de genres disponibles à une époque où l’on est ultra-connecté et que tout est accessible en un clic, LUCIFER n’a semble-t-il, au bout de quatre albums, plus rien à faire valoir et plus aucun atout dans son jeu ou, du moins, pour jouer à ma table.

Alors franchement, si vous souhaitez réellement écouter un bon groupe Suédois avec une voix féminine, proposant une musique axée sur les sonorités des années 70 tout en gardant un son et un rendu actuel, avec de très larges réminiscences doom, un sens aiguisé de la mise en scène (et qui se ressent aussi sur disque), le tout donnant naissance à un style qui se distingue des autres formations du genre, je ne vois qu’un nom mes amis : AVATARIUM. Allez-y de ma part, vous serez bien reçus et la table est bonne. Les autres... allez au Diable !

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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