Premier groupe de hard-rock et rock alternatif mexicain à s’exporter à l’international, THE WARNING est en train de gravir les échelons qui mènent au succès planétaire. Il faut dire que Daniela, Paulina et Alejandra ont tout pour réussir... A la fois talentueuses, bosseuses et charismatiques, les frangines Villarreal Vélez possèdent également ce "p’tit truc en plus" qui permet au power-trio de se mettre immédiatement le public dans sa poche. Profitant de leur passage en première partie d’Avril Lavigne au Festival de Nîmes, HARD FORCE est allé à la rencontre de Paulina, batteuse et chanteuse, qui s’est fait un plaisir de nous raconter comment son groupe en était arrivé là...
THE WARNING, c’est l’histoire de trois sœurs passionnées de musique, qui, il y a dix ans, ont décidé de monter un groupe de hard rock dans leur ville de Monterrey, une agglomération d’un million d’habitants située au nord-est du Mexique, à moins de 200 km de la frontière américaine. Et aujourd’hui, nous les retrouvons dans l’enceinte des Arènes de Nîmes, un site de concert atypique où les jeunes femmes viennent de terminer leur balance. « Tu te rends compte de la chance que l’on a de se retrouver à jouer dans des endroits chargés d’histoire comme celui-là ? attaque Paulina. D’avoir la chance de parcourir le monde depuis un an en famille... Mon père est notre manager, ma mère gère le quotidien, nous vivons tout cela ensemble et c’est carrément irréel ce qu’il s’est passé en à peine deux ans. »
La discussion vient à peine de commencer et déjà, on a capté que, dès leur plus jeune âge, Dany (24 ans), Pau (22 ans) et Ale (19 ans), ont été biberonnées au bon gros rock par leurs parents. Et effectivement, tout est parti de là ! « Mon père et ma mère ne sont pas musiciens, mais en revanche, ce sont de grands fans de musique, explique Paulina. A la maison, nous passions des soirées entières à mater des vidéos de concerts de QUEEN, Elton John, METALLICA, AC/DC, MUSE, PINK FLOYD... C’est comme ça qu’avec mes sœurs, nous avons commencé notre éducation musicale. Et puis un jour, ils nous ont offert le jeu vidéo “Rock Band”. On n’arrêtait pas et c’est vraiment à partir de là que l’envie de monter un groupe a germé dans notre esprit. »
« On peut dire que j’ai choisi la batterie grâce au jeu vidéo "Rock Band"... » - Paulina
D’excellentes bases, en effet, pour se faire une oreille et avoir envie de s’assoir derrière le piano qui trône au milieu du salon. C’est donc logiquement dessus que les trois sœurs feront leur premiers pas de musiciennes en prenant des cours dès leur plus jeune âge. Mais comment ont-elles choisi ensuite leur propre instrument ? « D’abord, il faut savoir que depuis le début, j’ai toujours chanté en jouant du piano ou de la batterie, explique Pau. D’ailleurs, la plupart du temps, c’est comme ça que je compose mes morceaux aujourd’hui. Pour revenir à la question, dès le début, quand nous jouions à “Rock Band”, c’est moi qui prenais la batterie... C’est comme ça que mon professeur de piano a décelé en moi un bon sens du rythme et une excellente coordination entre mes mains et mes pieds. Il m’a alors demandé si ça me brancherait d’essayer sur un vrai kit. Comme Dany s’était déjà mise à la guitare et qu’elle semblait douée pour cet instrument, je me suis dit : “Pourquoi pas ?”. J’avais 6 ans à l’époque, donc tu vois, ça fait pas mal de temps que je joue ! On peut donc dire que j’ai choisi la batterie grâce à ce jeu vidéo. Et enfin, pour Alejandra, la basse étant le seul instrument d’un power trio de rock qu’elle n’avait jamais vu entre nos mains, elle a décidé de prendre celui-là. Mais à l’époque, nous n’avions pas encore pensé à former un groupe ensemble. Jouer dans un groupe, oui, mais pas toutes les trois. Ça, c’est venu un peu plus tard. »
