Le dernier album live d’EVERGREY datant de 2005 (pour mémoire, l’excellent « A Night To Remember »), il était plus que temps que la formation suédoise, menée par le très actif Tom S. Englund (également aux manettes de son deuxième projet, SILENT SKIES, dont vous retrouverez la chronique ici), nous offre une nouvelle offrande en public. Filmé (l’album est disponible en digipak Blu-ray + CD) et enregistré en juin 2020, dans des conditions particulières car nous étions encore en pleine pandémie de coronavirus, ce concert met l’accent sur les réalisations les plus récentes du groupe, sauf (hélas, mille fois hélas !) le génial « Escape Of The Phoenix », qui, à l’époque n’était pas encore sorti.
Au menu de ce « Live Before The Aftermath » roboratif, près de deux heures de musique, enregistrée dans leur fief de Göteborg, en Suède, devant un public restreint à cause des conditions sanitaires en vigueur. Ce concert était également diffusé en livestream gratuitement, pour que leurs fans du monde entier puissent également en profiter. Le son est particulièrement bon et donne toute la mesure de la puissance du quintet sur scène. Le choix des titres se montre pertinent, le groupe allant piocher dans la trilogie « Hymns For The Broken », « The Storm Within » et « The Atlantic », en complémentant la set-list avec certains morceaux plus anciens tels que "Mark Of The Triangle", "Leave It Behind Us", "The Masterplan" ou bien encore "A Touch Of Blessing". Mais comme le son et le style musical du groupe ont évolués depuis quelques années, les musiciens ne s’attardent pas dessus (6 anciennes chansons sur un total de 16), préférant mettre en valeur les plus récentes, qui n’avaient jusqu’alors pas bénéficié d’une sortie live (excepté quelques extraits disponibles sur la version Deluxe de l’album « The Atlantic »).
EVERGREY se montre heureux d’être face à un public, après quelques mois de disette scénique, et Tom Englund n’hésite pas à remercier chaleureusement les fans présents, et ceux derrière leurs écrans, pour leur indéfectible soutien durant ces temps difficiles. Comme il le dit fort bien : « Un groupe ne serait RIEN sans les fans ! » Avec sa bonne humeur habituelle, il émaille le concert de plusieurs anecdotes savoureuses, comme cette fois en 2010, où il avait complètement perdu sa voix et que leur technicien son chantait à sa place derrière sa console. Energique, mélodique et mélancolique, la musique d’EVERGREY se prête merveilleusement à l’ambiance qui règne sur le monde depuis 2 ans, apportant une touche de lumière au milieu de la noirceur de la vie. Comme un reflet du marasme émotionnel dans lequel l’esprit se noie parfois, quand espoir et désillusion se mêlent étroitement pour n’être plus qu’un. Portées par la voix chaude, ronde, parfois rugueuse, mais intensément émouvante du chanteur, les compositions gagnent en puissance et en subtilité. Jonas Ekdahl martyrise joyeusement sa batterie, Henrik Danhage et Tom S. Englund nous délivrent des soli finement ciselés, tandis que Rikard Zander saupoudre le tout de notes de claviers aériennes. Seule la basse de Johan Niemann semble légèrement en retrait dans le mixage, hélas, ce qui ne nous permet pas d’en apprécier la saveur à sa juste valeur.
« Live Before The Aftermath » est un très beau témoignage de ce dont est capable EVERGREY en concert. Témoignage également d’une époque qui aura marqué le monde de son empreinte nauséabonde (qui n’est peut-être pas encore terminée), et que nous ne devons pas oublier. Si cela pouvait aider les êtres humains à ne pas reproduire leurs erreurs... Mais ce serait probablement trop utopique. Quoiqu’il en soit, pour tous les fans du groupe, ce concert donne également un avant-goût de la tournée à venir cet automne, pour se remettre dans l’ambiance d’une salle pleine de vie. Et puis, en attendant le nouvel album qui devrait en toute logique sortir au mois de mai, on peut déjà se régaler avec le premier single, "Save Us" (que vous trouverez ici), ainsi qu’avec ce concert fort appréciable et agréablement rythmé d’un groupe éminemment attachant.