27 septembre 2023, 23:59

WHILE SHE SLEEPS + BURY TOMORROW + POLARIS

@ Paris (Le Bataclan)

C’était LA soirée à laquelle tout fan de metalcore se devait de participer. Ce mercredi 27 septembre 2023, Le Bataclan à Paris accueille trois groupes aussi formidables qu’incontournables : WHILE SHE SLEEPS, BURY TOMORROW et POLARIS. Et si la tristement célèbre salle affiche complet ce soir, ce n’est que justice. On s’attend à vivre un moment exceptionnel et l’on ne sera pas déçu. Alors on supporte vaillamment les deux heures de bouchons pour se rendre dans la capitale, où la circulation s’avère de plus en plus compliquée, l’excitation se chargeant de nous maintenir en alerte. Le seul petit "détail" que nous n’avions pas prévu est la température étouffante qui nous attend...

Dans la ville, le thermomètre affiche encore 29°C à 18h00, mais ce n’est rien comparé à la fournaise qu’il nous faudra affronter dans les heures qui viennent. Comme il nous est impossible d’arriver plus tôt à cause de ces satanés bouchons, nous prenons place contre la rambarde qui encercle la fosse, à défaut de pouvoir nous rapprocher de la scène. Mais bien nous en a pris, au vu de la chaleur qui ne fera que s’accentuer tout au long des concerts. La foule est en effet bien compacte alors qu’à 19h00 pétantes s’éteignent les lumières et arrivent les Australiens POLARIS. Très attendus, le quintet de Sydney, marqué par le décès de son guitariste Ryan Siew fin juin et dont le troisième et très bon album, « Fatalism » est sorti début septembre, dispose d’un capital sympathie décuplé.


Dès les premières notes de "Nightmare", le public est chauffé à blanc et s’agite dans une joie et une énergie contagieuses, en sautant, hurlant et pogotant à qui mieux-mieux. Et l’on se dit que si ça commence comme cela, la soirée risque d’être particulièrement réussie. Malgré un son très fort, mais un peu brouillon, on admire la dextérité des musiciens et les voix des deux chanteurs, Jamie Hails, préposé au chant saturé, et Jake Steinhauser, en charge des voix claires. Ce dernier montre une capacité à atteindre des notes haut perchées avec une aisance remarquable et fait l’unanimité dans mon entourage. Si le groupe ne dispose que de 30 minutes, il ne lui aura fallu que 30 seconde pour convaincre. Piochant à part égales dans ses deux derniers albums, il nous offre six morceaux, dont les excellents "Martyr" (« The Death Of Me » - 2020), dédié à son défunt guitariste, ainsi que "Dissipate" et "Inhumane" (« Fatalism » - 2023) qui clôt ce show impeccable. POLARIS quitte la scène sous les ovations explosives des spectateurs.


Nous avons déjà chaud, mais nous ne savons pas encore que le pire est à venir. En effet, point de climatisation ni de ventilation dans la salle et la température montre de plusieurs dégrés au fur et à mesure de la soirée. Le sol se retrouve maculé par la condensation qui s’accumule et le rend glissant comme une patinoire. Cependant, le public ne se fait pas prier pour effectuer circles-pits et walls-of-death à la demande des groupes, pour s’époumoner sur les refrains et claper dans ses mains en cadence. Ainsi, BURY TOMORROW investit la scène en territoire conquis d’avance. Il faut dire que le groupe des frères Winter-Bates est rodé à l’exercice du live depuis de nombreuses années et la puissance dégagée par le sextet est impressionnante. Muni de leur superbe dernier album, « The Seventh Sun » (2023), les musiciens nous déploient des trésors de mélodicité et d’agressivité au sein d’une set-list imparable qui les voit décocher tube sur tube. Le son est toujours excessivement fort, mais plus net. Petite remarque à ce sujet, le volume est tellement élevé que l’on est constamment dans la saturation, et malgré les protections auditives, c’est à la limite du supportable. Et il en sera de même pour tous les groupes.


Première giga-claque avec "Boltcutter", suivi d’un "Black Flame" toujours aussi percutant. "Abandon Us" et "Heretic" déboulent à 200 kilomètres à l’heure. Seul regret sur cette dernière : que Lawrence "Loz" Tayor, hurleur de WHILE SHE SLEEPS, ne soit pas intervenu sur son passage, comme sur l’album. Pourtant, c’était l’occasion rêvée ! Mais Dani Winter-Bates et Tom Prendergast, qui remplace admirablement l’ancien guitariste et chanteur Jason Cameron, se suffisent à eux seuls. En effet, les growls robustes de Dani se mêlent à merveille à la voix chaude et claire de Tom, qui, non content de chanter, assure aussi claviers et percussions. Rythmique en béton également du côté de Davyd Winter-Bates (basse) et Adam Jackson (batterie) quand les guitares de Kristan Dawson et Ed Hartwell assènent des riffs et soli de toute beauté. "Canibal" et "Choke" nous mettent encore un uppercut en pleine gueule. Après un court laïus très humaniste qui recueille l’adhésion du public, Dani nous remercie chaleureusement et reçoit en retour des applaudissements soutenus, puis nous annonce le dernier morceau, "DEATH (Ever Colder)", qui porte bien son nom et finit de nous achever. Prestation cinq étoiles pour un groupe haut de gamme qui commence enfin (mieux vaut tard que jamais !) à se faire une place en France. Si vous avez l’occasion de passer à Paris le 23 janvier 2024, surtout ne ratez pas le retour du groupe en tête d’affiche au Trabendo !