Premiers pas en tant que groupe
Bien sûr, une fois la petite Ale en mesure de tenir une basse plus grande qu’elle entre ses mains, la question de monter un groupe en famille ne s’est même pas posée et c’est naturellement que le power trio d’adolescentes a commencé à répéter de plus en plus sérieusement... en se mettant également toutes les trois à chanter. « Mon prof de piano nous a toujours forcé à chanter en même temps que nous jouions. C’était son exercice favori pour travailler l’indépendance et la coordination, explique la batteuse. Ça nous a énormément servi ensuite et, toute petites, nous avions l’habitude de chanter ensemble à tue-tête partout dans la maison... et pas seulement sous la douche (rires). Mais ce n’est que plus tard, en composant nos premiers morceaux, que chanter est apparu comme une évidence. A force de travailler le chant pour une meilleure maîtrise de nos instruments, nous sommes devenues hyper à l’aise avec nos voix, alors on s’est dit : “Et si nous nous mettions VRAIMENT à chanter ?”. C’était tellement naturel pour nous, presque magique dès les premières répétitions, que la question ne s’est jamais posée d’avoir quelqu’un d’autre au micro. »
« A force de travailler le chant pour une meilleure maîtrise de nos instruments, nous sommes devenues hyper à l’aise avec nos voix. » - Paulina
Au départ, comme tout bon groupe de hard rock qui se respecte, THE WARNING interprète un maximum de reprises, allant d’AC/DC à Ozzy Osbourne, en passant par MUSE ou METALLICA. C’est la meilleure façon de se faire la main sur scène et de se faire connaître en jouant des morceaux connus. « Ça nous a énormément appris, précise Pau. On jouait tout le temps ensemble, à la maison surtout, mais aussi sur des petits concerts improvisés. C’est clair qu’avec tout ça, nous avons chopé un maximum d’automatismes et que nous avons énormément progressé – à la fois personnellement, mais peut-être encore plus en tant que groupe. Nous ne pensions pas du tout à la suite. Nous vivions l’instant présent avec toute l’insouciance des enfants que nous étions. C’était des moments de pur bonheur. Au tout début, nous n’avions pas du tout l’ambition de sortir des disques ou de partir en tournée. Et puis les circonstances ont fait que... »
"Enter Sandman"
Alors que le groupe commence à sonner de mieux en mieux en jouant – entre autres – devant les élèves de leur collège à Monterrey, en 2014, les petites décident d’enregistrer en vidéo le morceau “Enter Sandman” de METALLICA. Dans leur local de répét’, sans prétention, comme ça, juste pour le fun. Mais voilà, ça prend des proportions incroyables... « La vidéo est littéralement devenue virale et nous nous attendions à tout sauf à ça, explique-t-elle. C’est une chose de reprendre “Enter Sandman” dans son garage et c’en est une autre de se retrouver avec des millions de personnes qui t’ont vu le faire ! METALLICA a partagé la vidéo, Kirk Hammett a fait des commentaires élogieux... C’était hallucinant. Nous étions de jeunes adolescentes et sur le coup, nous n’avons pas vraiment réalisé ce qu’il nous arrivait. Genre : “Oh cool, on fait des interviews maintenant”. Heureusement, nos parents étaient là pour faire retomber la pression et gérer les nombreuses sollicitations qui ont suivi cette période particulière de notre enfance. On a de la chance de les avoir à nos côtés au quotidien. »
Aujourd’hui, la vidéo dépasse les 25 millions de vues. C’est clairement ce qui a permis à THE WARNING de commencer à se faire un petit nom dans le monde entier... et, par la même occasion, de placer le Mexique sur la carte des pays capables d’engendrer un groupe de hard rock. Pas mal pour des gamines de 9, 12 et 14 ans, non ?
