22 septembre 2022, 18:13

EXTREME

"III Sides To Every Story" (1992 - Rétro-Chronique)

Album : III Sides To Every Story

Nous sommes en 2022 et cet album fête ses... 30 ans !

J’en conviens, le nom du groupe en 2022 peut prêter à sourire, n’ayant d’extrême que le nom, par rapport à des formations de musiques extrêmes au sens littéral, telles que le death metal, le black metal ou encore le grindcore mais, bien qu’en plein essor, elles n’en restaient pas moins marginales (aujourd’hui encore d’ailleurs dans une certaine mesure), tout l’inverse de cette formation originaire de Boston. Mais où l’on rigole moins, c’est lorsque l’on se penche sur le succès qu’a rencontré ce groupe comptant en ses rangs un guitariste pour le moins surdoué, unique dans son toucher et par le son qu’il obtint de ses Washburn™. Je parle bien sûr, vous l’aurez deviné, de Nuno Duarte Gil Mendes Bettencourt de son nom complet à l’état civil. A l’instar d’une Jennifer Batten ayant rejoint les rangs des musiciens de Michael Jackson, de Monte Pittman chez Madonna ou de Norbert Krief dans le groupe de notre feu-Jojo national, Nuno deviendra plus tard l’un des musiciens live de Rihanna, ces artistes grand public s’étant adjoint les services de guitaristes véloces, plus hard que rock, mais ceci est une autre histoire. Et en ce 22 septembre 1992 sort donc « III Sides To Every Story », troisième album d’EXTREME, survenant après le succès planétaire en 1990 de « Pornograffiti » et sa über-ballade "More Than Words", porte-étendard d’une génération de teenagers ayant mis sur orbite le quatuor composé, outre Nuno, de Gary Cherone au chant, que l’on retrouvera quelques années plus tard dans le line-up de VAN HALEN, du bassiste Pat Badger et du batteur Paul Geary.

A cette époque, Nuno n’a que 26 ans mais est déjà considéré à juste titre comme un guitar-hero et, en plus de sa belle gueule, a une belle voix ("More Than Words" toujours). Comme si cela ne suffisait pas, la production est une autre corde à sa guitare et, tout comme pour « Pornograffiti » où il avait alors travaillé avec Michael Wagener (producteur et ingénieur du son ayant collaboré notamment avec ACCEPT, Alice Cooper, DOKKEN, MEGADETH, METALLICA, MÖTLEY CRÜE, KING'S X, SKID ROW, TESTAMENT, n’en jetez plus la coupe est pleine), Nuno se remet à nouveau derrière la console avec cette fois Bob St. John qui n’a pas le CV de son prédécesseur mais travaillera ensuite sur la carrière solo du guitariste. Ainsi, la bande se met au travail aux studios New River situés à Fort Lauderdale en Floride bien que des parties additionnelles d’orchestration pour les instruments à cordes se feront dans les légendaires studios londoniens d’Abbey Road.

Et encore une fois, tout comme pour l’album précédent, EXTREME s’attelle à la composition d’un concept-album encore plus ambitieux en choisissant cette fois de le découper en trois actes, « Yours », « Mine » et « The Truth », le tout atteignant une durée de 81 minutes et 50 secondes, remplissant la totalité de l’espace disponible sur un CD et s’étalant sur deux disques au format vinyle. Si les deux premières parties se répartissent sur onze titres, la dernière est elle-même découpée en trois morceaux regroupés sous le sous-titre de "Everything Under The Sun". Tandis que « Yours » permet de retrouver le EXTREME que l’on connait, heavy et funky à souhait avec des scuds tels que "Warheads" la bien-nommée, "Rest In Peace" (sortie en single), "Politicalamity" ou une démentielle "Cupid’s Dead", l’introspection est de mise sur « Mine » avec une tendance à l’accalmie après une débauche de guitares. Plus courte et comptant cinq chansons, on y retrouve les deuxièmes et troisièmes singles "Tragic Comic" et "Stop The World", cette dernière faisant aujourd’hui preuve d’une certaine mièvrerie même si elle avait toute sa place dans le contexte de l’album et de l’époque. Pour finir sur une note grandiloquente, les instruments à cordes sont de sortie sur « The Truth » et EXTREME de mettre les petits plats dans les grands, ne laissant aucun doute sur son admiration pour les majestueux QUEEN et Brian May en particulier. Cette dernière partie s’étale en tout sur près 22 minutes et elle referme cet album qui signera la fin d’une époque pour la formation, « Waiting For The Punchline » en 1995 proposant un son nouveau (pour le groupe s’entend), plus brut et ramenant les choses sinon à l’essentiel, du moins à un côté plus direct et dépouillé, dénué de tous les artifices usés par deux fois précédemment. Le succès ne sera pas au rendez-vous et EXTREME s’en tiendra là. Dommage car en persévérant un peu, le groupe aurait pu avoir une carrière plus qu’honorable. Mais l’essoufflement du hard rock et du heavy metal à cette époque en ont terrassé plus d’un et beaucoup ont jeté l’éponge.


​Bien moins facile d’accès, roboratif de par son contenu, ambitieux (trop ?) et peinant à conserver l’attention de l’auditeur en raison de sa longueur, le groupe ne retrouvera pas/plus les sommets atteints avec le définitif « Pornograffiti ». Pourtant, aux Etats-Unis, il se classera à la même 10e place du Billboard Top 200 (mais bien moins longtemps cependant que le précédent) et les ventes s’en ressentiront, ainsi divisées par quatre sur ce même territoire, passant de 2 millions d’exemplaires pour « Pornograffiti » à 500 000 unités pour celui-ci. Pas de réédition anniversaire ou coffret à noter à ce jour, hormis une nouvelle version double vinyle 180g sur le label Music On Vinyl en 2017, sur laquelle on retrouve comme à l’origine le titre "Don’t Leave Me Alone", présent uniquement sur ce support et en K7. Particularité de certains pressages CD, la dernière partie a parfois été découpée en pistes distinctes (même si enchaînées et sans blanc) ou en une seule. Ainsi, certains CD dénombreront 12 plages et d’autres, 14.

Pour aller plus loin :
​« Pornograffiti » (1990) : indispensable (cliquez sur le titre pour accéder à sa rétro-chronique)
« Waiting For The Punchline » (1995) : un - bon - disque qui rappelle le changement qu’avait effectué POISON surson « Native Tongue » en 1993
« Pornograffiti Live 25 » (2016) : pendant live de ce classique qui prouve, si besoin était, son intemporalité à l’occasion d’un concert célébrant son vingt-cinquième anniversaire édité en CD/DVD ou Blu-ray

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK