7 novembre 2021, 18:35

GAAHLS WYRD

Inteview Gaahl


Le charismatique chanteur de black metal Kristian Espedal, alias Gaahl, incarne à la fois la force et la tranquillité, la puissance et le réflexion, l’intelligence et l’impassibilité. Avec son projet GAAHLS WYRD, il réunit toutes ces qualités en une musique sobre, efficace et mystique. Le deuxième album « The Humming Mountain » est un mélange parfait entre black metal old-school et passages incantatoires. Le leader et icône norvégien nous parle de la genèse du EP, de ses projets et de son inspiration. Un entretien passionnant.
 

Avant de parler de ton nouvel EP « The Humming Mountain » , peux-tu nous faire un bilan de l'accueil qu'a reçu son prédécesseur « GastiR-Ghosts Invited » qui est sorti il y a deux ans ?
Eh bien en fait c'est difficile à dire car ce n'est pas la partie qui m'intéresse le plus. Je ne me soucie pas trop du nombre d'albums vendus. Bien sûr nous espérons toujours que notre public apprécie notre musique mais cela me semble déjà loin. En plus, certaines chansons du nouvel album ont déjà presque an an et demi, donc on est rapidement passé à autre chose et pour moi, c'était il y a une éternité ! Pour tout te dire, je suis déjà en train de penser au prochain album ! Désolé de ne pas pouvoir t'en dire plus...

Évitons le passé et parlons du futur donc ! Enfin, on va tout de même s'arrêter un peu sur le présent si tu veux bien avec la sortie donc d'un nouveau mini-album « The Humming Mountain ». Est-ce pour toi le format le plus adapté à votre musique, un format plein d'authenticité, qui rappelle le bon vieux black metal old-school ?
Oui et non, tout dépend de ce que j'ai à dire au moment où j'écris la musique. Ce mini-album correspond bien à mon état d'esprit du moment mais qui sait, le prochain album sera peut-être bien plus long, je ne sais pas.

Il y a trois chansons, "Awakening Remains","The Dwell " et "The Humming Mountain", qui étaient prévues pour figurer sur « GastiR-Ghosts Invited ». Est-ce qu'elles ne correspondaient finalement pas au concept ? Pourquoi as-tu attendu avant de les sortir ?
Oui, en effet, on en a fait un premier enregistrement pour « GastiR » mais elles n'allaient pas avec les autres chansons, il aurait fallu que je les réécrive. On a gardé la basse, les guitares et la batterie mais on a changé certains passages et on a réarrangé les morceaux. En fait, elles sont devenues des chansons différentes de ce qu'elles étaient à la base.  Pourtant en entrant en studio pour « GastiR-Ghosts Invited », j'étais sûr que "Awakening Remains" et "The Dwell" feraient partie de l'album mais ça n'a pas été le cas.

Elles avaient peut-être besoin de plus de maturité...
Oui, c'est tout à fait ça ! J'aime que l'inspiration du moment soit notre guide et on se doit d'être malléables. Regarde le bon vin, tu ne veux pas le vendre avant qu'il soit à point ! C'est pareil pour notre musique.

Oui, en effet ! C'est une bonne comparaison. Et quelle est cette « montagne qui fredonne » (Humming Mountain) ? Est-ce un endroit qui existe vraiment ou est-ce une invention de ta part ?
Non, elle n'existe pas vraiment, c'est plus un symbole ésotérique pour moi. Elle fait référence aux glaciers, à la création de paysages, à la patience et plus précisément à la patience requise par la création.
 


Ce pourrait être toi le « fredonneur spirituel » aussi car certaines chansons, "The Seed" et "The Sleep" en particulier, sont comme des mantras, des chants chamaniques non ?
Oui peut-être... En fait, dans la tradition nordique, c'est le son qui est le créateur. Les premiers "êtres" sont des sons. Les sons, les vibrations, les modulations... ont donc une grande importance.

Ces deux chansons dont nous parlons sont très introspectives, propices à la méditation. Elles sont très différentes du black metal brut des trois chansons intermédiaires...
Oui, ce sont des morceaux qu'Ole (Walaunet, le guitariste) a créés de toute pièce. Nous avons voulu garder ses morceaux secrets pour les autres membres du groupe jusqu'à ce qu'ils viennent enregistrer l'album. En fait, on ne veut pas rester bloqués dans une seule voie, on aime aller dans toutes les directions musicales, expérimenter de nouvelles choses alors que les autres membres sont plus focalisés sur un style de musique.