« C’est une chose de reprendre “Enter Sandman” dans son garage. C’en est une autre de se retrouver avec des millions de personnes qui t’ont vu le faire ! » - Paulina
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. « Un jour, nous avons reçu un e-mail du management de METALLICA qui nous proposait de participer à l’album de reprises « The Metallica Black List » (NDJ : sorti en septembre 2021 dans le cadre du 30e anniversaire de « Metallica »), se souvient la batteuse. On se pinçait toutes les trois pour vérifier que ce n’était pas un rêve ! En plus, il y avait une certaine pression à reprendre l’un des plus grands standards du heavy metal... La première fois, nous étions si jeunes que nous étions déjà bien contentes de jouer à peu près correctement le morceau original. Mais là, il n’était pas question de recommencer la même chose. Nous tenions vraiment à enregistrer une version qui nous ressemblait... Seulement voilà, nous étions en pleine pandémie et nous n’avions qu’une petite semaine pour tout faire, arrangements, enregistrement et mixage compris ! J’avoue qu’on a eu un petit coup de pression, mais finalement ça s’est bien passé. Alessia (NDJ : Cara, une chanteuse pop canado-italienne) faisait déjà parti du projet et comme elle se sentait plus à l’aise pour reprendre du METALLICA avec un groupe de hard rock, nous avons bossé ensemble pendant toute une journée pour accoucher du morceau qui figure sur la compilation. Dans la foulée, nous avons aussi tourné le clip à Mexico – encore une nouvelle expérience artistique marquante pour nous trois – et hop, l’histoire était pliée. Le résultat est sympa, ça sonne bien et on peut dire que nous avons plutôt bien assuré sur ce coup-là. Et puis n’oublions pas non plus qu’à la base, le projet a permis de défendre une bonne cause (NDJ : la moitié des recettes a été versée à la All Within My hands Foundation de METALLICA, l'autre moitié étant donnée à une association caritative choisie par le groupe). »
Et pour clôturer le chapitre “Enter Sandman”, rajoutons qu’au printemps 2015, le succès incroyable de la reprise a donné l’occasion à THE WARNING de participer à l’émission télévisée “The Ellen De Generes Show”, à la suite de laquelle, grâce à des dons, les trois sœurs décrochent un stage d’été de cinq semaines au fameux Berklee College of Music de Boston... De quoi renforcer encore un peu plus leur bagage musical et les conforter dans l’idée qu’elles sont faites pour ça.
Le temps de l’écriture
Mais oublions un peu les reprises et revenons plutôt sur les vrais débuts du groupe en tant que tel et les premiers pas des filles Villarreal Vélez en tant qu’autrices, compositrices et interprètes. « Même si nous n’en avons jamais réellement parlé entre nous et qu’il n’y avait aucun plan de carrière de notre côté ou de celui de nos parents, il ne faisait aucun doute que nous avions le rock dans le sang, reconnaît Paulina. On allait monter un groupe et en plus, on allait le faire ensemble. On ne s’est jamais posé de questions. C’était naturel de tout donner pour le groupe et de voir ensuite où ça nous mènerait. Nous avons donc commencé à écrire des chansons, à les répéter et à nous enfermer en studio pour les enregistrer. C’est ainsi que nous nous sommes développées petit à petit en tant qu’artistes et musiciennes. » Il faut dire que le processus a débuté il y a neuf ans et qu’à l’époque, Dany, Pau et Ale n’étaient que des enfants qui ont dû apprendre énormément de choses par elles-mêmes, en pures autodidactes. Et de posséder, à 20 ans, une expérience de la scène et des studios digne de musiciens nettement plus âgés.
