Parler du Dirt n' Dust Festival c’est raconter 4 ans de travail. Cathy, son organisatrice, s’est investie corps et âme, et après plusieurs embûches, y est parvenue. Son histoire reflète les difficultés de tous les "petits" événements à voir le jour. Annulations d’artistes, crise sanitaire, augmentations des dépenses, négociations avec les tourneurs et j’en passe. Sa tenue au Dôme de Mutzig les 18 et 19 mars dernier est en soit déjà une grande réussite.
16:30. Début des concerts. J’ai malheureusement raté HUMAN PROJECT qui a ouvert le bal des rageux. Il faudra se contenter des photos de Christian Ballard... A noter l’idée originale de proposer un happy-hour pendant le set pour attirer la foule.
Avec quelques centaines de personnes présentes nous recevons un metal bien moderne exécuté par DEVOTION TO SUFFERING. Le groupe ne fait pas dans la dentelle, après tout nous ne sommes pas là pour un cours de tricot, ça balance du riff extrême avec un double chant hard metalcore efficace. La déferlante sonore résonne parfaitement dans une salle à taille humaine équipée dernier cri. Et de cris il est question évidemment. Une quarantaine de minutes où les titres s’enchaînent avec brio. Me laissant emporter par les premiers émois de la foule qui m’entraîne dans une folle farandole je profite également des lieux, très accommodants. Un petit parc à l’extérieur, deux bars aux bénévoles sympathiques, des food-trucks offrant des plats asiatiques ou classiques, et des stands de merchandising assez fournis.
Place au punk-metal de DARCY. Les Rennais jouent dans la cour des grands du genre et viennent défendre leur dernier album « Machine de Guerre », avec des titres tels "La Solution" ou "Viens Chercher le Pogo". Leur style rappelle énormément TAGADA JONES ou encore NO ONE IS INNOCENT, rien d’étonnant quand on apprend qu’ils sont potes et ont composé certaines chansons ensemble. Franchement bon, avec un frontman impressionnant, voir les poses iconiques sur les clichés pris, DARCY même si tu ne connais pas tu te plonges vite dans une musique rebelle et fédératrice, citons "Notre Hymne" plein de rage, ou les « La la la laaaa » de "Machine de Guerre". Un show d’une heure... très chaud !
Les Suisses CHAOSEUM arrivent non pas au son des cloches des vaches Milka, mais d’un metal industriel et syncopé. C’est une révélation que ce groupe avec ses musiciens grimés. Je découvre une formation à l’ampleur internationale, mariant dans sa modernité un metal kornien à travers "Unreal", du neo-gothique-core "Welcome Home" ou la profondeur d’un STONE SOUR sur "Until The End". Vraiment impressionnant, des guitariste qui décoiffent, dont un qui tombera d’ailleurs dans la fosse, sans bobo heureusement, un batteur martial et un frontman tout en joker rieur, et avec une gamme vocale très impressionnante. Plus d’une heure de metal atypique, un groupe à suivre...
Voilà BUKOWSKI, mastodonte de la scène heavy-rock française que l’on ne présente plus. Ouverture avec "NCFYK", tout en riffs heavy et planants, portés par une voix à la Mike Patton. Mais BUKOWSKI sait aussi s’énerver, comme avec le furieux "Carnivorous", ou plus encore avec un jouissif "Hazardous Créatures" que Corey Taylor aurait pu écrire pour STONE SOUR. Musiciens se lâchant littéralement, ils sautillent et groove sur la scène pour un public conquis jusqu’aux oreilles, le concert qui se joue devant nous est majestueux. Au terme d’une succession de morceaux de bravoure le groupe nous salue longuement avec "Breathing Underwater", langoureux et chaotiquement saturé. Pour mieux revenir avec "A New Sun", et poursuivre avec une brochette sonique et relevée, puis nous achever avec "Kozanowski". BUKOWSKI a peint son show d’une ampleur rock incroyable.
Le dernier groupe de la journée sera LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL. Excellente formation de stoner-rock, ou quand tu as presque plus besoin de fumer du cactus séché pour planer, le groupe vous fait voyager plus loin que vos rêves. Malheureusement je ne peux assister au show dans son intégralité, comme Cendrillon, mon carrosse doit partir avant de se transformer en citrouille. Reste les magnifiques photos à retrouver sur le site qui révèlent une ambiance digne d’Alice au pays des merveilles.
Ce fut une excellente soirée, gorgée de styles différents, mais surtout de talents indéniables. Bravo Cathy pour ce festival haut en couleurs, qui a su aboutir contre vents et marées.
Photos © Christian Ballard - Portfolio.