Il fait environ 35 degrés lorsque BURY TOMORROW sort de scène. Le thermomètre va exploser d’au moins 10 degrés supplémentaires pour WHILE SHE SLEEPS. Impression de suffocation dans le cœur d’un volcan en fusion, qui va tout de même nous pomper notre énergie, nous scier les jambes et gâcher une partie du plaisir d’assister à cette soirée mémorable... Pendant le concert de WHILE SHE SLEEPS, le public, pourtant déchaîné, va montrer quelques signes de faiblesse et les musiciens eux-mêmes souffrent de cette atmosphère étouffante. Ces derniers ne vont pourtant pas s’économiser et nous offrir un florilège de morceaux issus de leurs cinq albums, dont les rarissimes "Our Legacy" tiré de « Brainwashed » (2015) et "Our Courage, Our Cancer", ainsi que "Seven Hills" de « This Is The Six » (2012). Même si ce choix s’est fait parmi les chansons les plus mélodiques des deux premiers album du groupe, on goûte le plaisir de pouvoir les réentendre sur scène alors qu’elles n’avaient plus été jouées depuis des lustres. Si le dernier album un brin inégal, « Sleeps Society » (2021) nous avait laissé un peu sur notre faim, il faut avouer que le groupe possède un panel de tubes assez impressionnants : "The Guilty Party", "You Are We", "Four Walls", "Haunt Me", "Systematic", "Anti-Social" et, bien évidemment, l’incontournable "Silence Speaks" qui voit Dani Winter-Bates revenir sur scène pour interpréter magistralement la partie d’Oliver Sykes (BRING ME THE HORIZON). Et nous avons droit également au dernier single, "Self Hell", très dansant, et que l’auditoire connaît déjà par cœur.


La scénographie est superbe : le groupe évolue sur une structure à étage avec un escalier central et des plateformes en hauteur, dont l’une est occupée par le batteur Adam "Sav" Savage. Hélas, les éclairages, pourtant d’un bel effet, prenant souvent les musiciens à contre-jour, on aperçoit à peine ce dernier. Ce qui est fort regrettable compte tenu de sa performance époustouflante jamais prise en défaut, et ce, malgré le rythme soutenu du concert et la moiteur de la salle. Il faut aussi souligner que WHILE SHE SLEEPS possède l’un des meilleurs et des plus créatifs guitaristes de la scène metalcore en la personne de Sean Long, qui distille des mélodies et soli ébouriffants, avec une dextérité incroyable. Présence discrète malgré les couleurs fluo de ses guitares, mais néanmoins absolument indispensable. Le bassiste et le guitariste Mat Welsh sont, eux, en charge de la rythmique carrée du set. Mat offre également un soutien vocal non négligeable à Loz Taylor (chant), qui va rapidement montrer des signes de fatigue dus à la température, mais se jette néanmoins dans l’arène corps et âme. En effet, on le voit crapahuter sur les barrières de sécurité pour s’adonner au crowd-surfing, tout en continuant de chanter, ou encore, faire le tour extérieur de la fosse, à la grande surprise de certains spectateurs qui n’ont même pas remarqué que le chanteur est descendu de scène. Mais à ce stade (on arrive presque à la fin du concert), on constate des signes de faiblesse de la part du frontman, qui prend du temps entre les chansons pour reprendre son souffle dans cette ambiance suffocante. Du côté du public aussi, même si la fosse est toujours remuante, on essaie de s’économiser un peu pour arriver jusqu’au bout sans tomber.  

Les trois derniers morceaux du rappel voient le groupe et l’audience jeter leurs dernières forces dans la bataille. C’est sur un "Anti-Social" au paroxysme de l’énergie et de l’épuisement que ce conclut ce show mémorable et l’on ne peut qu’admirer tous les musiciens ainsi que le public présents ce soir pour avoir fait de cette soirée un moment inoubliable, tant par la folie qui régnait que par les conditions difficiles. Lessivés, lorsque les portes s’ouvrent et que l’on respire l’air de la nuit parisienne, nous sommes pourtant sur un nuage, conscients d’avoir vécu une soirée à marquer d’une pierre blanche.

Photos © Axelle Quétier | Portfolio

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Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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