« Nous avons très rapidement ressenti une énorme force quand nous étions sur scène toutes les trois. » - Paulina
« Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain et nous avons beaucoup appris de nos erreurs, se souvient Paulina. Dès les débuts du groupe, quand nous jouions des reprises à la fête de l’école ou pour animer la soirée de Noël, notre but était de composer nos propres morceaux. J’adore MUSE – c’est certainement eux qui m’ont le plus influencée – et reprendre leurs chansons est un vrai kif, mais ça n’a rien à voir avec l’expérience extraordinaire de présenter au public quelque chose de personnel. Un truc qui vient de nous trois et qui représente ce que nous étions au moment où ça a été écrit... C’est une sensation extrêmement puissante de jouer sa musique devant des gens, surtout du rock ou du hard rock et plus particulièrement en ayant eu la chance de le faire aussi jeunes. Nous avons très rapidement ressenti une énorme force quand nous étions sur scène toutes les trois. D’ailleurs, quand je t’ai dit que j’étais fan de MUSE, c’était vrai, bien sûr, mais celles qui m’inspirent le plus, en réalité, ce sont mes sœurs... Nous sommes carrément fans les unes des autres et c’est ce qui nous pousse à nous surpasser pour être à la hauteur ! Et puis à 12-13 ans, forcément, nos profs et notre entourage proche ont joué aussi un grand rôle pour nous inspirer et nous aider à mûrir en tant que musiciennes. »
C’est effectivement une expérience que peu de groupes ont eu l’occasion de vivre... Mais aujourd’hui et plus particulièrement pour « Keep Me Fed », leur quatrième album sorti fin juin, comment s’est passé la période d’écriture ? « Généralement, et cela depuis les premières compos, nous écrivons au piano. Dans mon cas, la plupart du temps, je trouve une mélodie, je chante dessus et je le fais écouter à mes sœurs. Si ça leur plaît, on commence à travailler sur quelques arrangements et on se met chacune à notre instrument pour voir ce que ça donne en live. Nous sommes un vrai groupe de scène et nous considérons que si ça sonne au local, juste à trois, c’est qu’il y a quelque chose. Mais sur le nouvel album, nous avons commencé à travailler avec d’autres personnes et je dois avouer que c’était une super expérience. On arrivait avec un couplet, un refrain ou juste un riff et on le présentait à quelqu’un d’extérieur au groupe qui était là pour nous aider. Pas pour nous influencer ni pour dénaturer ce que nous sommes, mais vraiment pour nous donner des conseils qui pourraient mettre la chanson en valeur. De toute façon, au bout du compte, s’il faut trancher, c’est notre avis qui l’emporte. Ça a toujours été très clair. Mais je pense que c’était le bon moment pour nous d’avoir cette approche. Ça nous a obligé à davantage de rigueur et à ne pas partir dans des directions inutiles. En gros, nous étions là pour bosser en étant concentrées à 100 % sur ce que nous voulions mettre sur cet album. »
Premières parties et premières tournées
Avant d’aller jouer en dehors du Mexique, THE WARNING a eu la chance de pouvoir ouvrir pour de nombreux groupes de renom dans leur ville de Monterrey ou même à Mexico. On peut citer DEF LEPPARD, MUSE, GUNS N’ ROSES ou FOO FIGHTERS. Des concerts qui ont permis au trio de se faire connaître par un public plus vaste dans leur propre pays, mais également aux USA et en Europe. Et à chaque fois, l’accueil a été plus que chaleureux. « A partir du moment où on s’est lancées dans la course, nous nous sommes dit que tant qu’à faire ce job, autant le faire bien, assume-t-elle. Nos parents nous ont toujours dit qu’il fallait travailler sérieusement sans se prendre au sérieux. En plus, nous ne sommes que trois sur scène et il ne doit y avoir aucun temps mort pendant nos prestations. Nous avons l’habitude de tout donner avec des morceaux plutôt courts et percutants et je pense que ça se voit. Pour accrocher les fans, il faut se connecter à eux et ça fait dix ans que nous travaillons dans ce but. On répète, on joue énormément pour maîtriser nos morceaux à mort et ne plus avoir, sur scène, qu’à se concentrer sur cette connexion. Apparemment, ça marche, le public s’en rend compte et je pense que c’est pour ça que l’on arrive à les embarquer la plupart du temps – y compris lorsque nous ouvrons pour des mégastars du rock ou du hard rock et que les fans, à la base, ne sont vraiment pas là pour nous. » Et dans les Arènes de Nîmes, en première partie d’Avril Lavigne, comme d’habitude, les filles ont mis le public dans leur poche !
« Sur scène, nous avons l’habitude de tout donner et je pense que le public le ressent. » - Paulina
Et ça ne date pas d’hier. « Notre premier concert en dehors du Mexique était aux USA, se remémore Pau. Je crois bien que c’était en 2016, quand nous avons passé plusieurs semaines au Berklee College of Music. Nous avons eu l’occasion de jouer quelques fois là-bas. Mais autrement, si l’on parle de tournée, ce n’est pas si loin, ça remonte seulement au printemps 2022 et c’était aussi aux Etats-Unis. 24 shows en 30 jours. Vraiment intense pour un début ! C’était tout nouveau pour nous, mais aussi pour l’équipe qui nous accompagnait. Nous avons été jetées dans le grand bain sans savoir vraiment nager et nous avons tous beaucoup appris sur la vie en tournée. Les salles de tailles différentes, le merchandising, la vie sur la route, partager un bus avec un minimum d’intimité, parler une autre langue au quotidien... A la fin, j’étais complètement rincée. Mais ça nous a forgé le caractère, car aujourd’hui, faire 20 dates en 40 jours, même avec le décalage horaire et en changeant de continent, c’est du gâteau pour nous (rires) ! Une fois que tu sais comment ça marche, ton cerveau et ton corps savent à quoi s’attendre et c’est plus facile de s’adapter... En tournée, il y a beaucoup de temps morts, parfois les trajets sont longs, tu ne manges pas comme tu veux et tu dois partager un bus où il n’y a pas de douche et seulement un seul WC pour 15 personnes. En tant que fille, il faut être prête à ça. Heureusement, on peut dire qu’on voyage quasiment en famille et c’est plus facile.
Quand j’y pense, ça me fait un peu bizarre d’avoir la chance de parcourir le monde en jouant notre musique tout en découvrant des ambiances et des cultures différentes, avoue-t-elle. C’est un tel honneur et une telle joie que nous avons souvent l’impression de vivre un rêve éveillé. Surtout à 20 ans, ce n’est quand même pas donné à tout le monde... Bien sûr, lorsque tu passes du Japon aux USA, puis à l’Europe en une semaine – comme c’était le cas au mois de juin –, tu ne sais plus trop où tu habites ! C’est crevant, mais tellement intense en même temps. Nous n’osions pas imaginer vivre ça aussi rapidement et que ça se produise alors que ma petite sœur n’a encore que 19 ans, tu imagines la chance qu’on a ! Parfois, quand tout s’enchaîne aussi vite, tu es pris dans un tourbillon et tu as l’impression que, finalement, tout cela est normal. Mais dès que tu te poses un peu et que tu réfléchis à ce qu’il t’arrive, c’est là que tu apprécies les choses à leur juste valeur. »
A propos du nouvel album...
« Comme je le disais tout à l’heure, après quatre albums et deux EP en moins de dix ans, nous avions besoin d’évoluer, explique-t-elle. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé aux personnes qui ont collaboré à « Keep Me Fed » – Dan Lancaster et Anton Delost, le producteur, en tête – de nous pousser à explorer de nouveaux univers et à nous remettre en question pour éviter de reproduire trop facilement les mêmes gimmicks. Nous voulions rester nous-mêmes, mais en bouleversant un peu l’ordre établi... Se retrouver toutes les trois dans une pièce avec de nouveaux visages qui exprimaient de nouvelles idées nous a fait du bien. C’est ce qui fait que le dernier album est plus riche. Tout en restant proche de ce que le public aimait déjà chez nous sur les disques précédents. Je dirai que c’est toujours un travail d’équipe, mais avec davantage de joueurs (rires) ! »
Cependant, avec un calendrier 2023 super chargé et des concerts partout dans le monde, les filles ont vraiment dû se concentrer sur l’écriture pendant les quelques temps morts qui se présentaient au milieu des tournées. « Nous avions de courtes périodes d’une semaine ou deux pour composer avant de repartir sur la route, continue-t-elle. Parfois, on enregistrait aussi deux ou trois morceaux dans la foulée et on se donnait rendez-vous deux mois plus tard pour la suite... C’était un peu décousu, mais nous n’avions pas le choix. Au final, je trouve qu’on s’est plutôt bien débrouillées. Et puis c’est aussi ce qui nous a permis de proposer régulièrement quelques titres en vidéo avant la sortie de l’album. Certains, comme “MORE” ou “S!CK”, étaient mixés et masterisés au fur et à mesure, alors on en a profité. Aujourd’hui que l’album est dans les bacs, j’avoue que nous sommes très fières du résultas et pressées de présenter les nouvelles chansons au public. C’est d’ailleurs pour cela que ce soir (NDJ : entretien réalisé à Nîmes le 10 juillet), nous allons en profiter pour inclure deux titres que nous n’avons jamais joués (“Satisfied” et “Consume”...). »
Quant au message que véhiculent les morceaux de « Keep Me Fed » et sa pochette “orgiaque”, la batteuse/chanteuse n’y va pas par quatre chemins et fustige un monde qui en veut toujours plus... « L’image principale de l’album montre une scène remplie d’excès, explique Paulina. Et nous sommes aussi des actrices de ces excès. Il y a trop de tout sur cette table et des gens à l’aspect très respectable consomment bien plus que ce dont ils ont réellement besoin pour vivre. C’est pour ça que nous sommes montées dessus et que nous essayons de stopper – ou du moins de ralentir – cette orgie. Mais au bout du compte, c’est triste à dire, nous y participons quand même. Nous sommes nous aussi à cette table. Cela représente ce que nous vivons au quotidien et ce que nous tentons de combattre à notre petit niveau. »
« Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est basé sur la consommation à outrance et avec mes sœurs, ça nous choque. » - Paulina
Comme beaucoup de jeunes de sa génération, on sent bien Paulina très concernée par le gaspillage monumental qui existe dans un monde ou certains ont trop et d’autres rien... « Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est basé sur la consommation à outrance et avec mes sœurs, ça nous choque, conclut-elle. On n’en a jamais assez... Le problème, c’est que nous aussi, nous faisons partie de tous ces surconsommateurs... Alors nous essayons de faire au mieux pour continuer à jouer, à tourner, à nourrir l’esprit de notre public, mais en essayant de gaspiller le moins possible et de réduire au maximum notre empreinte carbone. Seulement, je suis bien consciente que c’est un cercle vicieux et que nous faisons partie du monde que nous critiquons. C’est un cruel dilemme. Je ne me vois pas arrêter de tourner, j’aime trop ce que fais, seulement je n’oublie pas que nous devons faire notre part aussi pour préserver notre planète et être le plus écoresponsables possible. »
En attendant, le futur de THE WARNING s’annonce radieux, avec un calendrier de plus en plus rempli pour 2025, qui les verra, entre autres, revenir en Europe en tête d’affiche dans des salles de renom d’une capacité assez considérable... Ce sera d’ailleurs le cas en France, à l’Olympia, le 14 avril. Après 10 ans de travail acharné et un beau coup de pouce du destin, les trois sœurs semblent en passe de récolter le fruit de leur labeur. Mais ça, nous aurons largement l’occasion d’en reparler !