15 mai 2024, 23:59

TENACIOUS D

@ Paris (Accor Arena)

Moins d’un an après la messe donnée au Hellfest 2023, Jack Black, son acolyte Kage et leur groupe sont de retour en France pour leur (seulement) quatrième show sur nos terres. Si le set n’est rien de plus qu’un copié-collé de la prestation clissonaise, à un titre et une courte reprise près, le "D" a régalé un public conquis, qui lui a offert un triomphe incontestable. Retour sur une soirée qu’il ne fallait pas manquer.
 


Difficile de trouver une première partie adéquate pour accompagner TENACIOUS D sur scène : c’est encore confirmé ce soir, avec la venue de CRUSADE. Le groupe offre un hybride purement 'ricain de stoner et rock progressif, mêlant habilement des riffs à la QUEENS OF THE STONE AGE et des vocaux parfois dignes de l’OST punk à roulettes d’un jeu Tony Hawk des années 2000. Cette description montre d’emblée le décalage à attendre avec le monde fou de Jack Black...

Malgré un démarrage avec quinze minutes de retard, le duo entre dans le vif du sujet instantanément. Le son est incroyablement massif, principalement grâce aux effets utilisés par le guitariste pour doubler ses lignes en lieu et place d’une basse absente. La batterie est propre, et les voix bien mixées - en revanche on peut regretter le jeu parfois approximatif du batteur, dont les glissements rythmiques gênent ici ou là.


Forts d’un album « Origins » paru il y a moins de 3 semaines, les deux comparses offrent un total de 7 titres bien homogènes, peut-être même trop. Car si les riffs font taper du pied, tous se ressemblent, et aucun ne propose de vraie bifurcation d’ambiance. Malgré tout, le public enthousiaste encourage le Américains, jusqu’à l’arrivée de Kyle Bass himself pour chanter un titre. Place maintenant "à la vraie fête" !

Donnant au public le temps d’aller se désaltérer, ou de se procurer des articles de merchandising à un tarif exorbitant, TENACIOUS D arrive également sur scène avec quinze minutes de retard. Celles-ci sont vite oubliées, tant les 90 minutes à venir seront intenses et délectables. En effet, les hits s’enchaînent d’entrée de jeu, avec un "Kickapoo" repris à gorge déployée par tout un Bercy survolté, et suivi par une première ovation mémorable.
Rares sont les groupes anglophones à voir leurs fans français aussi au point sur les paroles, et cela change littéralement l’ambiance du concert. Les titres de « Pick Of Destiny » sont bien entendus à la fête, avec "Dude (I Totally Miss You)", un "Master Exploder" mémorable, ou encore l’indispensable et jouissif "Beelzeboss", véritable point culminant de la soirée. On aurait pu souhaiter plus de titres tirés du film, mais ils laissent leur place quasi exclusivement à d’autres hits : "Tribute", "The Metal", "Roadie", "Fuck Her Gently"... Rien ne manque à l’appel !


Au rang des reprises, "Wicked Game" fait toujours son petit effet, en mettant en avant les capacités vocales hors du commun de Jack Black. Le titre est d’ailleurs l’occasion pour le public d’offrir au groupe une standing ovation interminable, comme on en voit rarement. Néanmoins, c’est bien le début du rappel sur "Baby One More Time" de Britney Spears - et enregistrée à la base pour la B.O. de Kung Fu Panda - qui affole les compteurs. Bercy devient fou, et soulève de vraies questions philosophiques. Si les métalleux n’aiment pas la pop commerciale, pourquoi sont ils aussi survoltés en entonnant la reprise ? Si le titre leur plait ainsi, qu’est-ce qui les dérange dans la version originale ? L’important est-il parfois plus l’interprète que la composition ? Des interrogations bien sûr provoquées sciemment par le D, toujours déterminé à faire réfléchir son public...


Si la set-list est peu aventureuse par rapport à ce qu’on a pu voir sur le reste de la tournée, l’énergie du groupe et son humeur potache et souriante sont les vraies gagnantes de la soirée. Les running-gags déjà vus, mais toujours aussi plaisants, s’entrecoupent de blagues plus spontanées qui font toujours mouche. Quel plaisir de voir Jack réclamer un élastique à son roadie, qui vient lui attacher les cheveux (« how do you say springy in French? »), pour ensuite se lancer dans une imitation de Steven Seagal. Sur le podium des gimmicks qui fonctionnent toujours autant figurent dans le désordre : la démission de Kyle qui quitte la scène en montrant son arrière-train, le solo de saxophone géant du même Kage en réponse au "Sax-a-Boom" de Jack, et enfin le fil rouge du technicien pyro incompétent. Ce dernier permet un fil rouge qui déclenchera des éclats de rire tout le long du show, quand les flammes apparaîssent à contre-temps ou au pire moment.


L’heure et demie de show sera passée très vite, grâce à l’enchaînement imparable de tubes, au son excellent, et à la bonne humeur communicative du groupe. On pourrait regretter les solos un peu trop longs et sans saveur lors de la présentation des musiciens accolée à "Double Team"... mais ce sera cracher dans la soupe. En effet, Jack Black est apparu ce soir comme érigé au rang de dieu par ses fans français, et a prouvé qu’il ne perd rien de sa superbe au fil des ans. Espérons donc un retour prochain, avec pourquoi pas une date hors de la capitale pour ratisser encore plus large ? You guys rocked our socks off !


Photos © Céline Kopp - Portfolio

Set-list :
01. Kickapoo
02. Low Hangin' Fruit
03. Rize of the Fenix
04. Wonderboy
05. Tribute
06. Video Games
07. The Metal
08. Sax-a-Boom / solo "Max-a-Boom" par Kyle
09. Roadie
10. Dude (I Totally Miss You)
11. Wicked Game (reprise de Chris Isaak)
12. Beelzeboss (The Final Showdown)
13. Double Team + présentation du groupe avec un extrait de  "Michelle" des BEATLES
Rappel :
14. Baby One More Time (reprise de Britney Spears)
15. Master Exploder
16. The Spicy Meatball Song
17. Fuck Her Gently
 

Blogger : Régis Peylet
Au sujet de l'auteur
Régis Peylet
La petite trentaine, passionné de musique, après avoir longtemps écrit chroniques, interviews et couvertures de concert pour des confrères, Régis s'est lancé dans la photographie il y a quelques années, lui permettant de mieux s’exprimer et de capturer les émotions qui connectent les artistes et leur public.
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