15 juin 2022, 18:54

DAN REED NETWORK

"Let's Hear It For The King"

Album : Let's Hear It For The King

Depuis la reprise d’activités du groupe en 2012, on ne peut pas dire que celui-ci ait chômé, ayant sorti un quatrième album en 2016, « Fight Another Day » (au passage, le premier en 26 ans) puis un EP de huit chanson, « Origins » en 2018, qui se partageait équitablement entre des inédits et des réenregistrements d’anciens titres. Ce qui nous amène en 2022 et à « Let’s Hear It For The King ». Hasard du calendrier ou alignement des planètes, DAN REED NETWORK n’a pas souffert de la pandémie, n’ayant eu pendant cet intervalle aucune tournée annulée ou disque à promouvoir. Peu de groupes peuvent se targuer d’en avoir eu la chance ou si ce fut le cas, les concernés se les sont mis sous le bras en attendant la fin de l’orage. A ce jour, l’activité reprend doucement mais sûrement, nous apprenons à vivre avec un air "pollué" mais les tournées redémarrent et les albums sortent en cascade. Celui de DAN REED NETWORK tombe ainsi à point nommé, qui plus est alors que l’été pointe le bout de son nez sur le calendrier. Car si certains groupes ont meilleur temps à sortir leurs disques en plein milieu de l’hiver pour coller à un éventuel côté sombre, il n’est pas de période plus propice que la saison estivale pour se délecter d’un nouvel et lumineux album du quintet.

Ce nouvel album a été coproduit une fois de plus par le chanteur Dan Reed et le claviériste Rob Daiker (également en charge du mixage), grand manitou aux commandes depuis « Fight Another Day » et qui a su depuis leur retour aux affaires, concocter un son moderne alliant tout ce qui a toujours constitué l’identité sonore du groupe à une puissance que nous n’avions pu déceler sur les trois albums sortis entre 1988 et 1990. « Let’s Hear It For The King » lui, a été enregistré à domicile, c’est-à-dire à Portland dans l’Oregon bien que les fans soient au fait que Dan Reed s’est expatrié et habite désormais depuis de nombreuses années à Prague en République Tchèque. Pour le reste, au vu des possibilités techniques actuelles, qu’importe si les autres musiciens avaient été dispersés aux quatre coins du monde pour enregistrer ce disque.

Je parlais de puissance mais c’est carrément à un véritable mur de guitares auquel nous sommes confrontés plusieurs fois au cours de l’écoute des quatorze morceaux présents. Jamais le dreadlocké Brion James n’a sonné aussi massif. Entouré de l’imposant bassiste Melvin Brannon II et du batteur Dan Pred, le trio est ainsi prêt à en remontrer à plus d’un, alternant douceur et fermeté, parfois au sein d’une même chanson . Un constat flagrant et d’entrée de jeu lorsque résonne l’introduction du premier titre, "Pretty Karma", où l’on constate au passage que Dan Reed n’a rien perdu de sa superbe vocale, secondé comme il faut par l’ensemble de ses comparses aux chœurs (moins Dan Pred). "The Ghost Inside" ne contredit pas le propos précédent mais alors que démarre "Starlight", on manque de comparer le riff à un autre qui aurait pu exister chez AC/DC avant que, fort heureusement, les choses reviennent très vite à leur place. Pas que l’on n’aime pas le rock binaire de nos kangourous écossais préférés mais nous ne sommes pas là pour ça. Idem pour la suivante sur la liste, "Supernova", où les quelques notes d’introduction au clavier rappellent quelque part celles du "Superstition" de Stevie Wonder. La comparaison reste cependant flatteuse pour le non moins talentueux Rob Daiker, omniprésent sur cet album, mais toujours de façon opportune et au service du collectif. Ces deux chansons permettent d’apprécier le chant féminin de Darcy Bradley aux chœurs (ici sans sa jumelle Christie, auprès de qui elle officie au sein du groupe DANCEHALL DAYS issu, comme DAN REED NETWORK,de Portland). La chanson-titre "Let’s Hear It For The King" surprendra par sa saveur inhabituelle, au tempo ralenti et à l’ambiance menaçante. En cela, une belle surprise de la part d’un groupe qui n’a que peu (voire jamais) emprunté de tels sentiers.

Après la session câlin mise en notes sur la ballade "I See Angels", on enchaîne avec "Homegrown" (avec en invité, le saxophoniste Patrick Lamb) et "Stumble", deux chansons ultra pop qui ne plairont pas à tout le monde, surtout aux néophytes de DAN REED NETWORK mais la formation met tout le monde d’accord avec l’excellente "Just Might Get It" dont le refrain se veut solaire au possible. Le doute n’est pas permis en ce qui concerne ensuite "Where’s The Revolution" ou dans une moindre mesure, "Are You Ready", deux compositions que l’on croirait issues tout droit des sessions de « Slam » ou « The Heat ». Du déjà entendu oui, mais qui nous ramène fissa à une époque bénie. On prend ! Pas question de passer pour dévot et il me faut bien nuancer un tel concert de louanges, surtout quand un album compte quatorze morceaux et qu’il n’est pas évident de faire un sans-faute. Ici, ce sont les deux dernières pistes, "Unfuck My World" et "Last Day On Saturn" qui s’y collent, bien que la deuxième citée ne soit pas inintéressante, ayant une atmosphère mélancolique qu’on a plutôt eu l’occasion d’observer sur des albums de Dan Reed en solo.

C’est donc bien peu de "moyen" face à une large majorité de "très bien" pour un album d’une générosité incroyable et aux atmosphères diverses, qui n’a aucunement à rougir de la comparaison avec ces prédécesseurs, eux qui jouissent d’un statut culte auprès des fans et venant de la part d’une formation étant toujours restée confidentielle aux yeux du grand public. Et si on a parfois pu rager de cet état de fait, au final DAN REED NETWORK est notre groupe à nous, ceux qui "sachent" !

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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