Au contraire, "The Dwell" est un titre du pur thrash/black metal, très old-school et bourré d'énergie. Peux-tu nous en dire plus ?
Oui, "The Dwell" est plein de références au thrash mais aussi au heavy metal. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il ne figure pas sur « GastiR-Ghosts Invited », il n'aurait pas correspondu au reste de l'album. Avec "Awakening Remains", on a vraiment voulu faire de ces deux titres des références au vieux black metal qui nous tient à cœur. C'est peut-être même trop...mais c'est trop tard ! Pourtant, elles ont évolué en trois ans de temps... Mais bon, mon esprit travaille ainsi, je m'adapte ! Et je n'aime pas me mettre la pression !

En parlant de pression, le fait que tu sois une légende du black metal te donne-t-il une espèce d'engagement à respecter envers tes fans ? Ou arrives-tu à prendre de la distance par rapport à ce statut ?
Je me soucie plus de ce qui me convient personnellement mais bien sûr, je respecte les attentes de notre public mais aussi des autres membres du groupe. Je ne suis pas très bon en communication et j'ai du mal à dire ce que j'ai en tête donc c'est toujours bon de sentir l'enthousiasme autour de ce que je crée.

D'ailleurs les autres membres de GAAHLS WYRD jouent-ils un rôle dans la composition des morceaux, ou est-ce juste toi et Ole Walaunet ?
C'est principalement Ole et moi qui composons mais notre ingénieur du son nous a bien aidé sur « The Humming Mountain ». Il travaille avec nous sur la création du son. Nous lui apportons les bases et il est fait quelque chose qui correspond à nos attentes. Il travaille sur la structure des morceaux, ajoute des pianos, des synthés, des breaks... de nombreuses petites choses mais qui sont très importante dans la façon dont sonne GAAHLS WYRD.

Vous avez enregistré l'album au studio Solslottet à Bergen. Avez-vous eu besoin de plusieurs sessions ? Y'avait-il toujours des restrictions liées à la pandémie en Norvège ?
Non, en fait, nous n'avons pas souffert vraiment de la pandémie. Bien sûr, nous n'avons pas pu accueillir de musiciens internationaux ou nous n'avons pas pu voyager pour jouer en live mais sinon, la situation n'a pas eu d'impact sur la réalisation de l'album. A Oslo, il y eu plus de restrictions mais à Bergen où je vis, à part quelques restaurants fermés ou des bars, on n'a pas eu trop de contrôle sur nos vies quotidiennes. Et pour ma part, cela m'a permis de me focaliser sur le travail en studio plutôt que d'être interrompu par des tournées. De toute façon, il faut faire avec la situation mais pour moi, je ne peux pas dire que ce soit un gros problème.

En parlant de la pandémie, tu tiens une galerie d'art à Bergen, la Galleri Fjalar. As-tu pu continuer à y exposer des œuvres ?
Oui, l'activité y reste stable. J'aime y exposer les travaux d'autres artistes plutôt que les miens.

Pourtant, ta créativité passe par l'art visuel aussi car il semble que ce soit toi qui ait pris la photo de la pochette de l'album, qui est très surprenante, un peu bizarre. Tu peux nous expliquer sa réalisation ?
Oui, j'ai pris la photo dehors, chez moi. En fait, comme le budget artwork est toujours très limité, j'essaye de créer moi-même des visuels pertinents pour les pochettes d'albums. Et j'aime travailler sur le côté pictural autant que sur la musique. En général, je travaille avec de la peinture à l'huile mais cette photo, c'est une photo.

Sais-tu déjà si vous allez repartir en tournée ? Ou attends-tu le prochain album pour rejouer en live ?
On était censé partir en tournée mais avec toutes les restrictions dans les différents pays, c'est vraiment très difficile de voyager sereinement. J'ai donc pris la décision d'attendre l'année prochaine avant de partir en tournée. On va se concentrer sur le travail en studio pour le prochain album jusqu'au printemps. Nous devrions d'ailleurs enregistrer les parties de batterie en décembre. On fera peut-être quelques concerts en Norvège, mais pas à l'étranger pour le moment. Nous serons par contre ravis de revoir notre public français quand il sera temps !


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK