7 novembre 2021, 10:45

Ozzy Osbourne

"Diary Of A Madman" (1981- Rétro-Chronique)

Album : Diary Of A Madman

Nous sommes (déjà) en 2021 et cet album fête ses... 40 ans !

« Mais c’est quoi c’bordel ?! » Cette question, Messieurs-Dames, personne ne se l’est encore vraiment posée le 7 novembre 1981 à la sortie du deuxième album solo du Madman Ozzy Osbourne, fort savamment intitulé « Diary Of A Madman » et paru sur le label Jet Records. Mais pourquoi cette question s’est-elle ensuite invitée dans les réflexions ? Pas d’impatience, nous allons y venir très rapidement. Réjouissons-nous tout d’abord de pouvoir célébrer cette année l’un des deux disques enregistrés avec le regretté guitariste Randy Rhoads, disparu le 19 mars 1982 dans des conditions tragiques. Car lorsqu’Ozzy claqua la porte de BLACK SABBATH (qui s’apprêtait à sortir coup sur coup deux albums majeurs avec son nouveau chanteur, Ronnie James Dio), ce fut pour entamer une carrière que peu de chanteurs peuvent s’enorgueillir d’avoir eue lorsqu’ils ont quitté leur formation d’origine, et qui plus est légendaires. A l’arrivée de ce second essai transformé, 43 mn de heavy metal au travers de huit titres, dont certains ont été marquées du sceau des hits, d’intemporels du genre.

S’il n’y a aucun doute sur l’enregistrement des voix et des parties de guitare faites par le jeune Randy (alors âgé de 24 ans), il n’en est pas de même pour celles concernant la section rythmique. Car si les crédits de la pochette mentionnent Rudy Sarzo et Tommy Aldridge, respectivement en tant que bassiste et batteur, il n’en est rien dans les faits. Ce ne sont en effet pas eux qui ont enregistré les pistes que l’on entend sur ce disque, qui sont en réalité celles du bassiste Bob Daisley et du batteur Lee Kerslake (décédé le 19 septembre 2020), les musiciens accompagnant déjà Ozzy sur l’album « Blizzard Of Ozz » et le mini-album trois titres « Live EP », tous deux parus en 1980. Aldridge l’a d’ailleurs clairement indiqué lors d’un entretien : « Il est évident que ce n’est pas moi qui joue sur ce disque. Je ne me suis d’ailleurs jamais attribué la moindre paternité de ces parties et j’ai toujours laissé à Lee, lors d’interviews ou de questions posées, le crédit qui lui revenait. » Quant à l’intéressé, il a indiqué que tout allait pourtant bien à ce moment, hormis le fait qu’ils n’étaient pas payés alors même qu’ils enregistraient le disque et que le management en avait donc été saisi : « Tout allait bien jusqu’à ce que Sharon Osbourne s’en mêle. Avant « Diary… », c’est son frère David qui nous manageait mais, ayant trop à faire auprès de Don Arden, son père, c’est elle qui a pris les rênes. Puis Bob et moi, avons pris des vacances et à notre retour, on a découvert que les répétitions pour la tournée avaient lieu avec Tommy et Rudy. Puis ils se sont envolés pour les Etats-Unis. » Même traitement de faveur pour le claviériste Don Airey qui voit son nom crédité alors que l’on entend en réalité sur le disque un certain Johnny Cook (les deux ont joué ensemble dans les années 70 au sein de MUNGO JERRY, un groupe auteur du tube "In The Summertime"). Et pour cause, Airey était alors en tournée avec RAINBOW et n’a donc, en tout état de cause, pas pu prendre part aux sessions en studio. Et là, on peut désormais et en toute légitimité s’exclamer : « Mais c’est quoi c’bordel ?! ». Et encore, nous n’en sommes pas à la fin de nos surprises, vous allez voir...
 


Côté cartes, « Diary Of A Madman » a plutôt un beau jeu en main même s’il n’atteint pas tout à fait le niveau de son prédécesseur. Le temps a en priorité retenu pour nous des "Over The Mountain" (vous pouvez d’ailleurs retrouver en fin de chronique une version live enregistrée lors de l’édition 1983 de l’US Festival), "Flying High Again" (une ode à l’herbe qui détend), "Believer" et l’éponyme "Diary Of A Madman" qui referme l’album. Celle-ci a été écrite par Bob Daisley et se veut autobiographique, le bassiste ayant eu à surmonter une dépression nerveuse pendant son adolescence. Il en a tiré comme enseignement que les plus gros problèmes viennent souvent de soi et que l’on était, dans bien des cas, son pire ennemi (d’où le « I am my own worst enemy. » qu’on retrouve dans un couplet). Mais il faut rendre justice et (re)mettre en avant les tout aussi réussies chansons que sont "You Can’t Kill Rock N’ Roll" (à l’intro évoquant quelque part le début de "Prodigal Son", morceau d’IRON MAIDEN sur l’album « Killers », lui aussi paru en 1981, mais en février), "Little Dolls" ou "S.A.T.O.". Il a été dit  que cet acronyme signifiait "Sailin’ On The Ocean", les paroles évoquant le périple d’un marin et une analogie a été faite avec le propre cheminement d’Ozzy. Plus farfelu, pour ne pas dire autre chose, a été avancé que cela correspondait aux initiales de Sharon Arden (le nom de jeune fille de Dame Osbourne) et Thelma Osbourne, première femme du Madman. Une partie des paroles ont en tout cas été inspirées par A Ship To Cross The Sea Of Suffering (trad. : Un navire pour traverser une mer de souffrance), une lettre écrite en 1261 par Nichiren Daishonin, un moine bouddhiste japonais de l'époque de Kamakura au XIIIe siècle.

« Diary Of A Madman » a été enregistré en Angleterre dans les studios Ridge Farm par le producteur et ingénieur Max Norman (qui collaborera plus tard avec LOUDNESS, ARMORED SAINT et MEGADETH, entre autres) et s’est classé 16e au Billboard US, avant d'être certifié triple platine grâce à des ventes cumulant plus de trois millions d’exemplaires écoulés. Pour l’anecdote, le petit garçon que l’on aperçoit derrière Ozzy sur la pochette n’est autre que son fils aîné, Louis, alors âgé de 6 ans. Côté rééditions, il n’est pas possible d’éluder celle de 2002 où les parties de basse et batterie d’origine ont été réenregistrées par Robert Trujillo (METALLICA, INFECTIOUS GROOVES, ex-SUICIDAL TENDENCIES) et Mike Bordin (FAITH NO MORE), alors présents aux côtés d’Ozzy. Rendons à César… Daisley et Kerslake, eux, ont été cette fois indiqués dans les crédits citant les musiciens réels ayant participé à l’enregistrement de 1981. « Mais c’est quoi c’bordel ?! » et bis repetita. La version de 2011 célébrant les 30 ans du disque – celle de 2016 est identique –, s’est vue agrémentée d’un CD bonus de onze titres live enregistrés sur la deuxième partie US de la tournée « Blizzard Of Ozz Tour ».

Pour aller plus loin :
« Blizzard Of Ozz » (1980) : premier de cordée en solo
« Bark At The Moon » (1983) : enter Jake E. Lee
« The Ultimate Sin » (1986) : exit Jake E. Lee
« No Rest For The Wicked » (1988) : enter Zakk Wylde
« No More Tears » (1991) : s’il ne devait en rester qu’un… M’est avis que je ne vais pas me faire que des amis avec cette déclaration mais ça tombe bien, j’suis pas là pour ça !
« Live And Loud » (1993) : avec Mike Inez (ALICE IN CHAINS) à la basse. LE live du Madman. M’est avis, etc.
« Live At Budokan » (2002) : le disque en concert de la formation avec Trujillo  et Bordin. Mais c’est que ça sonne bien aussi, dites donc...

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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