En cette veille de premier week-end de décembre, c’est au Black Lab que nous nous retrouvons pour le retour de KLONE sur la métropole lilloise. Le temps d’une frite accompagnée d’une bière et de quelques discussions, c’est vers 21h que les lumières s'éteignent en salle pour inviter les quelques centaines de personnes présentes à se tourner vers la scène.
La présence de JUNON sur cette affiche plutôt metal et rock progressif est surprenante du fait de leur style de musique assez éloigné de celui de la tête d’affiche du jour. S’il est le local de l’étape, c’est en fait l’occasion pour les musiciens disséminés au quatre coins de l'hexagone de se retrouver et de roder leurs nouveaux morceaux. Le néophyte pourrait s’imaginer que JUNON est un nouveau groupe en quête d’identité. Il n’en n’est rien, car les membres du line-up se connaîssent bien puisqu’ils officient ensemble depuis de nombreuses années. JUNON est d’ailleurs le titre d’une chanson de GENERAL LEE, nom sous lequel il a été actif jusqu’en 2016. Ce changement d'identité est surtout lié à une évolution du hardcore de GENERAL LEE. Cela ne change rien au fait que nous avons à faire à une bande de potes qui prennent plaisir à se retrouver pour faire de la musique ensemble et la partager. Au cours de cette demi-heure de musique puissante et énervée, JUNON aura joué dans un esprit bon enfant les quatres titres de son EP « The Shadows Lengthen » (2021) et trois nouvelles chansons que nous retrouverons probablement sur l’album en préparation...
Avec LIZZARD, c’est l’occasion d’entamer une transition en douceur vers le clou de la soirée. Originaire du Limousin, le trio fait partie de cette scène française discrète et méconnue de l’univers culturel franco-français. Heureusement pour le groupe que le reste de l’Europe ne s’y trompe pas puisqu’il est presque plus probable de croiser leur chemin outre-rhin que chez nous. Bien que LIZZARD existe depuis 2006 et compte cinq albums à son actif, c’est la première fois qu’il vient dans le Nord. C’est par le mid-tempo accrocheur et envoûtant "The Decline" que le trio commence sa prestation de 50 minutes. Il enchaîne sur l’entêtant "Vigilent" avant de revenir sur « Eroded », son dernier album en date sorti en 2021, dont ils assurent toujours la promotion, avec "Haywire" et "Blowdown". Lorsque le groupe entame la seconde partie de son set avec l’instrumental "Shift" et "Min(e)d", l’esprit de l’auditoire est envoyé sur orbite avant de revenir sur Terre avec "Tear Down The Sky".
La série de concert de KLONE, dont fait partie celui de ce soir, a pour but de se préparer à la sortie du successeur de l'album « Le Grand Voyage », attendu pour le 10 février. Nous pouvons aussi nous satisfaire que la région de Lille soit enfin en mesure d’accueillir le groupe dans une salle à peu près à la hauteur de sa notoriété. En effet, KLONE revient d’une tournée nord-américaine en compagnie de PAIN OF SALVATION durant laquelle Aldryck Guadagnino s’est éclipsé afin de remplacer le guitariste Christian Andreu de GOJIRA, le temps de quelques concerts.
C’est dans une ambiance brumeuse et bleutée que KLONE commence avec "Within Reach", premier single paru en octobre dernier. En dehors du classique "Rocket Smoke", c’est avec deux extraits de « Meanwhile », "Night And Day", suivi du dernier single "Bystander" que le groupe débute sa prestation énergique qui ne manque pas, dès les premières notes, d’embarquer les personnes qui ont fait le déplacement. Cette réaction du public est d’ailleurs de bonne augure alors qu’il faudra encore patienter jusqu’au 10 février pour découvrir l’album dans son intégralité. Si le groupe continue avec l’incontournable "Immersion", il nous surprend en jouant "Walking On Clouds" qui n’avait jusqu’ici jamais été joué sur scène à l’exception du concert précédent. C’est aussi le retour de "Rain Bird" qui n’a plus été joué depuis 2016. Pour la fin de son set, KLONE revient dans sa zone de confort avec "Keystone" et "Nebulous" avant que le rappel réclamé par le public propose "Yonder".
Si nous avons l'impresion que cette set-list est encore en rodage et évoluera certainement dans les semaines à venir, la prestation est convaincante. Nous pouvons en prendre pour preuve la réaction positive du public, mais aussi l’avis aussi bien des fans présents que des personnes qui les découvraient pour la première fois. Si la prestation scénique est classique, on se laisse surprendre par Yann Ligner qui dans son rôle de frontman harangue le public, lui que l’on connaît plutôt réservé.