15 septembre 2023, 13:02

Corey Taylor

"CMF2"

Album : CMF2

Corey Taylor, le wonder boy chanteur de SLIPKNOT et de STONE SOUR, est de retour pour son deuxième album solo, « CMF2 ». Le premier, « CMFT », avait été une bonne surprise... hard. Qu'en est-il du second ?

Introduction western-rock acoustique avec "The Box", une ballade invitation façon BON JOVI, référence déjà présente il y a trois ans. On accélère le tempo avec "Post Traumatic Blues", une batterie et des guitares rageuses gorgées de hard rock eighties pour mettre en valeur l’excellente voix de Corey. Le refrain, excellemment fort et entêtant, ne dénoterait pas sur un album de STONE SOUR. Magnifique titre au solo héroïque pour exorciser tous les démons que le chanteur trimballe depuis son enfance. "Talk Sick" est plus punk'n'roll, plus personnel, avec cette rythmique "clap clap, tape dans tes mains" que Marty McFly aurait pu ramener de ses voyages. Corey Taylor a une culture impressionnante et fait siennes ses multiples influences. Il en résulte un joyeux bordel musical organisé. Adorable.

"Breath Of Fresh Smoke" marque le retour de l’amour du chanteur pour les cowboy songs, les guitares électriques, orgues Hammond et chœurs baignés de soleil couchant se marient à merveille dans une chanson très "Blaze Of Glory" où l'on entend l’âme de Layne Staley gonfler la mélancolie dans le chant de Corey. Puis "Beyond" alourdit l’ambiance dans un stoner survitaminé au refrain toujours captivant. Corey, je le hais autant que je l’aime, tellement il est doué pour nous toucher dans tous les styles et pour expliciter toutes nos douleurs intérieures. Toutefois je n'envie pas ses coupes de cheveux improbables au beau gosse...

Au menu, nous poursuivons avec un "We Are The Rest", un rock'n'roll revisité avec art. Rythme et soli de guitar-hero au service de sa voix passionnée et enragée. Joey Ramone approuverait. Un hit pour enflammer les foules lors des concerts. "Midnight" pose cette ambiance feutrée et intimiste semblable à un "Snuff", où violon et guitare s’étirent jusqu’à toucher l’infini à la façon d’un slow hard rock définitif. Infiniment et définitivement beau. "Starmate" démarre de façon similaire avant de s’emballer pour un rock'n'hard endiablé, voilà encore un album qui ne s’économise pas une seconde, et qui se gorge de « ho ho hooo » vous caressant l’âme avec sa nostalgique attitude.

Nous adorons Corey Taylor en mode acoustique et "Sorry Me" ne fera pas exception. Minimalisme musical pour transfigurer la voix sans pareil d’un chanteur tant au service de ses maux que de ses mots. On m’a dit que Lucifer en personne en a chialé dans son coin. "Punchline" essuie nos larmes avec la lourdeur de sa rythmique, la légèreté de son chant et l’électricité dans ses cordes malmenées. Belle transition. "Someday I’ll Change Your Mind" s’aventure vers une ode amoureuse au son pop rock, avec le retour des « ho ho hooo » plus efficaces qu’un baume apaisant. Grâce et volupté.

Dernière ligne droite avec "All I Want Is Hate". Scream et riffs d’une lourdeur étonnante, Corey Taylor veut en découdre avec ses démons. Ça se comprend. Voilà un morceau à réveiller les morts et à éveiller les vivants avec ses accélérations et décélérations impromptues. Quant "Dead Flies", c'est le rappel de l’amour du chanteur pour ALICE IN CHAINS, avec sa batterie obsédante et ses riffs grunge, ce morceau d’histoire musicale fait fleurir n’importe quel désert... rock.

Avec ce deuxième volet de ses aventures en solitaire, Corey Taylor vous offre en toute simplicité un monument de rock énervé, le tout baigné d’influences nineties autant que fifties. On a beau être exigeant au vu de son talent, il ne sait pas nous décevoir. Beau gosse mais artiste à nul autre pareille. Merci Corey !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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